22.4.13

Mai 1919



1er mai. Je me rends à Varennes pour assister au mariage Madire-Lenferna, ou je suis convoqué pour offrir mon bras dans le cortège à Zizi Delamalle, étant donné que les cavaliers sont en infime minorité, il le faut bien bien puisque l'on appelle la vieille garde. Malgré un temps horrible il y a beaucoup de monde et du meilleur. L'abbé Châtelain unit les jeunes époux et prononce un charmant discours ou personne n'est oublié. Après la cérémonie religieuse, lunch debout à la Croix, bon buffet, champagne mousseux. Les Marey sont là, venus de la Delouze et ayant amené dans leur auto le ménage Charles du Verne, (Quantum mutatus al illo). Mon vieux camarade me présente à sa jeune épouse. Oh la, la, Oh la, la, faut-il attendre si longtemps pour se mettre pareil boulet à la patte. La Veuve Compon-Guyet est bien , ce que l'on m'avait dit.

La grève générale était bien calme à Nevers, la ville avec ses magasins fermés, et les habitants restés chez eux, peut être à cause de la pluie qui n'a cessé de tomber, ressemblait à un jour de deuil. Seule une bande de moins de 100 personnes parcourt les rues, un drapeau rouge en tête et en chantant l'internationale.
Totote de Bouillé est fiancée à monsieur de la Madeleine, fils du Colonel et de Madame, née de Cazenove. Je suis bien aisé que cette pauvre fille sorte enfin de la fournaise qu'est devenue sa maison paternelle.
On me raconte que les Fontenay, sans laisser bien longtemps refroidir leur mort, ont loué Frondevaux aux Magnard, qui voudraient sortir ma pauvre nièce de Fourchambault pour changer le cours de ses idées qui sont toujours bien noires.
On me dit aussi qu'Henri de F a réclamé à sa belle sœur les diamants qu'Edouard lui avait donné, et qu'il voulait même avoir de suite la moitié de l'argenterie, mais à cela, les hommes de loi se seraient opposés.

3. Claire et Marcelle reviennent aujourd'hui de Paris et je vais les chercher par une pluie battante à la gare de St. Pierre, elles amènent Hervé qu'Edith leur a donné à Nevers, ce sera plus facile pour elle d'être débarrassée du jeune homme pour faire ses malles, car elle nous reviendra Lundi.
 En passant j'ai déjeuné à Buy ou Henri m'a fait part des fiançailles de Maurice avec Mademoiselle Goussart, fille de l'ancien président du tribunal d'Avallon. La famille est bien posée dans le pays, une fille qui est morte avait épousé Guy de Chalvron, la seconde est mariée à Hubert Vallière. Il y a deux fils, l'un qui a épousé la fille d'Ernest Olivier à Moulins, l'autre qui doit rester célibataire. Un sixième enfant du sexe faible, est mort jeune.
Les Henri ont l'air très satisfaits, c'est Roger de La Brosse qui a été la cheville ouvrière de ce rapprochement qui a eu lieu à Vauban pour la première entrevue. Mais c'est Lilise Clayeux à qui revient l'honneur d'avoir pensé d'abord à cette union.

4. Beau temps, 15° au thermomètre.

5. Continuation du beau temps, je vais à Nevers chercher Edith et toute sa maison.

6. 7. Continuation du beau temps mais les terres sont encore trop humides pour que l'on puisse labourer.   On vient de trouver pendu dans les Queudres le père Bouillard, âgé de 75 ans, qui avait quitté sa maison depuis 10 jours.

8. Les La Brosse nous amènent Louis qui est en permission pour passer la journée, Félix les accompagne.
Les Pracomtal de Châtillon marient leur fille au comte de Castellano, ils ont eu deux fils tués glorieusement.
Guillaume de Pracomtal, fils de mon ami Rostaing, vient d'épouser la fille du député James Hennessy, ça va mettre un peu de beurre dans les épinards de la maison qui devait en avoir grand besoin.

9. Le père Witické amène en visite dans son auto, Madame Joseph du Verne et Simone, pendant que Claire et moi allions à Buy porter nos compliments, la bague de fiançailles ayant été donnée l'avant veille.
Le soir dernier concert au camp, on le dit du moins, je souhaite que cela soit vrai. Les prisonniers Boches arrivés depuis quelques jours travaillent activement à extraire de la pierre pour réparer les routes qui en ont bien besoin.

