+ 1er. Le baron Charles Gémeaux meurt dans sa propriété de Gémeaux. De son mariage avec ma cousine Marie Louise Pinet des Écots, il laisse trois enfants, un fils Albert, une fille religieuse et une autre fille mariée à M. de Champs, officier d'infanterie.
La vicomtesse de Langardière, née Septier de Rigny, meurt à Bourges, c'est une cousine de ma femme que je n'ai jamais vue.
2. Pluie de quelques heures ennuyeuse pour les foins mais bonne pour les légumes et les avoines, pas suffisante encore pour mettre de l'herbe dans les près.
Marcelle va à Nevers avec Caudry
Les du Part nous font une longue visite, Antoine me raconte qu'il vient de louer son domaine de Villecourt à Garnet avec 1/4 d'augmentation, bail de 3.6.9 résiliable à chaque période. Il .... 15000 francs du Chaumont, il en veut 17000, il va probablement transiger à 16000.
3. Les Clayeux nous quittent pour aller à Moulins retrouver leurs petites filles qu'ils doivent conduire aux courses. Henri nous amène sa mère pour goûter.
Je m'aperçois en traversant mes blés que beaucoup d'entre eux sont pourris dans une proportion de 2 à 3 dixième.
4. Edith nous quitte avec ses enfants pour aller s'installer à Bulhon, depuis près de 5 ans, elle a presque continuellement habité avec nous, son absence va faire un grand vide dans la maison, et mon petit fils va bien me manquer.
Les Américains font de temps en temps des ventes aux enchères dans le camp. Ils adjugent à la même personne tout ce qu'il y a dans une baraque, lits, vaisselle, vêtements, etc. Ce sont généralement des brocanteurs de Nevers ou de St. Pierre qui se rendent adjudicataires de tout le lot. Dernièrement l'un d'eux a acheté pour 3200 francs le contenu d'une baraque, qu'immédiatement il a revendu le double ou même le triple.
Une autre fois cinq brocanteurs ont acheté pour 350 francs plusieurs caisses contenant des bandes de pansement, qu'ils ont revendu, onze mille francs, paraît-il.
Un lot de bottes en caoutchouc est revenu à 6 francs 50 la paire à une vente de Nevers. L'acquéreur s'est débarrassé des premières paires pour 75 et voyant qu'il n'y en avait pas pour les curieux il a vendu les dernières à raison de 22.
5. Pluie toute la nuit. Nous déjeunons à Buy avec ma tante Eugenie. Je vais ensuite à St. Pierre voir Robet car j'ai depuis quelques jours un fort lumbago, qui n'a rien à faire heureusement avec la vessie.
Madame le Sueur et sa fille viennent en visite. Elles me racontent que ne pouvant rien obtenir des Américains comme indemnité pour le domaine de Roussy qui est traversé par la voie du chemin de fer. Monsieur de Laveissière a écrit à Clémenceau pour s'en plaindre.
Roussy de M. Guilbraud est en vente, il y avait aujourd'hui des marchands de biens qui le visitaient.
7. Les Charles Tiersonnier nous amènent à déjeuner Jeanne et Paul Jourdier qui sont depuis quelques jours à la Grâce, pendant que leur mère est restée à Paris où on doit lui faire une petite opération. François retour de Salonique, où il est depuis 18 mois, lui tient compagnie.
8. Pluie très abondante et sans orage. Claire et Marcelle partent pour Vauban d'où Roger doit les mener demain à Avallon pour le dîner de contrat de Robert-Goussart.
Ma normande fait veau.
9. Mariage de Maurice Moulin avec Melle de Laboulaye. Cécile nous apprend les fiançailles de Melle de Boisrouvray avec Monsieur de Chalus, ce qui prouve qu'il ne faut jamais désespérer.
11. Strichnine cessée aujourd'hui.
Claire et Marcelle reviennent de Vauban et du mariage Robert-Goussart où tout s'est bien passé. La mariée est jolie mais ne fait aucun frais.
12. Je vais à Nevers, ce qui ne m'était pas arrivé depuis 2 mois et demi, pour y faire quelque commission et quel n'a pas été mon étonnement de trouver toute les maisons de banque fermées depuis midi. C'est alarmant pour un samedi jour de foire, ou tout le monde vient en ville pour ses affaires.
