19.2.10

Cercle Bourbonnais

Il y a 8o ans, on trouvait sur les cours à Moulins, un petit cercle qu’on nommait Caboulot. Ses membres étaient gais et jeunes ; leur tendant à augmenter, un groupe d’intéressés dont faisait partie mon beau-frère Clayeux décida d’en fonder un plus important, et pour ce faire, acheta sur le cours dans l’angle face à la préfecture un vaste terrain et y jeta les fondations d’un splendide hôtel ; au rez -de -chaussée surélevé, une importante terasse sur laquelle donnaient de plein pied les salons et la salle de lecture ; au premier, plusieurs chambres à coucher destinées à recevoir les membres de passage. Le moment le plus brillant du cercle était l’époque des courses auxquelles tous les châtelains des environs ne manquaient de venir en grand nombre. Le duc de Castries avait son écurie d’entraînement dans le voisinage, et pendant plusieurs années, il vint voir ses chevaux sur le champ de courses, accompagné de son beau-frère le Maréchal de Mac Mahon. Ces jours-là, le cercle avait table ouverte, et après les bons dîners où chacun payait écot, la terrasse se remplissait , et une foule de Moulinois l’entourait pour entendre la musique et les fanfares de trompes des gentlemen et des piqueux. Dans les salons, le Baccarat faisait rage, on dit même qu’une belle nuit, le Maeréchal qui logeait au cercle s’étant levé de bonne heure pour assister à la messe de 7 heures, en traversant le salon de jeu, il y avait vu son fils avec trois autres jeunes gens taquinant encore la dame de pique. Quant le Comte de Bourbon Busset était président du cercle, les membres de la commission décidèrent de donner un bal où ils invitèrent leurs parents et amis. Cette fête eut un plein succès. J’eus le plaisir d’y assister et de faire danser ma belle-sœur Aline, dont la toilette fut très remarquée.

Plus tard, quand le Comte de Durat devint Président, les chasseurs du pays et lui-même résolurent de donner un dîner en l’honneur du vieux disciple de St Hubert qu’était René Clayeux. A la date fixée, un bon nombre d’amis se trouva réunis dans la salle à manger du cercle, leur benjamin de l’époque, Armand de Montlivault prit la parole au dessert et dans un discours plein de finesse se fit l’interprète de tous les veneurs pour dire à leur doyen, tout le plaisir qu’ils avaient de le voir au milieu d’eux aussi gai, aussi jeune, et toujours aussi accueillant. Un officier du régiment de cavalerie en garnison à Moulins prit ensuite la parole pour remercier le maître d’ équipage de la façon très aimable dont il avait vu arriver aux rendez-vous ses nombreux camarades. Le colonel Rey quand il commandait le régiment, encourageait beaucoup ses officiers à se rendre aux laisser courres , trouvant que c’était pour eux un excellent exercice. Aussi, on les voyait nombreux ainsi que lui-même rallier souvent à la voix Blamord et de Fanfars. C’est avec émotion que MR Clayeux leva son verre pour remercier de tous les compliments qu’on venait de lui adresser.

Le cercle reverra-t-il les belles journées de jadis ? car pour le moment, 21 Avril 1946, il est entre les mains de la préfecture qui l’a réquisitionné pour y installer ses bureaux. .

Aucun commentaire: