22.2.11

FEVRIER 1940

1 Edmond ayant à retourner à Clermont nous dépose Geneviève, Marguerite, Guiguite et moi-même à Bulhon. J’y apprends la mort de Madame d’Anchald âgée de 77 ans. Je vais lui donner de l’eau bénite. Edith me dit que nous allons déjeuner chez Madame du Voir. Père mère et enfants de 4 mois leur sont arrivés hier venant de Savoie. Le lieutenant est parti le soir même pour Paris pour prendre les ordres du 2ème bureau auquel il est affecté et qui doit l’envoyer à Lausanne où il séjournera. Retour ce soir de la capitale, sa femme, Yvonne et Dédette vont le chercher à Vichy et toute la famille repartira demain matin. Madame du Voir originaire de la Louisiane, habite la France depuis 6 ans, c’est la meilleure amie d’Yvonne. Monique a bien profité et sa croute laiteuse tend à disparaître. Kiki de plus en plus drôle, elle appelle Augustin Tintin, celui-ci a une passion pour cette petite. Bonne nouvelle d’Hervé. Marcelle arrive.

2 La Chandeleur. Edmond a aujourd’hui 61 ans. Pas mal de monde à la messe. Je m’approche de la Sainte Table, c’est le 1er Vendredi du mois. Jeanne Clayeux qui a loué pour la guerre une maison à St Léon, son fils et sa petite fille Camille qui est en pension aux Genevriéres dînent aux Fougis et s’arrêtent ici à 9 h ½ du soir, faire une petite visite en passant. Comme sa cousine, arrive en vacances des jours gras Gine de Villeneuve.

3 Mon rosaire. Je vais à la Caille, où je vois un bon veau acheté chez Bernigaud un peu plus de 5 billets. Les Fougis viennent dîner. Zabeth a de mauvaises nouvelles de sa mère.

4 Nous rentrons à Tâches, pas de grands dégâts pendant mon absence qui a duré juste un mois. Les lauriers sont gelés. Rien n’a été fait dans les champs qui sont toujours sous l’eau.

5 Nous allons à Bussy, à l’enterrement du commandant d’Ambly, mort à Bourges à 86 ansdans le caveau des La Chaussée. Valérie de Goy fait beaucoup d’insistance pour nous emmener déjeuner à Etrechy. Nous refusons d’abord parce que j’ai déjeuné avant de partir ensuite parce que je veux préparer la vente de la Ravie.

6 Mardi Gras. Pour manger notre dernière dinde nous avons à déjeuner les Rouville, Antoinette Jourdier et les Charles Tiersonnier.

7 Mercredi des cendres qui est bien tôt cette année. Peu de monde à la messe.

8 Marcelle et Suzanne de Rouville passent la nuit à la cantine de la gare de Saincaize, une auto de la croix rouge vient les chercher à domicile.

9 +4°. Pluie. Nous faisons une visite à Fertot, personne. Au Colombier Marie a ses filles Mériem et Solange ses petites filles. Baraudon et la femme d’Henri qui a elle-même 3 filles.

10 Pluie à torrents. Nous allons à Nevers, foire nulle, 9 bovins en tout. Madame de Lescure paye Marcelle pour Janvier.

11 Dimanche. Les Pierre de Rouville, les Massias, et les Marcel Gozard viennent faire un bridge, la dernière dame enchantée de jouer avec des Baronnes. Visite des Gabriel Mathieu.

12 Neige. Je trouve qu’Hervé a été magnanime, ayant eu une assez forte bronchite, il aurait pu avoir quelques jours de convalescence qu’il n’a pas pris parce que des officiers manquaient à sa compagnie. Retour du froid, il neige.