Voyage au retour en chemin de fer avec R. de Bouillé qui me dit que les La Madelaine ont envie d'acheter le Sallay, que seul le prix demandé les arrête. 175 hectares dont 35 en bois. 425 000 francs, les frais en plus.
13. Les Edmond Clayeux nous arrivent pour passer trois jours avec nous.
Le Louzat, terre et château, vendu par les Musnier aux Salvenier-Château. Les anciens fermiers montent en grade pendant que les anciens propriétaires descendent.
Le Mout, propriété achetée par Louis Clayeux il y a quelques années à Fernand de La Roche, ou plutôt à ses héritiers, est acquise par Jean de Marne, à peu près ce qu'elle avait coûté, le bénéfice du château sera la plus value prise par les cheptels du domaine qui de 40 000 francs peut monter à 150 000.
Jeanne Clayeux de Coulon annonce qu'elle donne à ses filles 6000 francs de dot, et que chacun de ses enfants aura un jour 18 à 20 000 francs de fortune. Sa bonne administration pendant la guerre et sa très grande économie ont pu ramener à hauteur une situation fort compromise.
14. Fête de la Victoire, un soleil radieux se met de la partie. Les du Part viennent dîner et à la nuit nous montons sur les Craies, d'où nous voyons quantité de feu d'artifice et beaucoup de fusée éclairante apportées du front.
15. Pluie 8 heures de suite. Paul Tiersonnier est fait Officier de la Légion d'Honneur. Geneviève Tiersonnier amène Marie de Balloy pour déjeuner. Les Edmond Clayeux et Marcelle vont dîner à Chevenon.
16. Les Clayeux partent et les Étienne de La Brosse avec leur fille, les remplacent. Lettre du Major Taves démobilisé et qui part pour l'Angleterre retrouver sa femme.
19. Henri nous amène sa mère et sa tante pour déjeuner.
Pluie dans l'après-midi.
La belle Thérèse de Catheu est fiancée à M. de Vaux de Foletier, lieutenant de dragon, fils du colonel et de Madame née de La Bonninière de Beaumont.
20. Beau temps.
21. Ces dames vont déjeuner à la Grâce, pendant qu'Etienne et moi gardons la maison.
23. François Jourdier, lieutenant au 1er chasseur d'Afrique et retour de Hongrie, nous amène en auto sa mère et les Charles Tiersonnier pour dîner, c'est un superbe cavalier, très joli garçon que je n'aurai pas reconnu si je l'avais rencontré sur le boulevard. Nous avons bu à ses 23 ans.
Les La Brosse nous quittent ce même jour.
24. Foire de St. Pierre, cours bien porteurs sur toutes les sortes. Le lieutenant Cornu du 160 qui commande les hommes chargés de veiller à la garde du camp dîne avec nous.
25. Je vais à Nevers pour constatation des dégât causés à mon immeuble de la rue des 3 carreaux qui vient de m'être rendu par le 19ème de ligne. Je ne sais pas quelle indemnité me donnera l'armée, mais je doute fort que cela soit suffisant pour remettre la maison en bon état, car il faudra tout refaire de la cave au grenier.
26. Guillaume du Verne déjeune avec nous pendant que son frère et Marie-Antoinette sont à Paris où cette dernière a subi une seconde opération, ils rentrent demain à la Baratte.
27. Distribution des prix à l'école libre de St. Parize. C'est pour la dernière fois que les sœurs laïcisées qui la dirigent vont y donner des récompenses à leurs élèves. Leur maison mère les rappelle dans leur département d'origine. Le comte de Montrichard, propriétaire et bienfaiteur de l'école a trouvé une autre directrice qui entrera en fonction à la rentrée d'octobre. Je recommence à prendre de l'uraseptine pour voir si cela améliorera l'état de mes reins toujours douloureux.
28. Claire et Marcelle vont déjeuner à la Grâce.
31. Pendant que Claire et Marcelle vont à Nevers par le train, je vais déjeuner à la Barre où je trouve Trompette en compagnie de son ami Roy.