10. J'assiste à la société d'Agriculture à une séance orageuse, le motif en est que Saône-et-Loire voudrait que l'on donnât à notre race bovine le seul nom de Charolaise, et la majorité de l'assemblée de ce jour tient à conserver le titre de Charolaise-Nivernaise.  Dans la discussion, le gros Colas, conseiller général d'Azy, dit à André Blandin qu'il ferait mieux de se taire, qu'il n'avait pour lui que la fortune!!!

12. René Clayeux et sa femme nous viennent pour 48 heures par un temps idéal.
Depuis 8 jours la végétation a fait de rapides progrès et les près sont superbes.

14. Madame Raymond Thuret vient nous faire une visite avec ses enfants après un déjeuner  d'adieux au camp. Ce sont des Américanisés qui vont regretter le départ de nos alliés.

15. Skinner et Taves déjeunent avec nous pour la dernière fois. Au camp, l'on continue à brûler quantité de choses utiles. Rien ne peut arrêter cette destruction.

16. Marcelle et moi allons déjeuner à la Grâce, je vais ensuite au Colombier voir le petit père Balloy qui a causé des inquiétudes aux siens, ayant eu il y a quelques jours de sérieux étouffements pendant la nuit. À 4 heures nous passons par la gare de Saincaize pour y prendre la sœur Valentine réclamée par Edith.

17. Raymond d'Aux, chef d'escadron au X épouse aujourd'hui Riquette de Chargères, par un temps magnifique, à Paris.

18. Le colonel Skinner m'emmène déjeuner à Vauban, après quoi nous allons visiter Vezelay et Chastellux où le Duc de Duras nous fait les honneurs de sa royale maison. Retour par les étangs de Vaux que je ne connaissais pas et qui valent la peine qu'on aille les voir.
Les blés sont superbes dans tout le département, je n'ai pas vu un champ qui ne soit cultivé, et il y a de l'herbe partout. Il y a un vieux proverbe qui dit: le mois de Mai abime tout, où remet tout d'aplomb. C'est bien vrai cette année car depuis le 4, il fait un temps très favorable à l'agriculture et la lune rousse n'est pas méchante.

20. Le colonel Skinner et Taves viennent nous faire leurs adieux, ils quittent le camp ce soir. Le colonel nous donne tous les meubles rustiques qui garnissent sont home. Partout ailleurs les Américains brûlent tables, bancs, caisses, etc, sans compter les vêtements, chaussettes, caleçons, chandails, qui auraient pu habiller bien des pauvres.

21. Gelée blanche. Je vais à Saint Pierre chercher Augustin retour de Bulhon. La grande route est tellement atroce que nous revenons par Cougny et Saint Parize.

22. J'apprends les fiançailles de Moulin, célibataire endurci, avec Mademoiselle de La Boulaye, autre célibataire, non moins endurcie.
Foire de St. Pierre, baisse de 0,50 par livre sur les cochons.

23. Yvonne fait aujourd'hui sa première communion, en son honneur je m'approche du sacrement à la messe de Saint Parize dite pour elle.
Marguerite Messance, fille aînée d'Athanase Jourdan, meurt de la grippe infectieuse, laissant plusieurs petits enfants, son mari qui était veuf lorsqu'il l'a épousée , en avait déjà trois de son premier lit.

25. Edith accouche la nuit dernière d'une fille, tout se passe normalement. On aurait plutôt désiré un garçon. Pour mon compte, je me trouve satisfait, me rapportant au vieux dicton qui prétend qu'il vaut mieux une fille faite qu'un garçon à faire.

27. Je vais à Saint Pierre chercher Cécile qui nous arrive pour quelques jours avec Yvonne, car c'est elle qui doit être marraine de Bernadette. La route est toujours horrible et le rouleau ne fait pas son apparition pour écraser les pierres qui ne diminuent pas de volume. Les Goussart sont à Buy avec les fiancés.

28. Continuation de la sécheresse. Les jardins sont grillés et rien ne profite.

29. Ascension. Baptême de ma petite-fille Bernadette qui a été tenue sur les fonts baptismaux par le capitaine Comte d'Aunay et par ma fille Cécile Banéat. Le parrain a fort bien fait les choses, cadeau à la mère et à la marraine. Beaucoup de dragées et de chocolat.

30. Monsieur d'Aunay part à 1h40 et les Charles Tiersonnier viennent déjeuner .

2 commentaires:

Unknown a dit…

Est ce que le capitaine comte d au ah est le vrai parrain

Geoffroy a dit…

Oui
Je me souviens avoir accompagné Tte Dedette à un vernissage d´Arnaud d'Aunay, elle m'avait alors appris q'il était le fils de son parrain.