13 Neige. Je vais à la grande messe à St Parize où il y a l’adoration perpétuelle. Peu de monde pour entendre M. le curé de Chantenay venu pour la circonstance, les jeunes filles du chant et seize femmes. Hervé est proposé pour passer Lnt et nommé adjoint au Commandant de Goy, avec attribution d’un cheval, ce qui le comble de joie. Pendant que Marcelle était à la messe, malgré le garde feu, une étincelle saute sur son lit qui est fait dans l’angle du petit salon et enflamme couverture et drap heureusement j’arrive et j’éteins ce commencement d’incendie qui aurait pu être bien grave.

14 Neige fraîche. Je vends le veau de ma Normande 125 k 1 310 F.

15 Bien que les routes soient très mauvaises, nous allons à Nevers, mais nous ne poussons pas jusqu’à Luanges où nous sommes invités à goûter. Miette va bien, mais Marie Antoinette est au lit avec la grippe, il y en a beaucoup en ville.

16 Marcelle et Suzanne de Rouville passent la nuit à la cantine de Saincaize.

17 Neige, dégel. Il neige une partie de la nuit en abondance et à 7 h le dégel commence ce qui donne des torrents d’eau. A 10 h enterrement de Jean Baptiste Blot 61 ans. Depuis longtemps il était dans le gâtisme.

18 J’essaye de vendre La Ravie âgée de 22 ans, le taillis seulement par lots de 5 000 m² à 0.05. J’en fais 36 lots, il ne vient que cinq acquéreurs. Je donne le premier lot à Cour fermier des Hauts de Bord pour 350 F, les lots suivants à 265 F l’un.

19 Déluge. Il y a de l’eau dans la cave aux vins ce que je n’avais jamais vu. Nous avons à déjeuner Madame de Sansal, Simone, Miette, le capitaine Bernard de La Brosse nouvellement promu et le Maréchal des Logis Jacques tous deux en permission à Planchevienne. Bernard a fait une demande pour aller combattre en Finlande, où il y a -30°, cela le changera du Maroc, sa femme est à Laverdine où elle attend une seconde fille. Il arrive de Mont de Marsan où il a 4 chevaux de course à l’entraînement.

20 Rien à signaler.

21 Marcelle va à Nevers, emmenant 3 jeunes filles à une conférence religieuse.

22 Foire à St Pierre. 7 châtrons en tout qui se vendent bien. Les Massias viennent chercher Castillo un basset corniaud que Cour m’a donné, qui chasse comme un cocker c'est-à-dire sans crier. Guillaume du Verne tue deux lapins aux Queudres.

23 Claude de La Brosse met au monde à Laverdine un héritier mâle, à la grande joie de Bernard qui l’appellera Etienne. A Callot une belle vache de 4 ans met bas et crève quelques heures après. 4 500 francs perdus. Marcelle passe la nuit à Saincaize.

24 La comtesse de Roüalle installée à Nevers dans la maison du Daude Lagrave, donne un grand goûter avec des monceaux de gâteaux comme avant guerre. Présence des Pazzis, Servois, Pinet, Savigny,Mollins, Ganay, Raoul d’Anchald que je suis étonné de voir là car il a enterré sa belle sœur il y a 15 jours, mais cela ne compte plus. Je crois qu’à ce goûter, seule Marcelle jeûne. Je verse 10 000 F au percepteur, bien que je n’aie pas encore reçu de bordereaux. On lit sur les murs de la ville des réclames communistes écrites à la craie.

25 Nous allons voir les Mathieu à Vallière, où nous arrivons en bateau, l’Allier est en crue et il s’en est fallu de 10 centimètres pour que l’eau n’entre pas dans la maison.

26 Marcelle va charitablement mener la fille Blanzat à l’hôpital de Nevers.

27 Mes métayers commencent à semer de l’avoine. Je vends des châtrons à Château, cours élevés.

28 Pluie. Je plie des papiers et j’écris des adresses pour la quête des églises pauvres. Cette œuvre dont Marcelle est présidente lui donne beaucoup de peine pour trouver six quêteuses.

29 Année bissextile. Pierre de Barrau prend une année aujourd’hui.

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