12.11.12

Février 1919



1. Mon courrier m'apporte une nouvelle peu banale, l'annonce des fiançailles de Charles du Verne, né en 1859, avec Madame veuve Puget de Marseille, âgée de 45 et munie d'un fils aviateur. C'est la femme Davout, née  Rémuzat, qui a amené ce numéro à son oncle.
Claire et Marcelle vont dans l'après-midi à un concert au camp, elles y retrouvent la marquise de la Roche et ses deux filles, suivent ensuite Geneviève Tiersonnier, amenant Berthe, Blanche et Isabelle de Balloy. Ces dernières viennent goûter à la maison.  Le chanoine Thépénier honorant la fête de sa présence, se faisant la douce obligation de répondre à une aimable invitation du colonel.

3. Neige persistante avec 4° sous zéro. Je vends à Ratheau de Beaumont 5 génisses de mon domaine pour 4925 Fr.

4. Claire et Marcelle conduisent les enfants d'Edith à Nevers.

5. Les Edmond Clayeux nous viennent pour 48 heures, nous leur faisons faire un bridge avec les commandants Scott et Jones. Le dégel se produit très rapidement.

6. Plus apparence de neige.

Statistiques des camps au 5 février.
Personnel actif officiers.      925
Soldats.                             3950
Malade officiers.                   15
Soldats                              1100
Total                                  5390.

La Roche vient déjeuner et visiter le camp, ou je le promène en compagnie d'Edmond. Nous trouvons Skinner dans son château jouant du piano. Pendant ce temps le colonel Hanon qui était de nos convives reste faire l'aimable avec les dames.

7. Je conduis les Edmond prendre le train à Saint-Pierre et j'en profite pour payer mon impôt sur le revenu de 1918 qui est de 950 Fr. moins cher que l'année précédente. De là, je vais voir les taureaux de Fassier à Alligny. Je les trouve très bons.
Soirée au Topsiel theater, nous y assistons, Marcelle et moi, danses nègres, musiques à l'avenant.

8. Il gèle à 10°, ce qui doit être fort mauvais pour les récoltes après la pluie trop abondante de la veille.

9. Même froid avec fort vent du NE qui vous déshabille.

10. Idem.

11. Skinner nous emmène, Claire, Marcelle et moi, déjeuner à Dornes, où il admire toutes les jolies choses. Au retour je le fais passer par le Rond du Perray et Azy. Il trouve l'étang de Massin magnifique. Le fait est que par un soleil couchant resplendissant, le coup d'œil était magnifique.
 Henri m'écrit qu'il vient de vendre Vary à Coint pour 505 000, c'est un beau reve.  Il change les propriétés de Madame Busserolles à Montmarault qui rapportaient 7 000 de rente contre 35 000. ... à Coint, il achète Vary avec l'argent de sa fille Madame Messelet, le mari de celle ci, dont j'ai connu le père petit commerçant à Nevers, ayant gagné la forte somme en construisant les instruments agricoles avant la guerre et des obus pendant celle ci. Toutain est fait officier de la Légion d'honneur et marie sa fille à M. Grandet.

13. Henri, sa femme et son fils Maurice déjeunent avec nous.

15. Je vais passer 48 h à Moulins pour le concours et je loge chez les Clayeux qui se trouvent très bien dans leur nouvelle installation. La maison se chauffe bien. Le concours est pauvre car les nivernais n'ont pas exposé à cause de la fièvre aphteuse. La Rouillerie à tous les succès sous le nom de Joseph Durand son régisseur.

17. Les Soultrait viennent déjeuner pour ensuite assister au camp à un concert où nous retrouvons du gratin, Mis et Mse de Mortemart, Mse de La Roche, les R Thuret, Bouillé, Montrichard. la fête se termine par un thé offert par le colonel qui est heureux de se frotter à notre vieille noblesse. Les démocrates sont friands de cette fréquentation. J'oubliais de mentionner Trompette qui m'apprend le mariage de Verny le petit fils de Villate avec la fille de Joseph de Champigny.

18. Le père Whitaker nous amène Madame Ossay et la générale Bazin à déjeuner. Dans l'après midi il retourne à Nevers faire un enterrement, y conduit Claire qui en profite pour aller voir Schleck, pendant ce temps nous faisons force bridge.

19. J'assiste à l'enterrement d'Etienne Massin à Azy, le pauvre garçon était d'une santé délicate et ne pouvait rester seul, du vivant de son père, celui ci le faisait toujours accompagner par un médecin, ces temps derniers, son garde veillait sur lui. La Presles où habite la famille Massin lui vient du Comte de Mauduit, qui lui même l'avait acheté à Monsieur Ernest de Chabrol qui après avoir fait de mauvaises affaires, avait été obligé de vendre terres et bois, dont la forêt de Chabet.

20. Je viens de rendre un dernier devoir à mon vieil ami Samuel de Thé, mort à Nevers dans sa 79 année. Il n'a pas pu supporter les suites de l'opération de la prostate et son trop long séjour au lit à occasionner une congestion pulmonaire qui l'a emporté. L'église de Saincaize était trop petite pour contenir tous les paroissiens de cette commune dont il était maire depuis longtemps et ou ses ancêtres remplissaient depuis la création des mairies en France. Son fils François, aviateur et actuellement dans l'armée d'occupation en Allemagne n'avait pas pu venir à temps pour assister aux derniers moments de son excellent père. Les Toutaris nous font part des fiançailles de leur fille avec le lieutenant Grandet, fils de feu Grandet et de Mme née de Vaulserre.

21. Nous déjeunons à Buy et le soir, les Gabriel de Montrichard nous amènent leurs enfants pour dîner et aller ensuite au cynematographe du camp. Marcelle voyait pareil spectacle pour la première fois de sa vie, ce qui doit être un record.

22. Je conduis ces dames à Nevers avec le tonneau. La route est de plus en plus atroce, nous avons mis deux heures car les américains sont de détestables cantonniers, mais comme ils ont l'habitude de se promener dans la prairie en auto, le mauvais état de nos chaussées ne les surprend pas. Edith et les enfants vont bien, Miette embellit.

23. Pluie torrentielle, le pré des Petites Granges ressemble à un étang.

24. La grippe reprend de plus belle à Moulins. Guiguite est bien prise et à Dornes, Gaspard de Soultrait qui est en permission, donne des inquiétudes. Maurice Robert m'amène son équipage de lapins et nous en tuons 5.

25. Claire et Marcelle vont à un bal donné à la Croix Rouge des 110 par la chief-nurse. Il tombe des torrents d'eau.

26. Je touche enfin l'émoluement qui m'est dû pour mes carrières de pierre.
Marcelle et moi allons au topside theater après dîner pour voir les nègres sur la scène, ils chantent, dansent, font des calembours. Ils sont grimés de façon grotesque, ils agrandissent leur bouche, ce qui est du reste inutile, ils ressemblent à des grenouilles avalant un papillon sur le bord d'une mare. L'assistance est dans le délire.

27. Foire à St. Pierre. Cours toujours en hausse, tout est à 9 Fr la livre. Claire part pour Nevers ou elle couchera et présidera demain sa réunion de l'œuvre des Tabernacles. Louis d'Assigny est nommé Chevalier de la Légion d'honneur. Marie Bouy, mère de ma métayère des Petites Granges, meurt hier et sur le chemin, deux heures après qu'on l'a emporté à Varennes ou elle doit être inhumée.

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