17.2.11

OCTOBRE 1939

1 Pluie. Le caporal Comte de Chabanne curé de Planchez est infirmier à Pougues avec Antoine Chérut. Comme il a son auto, il amène ce dernier déjeuner chez la Nanne qui est bien surprise de recevoir à sa table un aussi grand Seigneur, qui du reste sait se mettre à la portée de tous et se laisse taper sur le ventre. Les deux militaires me font une longue visite pendant que Marcelle prend une mauvaise tasse de thé à la Chasseigne. Edmond Clayeux 1er Bataillon, Régiment de pionniers SP 122 m’écrit une longue lettre. Il a peu d’agréments et pas d’officier partageant ses idées mondaines, mais des braves gens, tous Auvergnats.

2 La Ctesse Albret de Bouillé meurt dans son château de Coulonges. Je garde d’elle le souvenir d’une femme charmante. Je fais curer par Jeanty le conduit de la laiterie qui est obstrué. 5 h de travail.

3 Pluie. Mon rosaire. Comme il pleut, je fais saboter mon avoine qui a été rentrée humide, ce qui lui fait grand bien.

4 Eclairs, tonnerre, déluge. Les fossés débordent. Je fais un tour dans les Craies avec le garde, son cocker et son furet, nous levons seulement deux lapins. Tant mieux ! Les Mollins nous amènent Marguerite Pinet pour déjeuner.

5 Je fais un tour dans les Craies, les betteraves de Gonin sont magnifiques, grâce à la quantité de pluie tombée cette année, mais beaucoup de pommes de terre pourries dans les fonds.

6 Lettre d’Hervé qui est cantonné près de la ligne Maginot dans un village d’Alsace évacué. Les officiers sont logés dans une maison confortable. Dans la basse cour, il y a des poules qu’ils mangent et deux truies avec leurs petits que les cuisiniers engraissent. Je plains de tout mon cœur les pauvres propriétaires qui ont dû abandonner tout cela.

7 Encore la pluie, c’est désespérant, on ne peut rien faire dans les champs où tout est en retard.

8 Dimanche. Temps radieux, je vais en promenade dans la coupe exploitée aux Valencins. Elle n’est pas fameuse. Celle de l’année prochaine située entre le chemin ferré et la route qui va au Rond est encore plus mauvaise.

9 Véritable déluge, ce qui ne m’empêche pas d’aller à la foire aux Mesles du Veurdre. Autant de poulains que l’année dernière se vendant 600 à 700 F plus cher. J’en ramène 3 fermiers de la vallée de Germigny MM Voyer, Breton et Derimay pour voir les poulains de callot. Voyer m’en offre un prix raisonnable. Roy trouve que ce n’est pas suffisant.

10 Marcelle emmène à Nevers ses femmes de service. Elle porte des framboises à la marquise de Veyny, toujours bien fatiguée. Visite à Berthe Tiersonnier qui lui apprend la 8ème grossesse de Jeanne Lesage, qui vient de quitter M….gny pour retourner à Boulogne. Rencontré Marie Jeo du Verne installée à Nevers depuis 3 jours. Elle est la locataire des François de Thé dans l’ancien hôtel de leurs grands parents, rue de Nièvre. Je vais à la gare voir s’il est arrivé du charbon, il n’y en a pas. Michel sème du blé. La pluie vient l’empêcher de l’herser.

11 Pluie. La source du pré de la Joie qui ne se remplit habituellement qu’en février ou mars, se met à couler.

12 Pluie. Longue lettre d’Edith qui a plus de moral que moi. Kiki de Valence fait la joie de la maison. Miette sert de chauffeur aux Montgont et aux Larouzière.

13 Pluie. Lettre d’Hervé. Il parle beaucoup nourriture. Ils ont invité à diner, les officiers du bataillon voisin pour manger un chevreuil pris au collet par un de ses hommes dans une forêt proche où l’on fait des abatis contre les tanks Boches. Visite de Mesdames de Lavayssière et R Le Sueur.

14 Pluie. Foire de Nevers. 3 poulains, 5 bêtes à corne, débâcle sur les cochons, tel est le bilan. Dans l’après midi, je vends avantageusement deux poulains de Callot à Château.

15 Pluie. Dimanche. Nous allons de 4 à 7 à Planchevienne. Dans une écurie qui peut contenir 20 bêtes à corne nous voyons des meubles entassés appartenant à Bernard et à Jacques de La Brosse. Il y a des lits, armoires, canapés, fauteuils, billards etc. tout cela acheté par leur mère il y a longtemps.

16 Déjeunons à Dornes avec Mesdames d’Orcet et de Champeaux, rien n’est changé dans l’ordinaire et si l’on ne voyait pas une quinzaine de réfugiés dans l’orangerie, on ne se douterait pas qu’on est en guerre.

18 Temps horrible, vent, tonnerre. Mon domestique a une assez forte fièvre, je fais venir Robet qui lui trouve de l’angine pulmonaire. 8 jours de repos. Lettre d’Edmond Clayeux qui à défaut de bridge apprend à jouer à la belote. Ses officiers manquent de distinction.

19 Le Paris Centre fait des abonnements de 3 mois pour les poilus. J’en envoie à Louis Roy et à Fernand Léger.

20 Comme il y a quelqu’un enrhumé dans la maison, il faut naturellement que je suive son exemple.

21 Pluie. Nous allons déjeuner à Buy, pour consoler un peu cette pauvre Marie Thérèse qui se morfond toute seule. Tous les jours Marthe lui téléphone des nouvelles d’Antoine.

22 Dimanche. On enterre à l’église mon voisin Pioton, ancien communiste repenti. Son fils a une grosse situation à Paris. Deux baptêmes aux Petites Granges, celui du jeune Michel et celui d’un domestique Chassain âgé de 15 ans dont les parents qui habitent Moiry avaient négligé d’en faire un chrétien. Visite des H. de Rouville.

23 Madame de Sansal nous amène pour goûter Mesdames de Marcy et de Villaines. Suzanne Le Sueur vient les rejoindre. Lettre d’Edith qui a aussi beaucoup de visites pour son vendredi.

24 Nous mangeons des framboises tous les jours. Nous en avons même portées aux Rouville et à la marquise de Veyny qui est toujours souffrante.

25 Pluie. Visite de Gabrielle de Rouville. Je reçois par l’intermédiaire de Glanet à la gare de Mars 3 100 k de charbon du Nord.

26 Pluie gelée blanche. Foire à St Pierre.3 châtrons de 18 mois en tout appartenant à Bringaut mon fermier, vendus 2 500 pièces. Il veut me payer la location de la chasse. Je refuse puisqu’elle n’est pas ouverte.

27 Au réveil, la terre est blanche de neige, on gèle, les fossés débordent partout, la cave du garde a 25 cm d’eau, celle du vieux château 40, les pommes de terre baignent. Il y a aujourd’hui 60 ans que ma sœur se mariait à Tâches par un soleil radieux et que le repas de noce avait lieu dans le grenier à grain. Quantum mutatus.

28 La neige tombe en fondant. Par un joli temps nous allons à Nevers. La Loire déborde. Je fais une visite à Mesdames du Gardin et de Noblet.

29 Pluie. Dimanche. Yvette de Noblet et ses enfants viennent goûter. C’est Guy qui est au volant.

30 Pluie. J’écris à Edmond dont la seule distraction au milieu de ses pionniers est de jouer à la belote.

31 Par extraordinaire, il fait une belle journée. La Pouge, aux du Villatte brûle entièrement, le feu a pris dans la chambre d’une mansarde.

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