1 Vraiment joli. Le garde Jeanty ayant reconnu des renardeaux fait venir Couturier qui en prend 3 avec un Fox dans les Champs Blonds. Nous allons à Nevers. Miette va bien, mais Pierre de Barrau qui est à l’hôpital du lycée va moins bien. Il est très déprimé. Les nouvelles de Norvège sont assez inquiétantes. La Marquise de Lépinay meurt à la Mouée.
2 Pluie Ascension. Marcelle qui aime toujours voir du monde et des enfants, amène la petite J. d’Assigny pour 24 h. Nous avons à goûter les Sansal avec les Ch. Tiersonnier et Miette.
3 Pluie 30 mm. Premier vendredi, je m’approche de la Sainte Table. Les Edmond Clayeux nous arrivent pour déjeuner apportant de très bonnes nouvelles de mon beau frère qui a repris sa vie ordinaire.
4 Les Clayeux nous conduisent à Nevers d’où ils ramènent Berthe Tiersonnier pour l’emmener dîner et coucher aux Gouttes afin que demain dimanche, elle puisse faire une conférence aux Ligueuses de Thionne.
5 Madame de Montrichard qui n’a que le souffle, convie Marcelle pour l’aider à recevoir à goûter une douzaine de jeunes filles qui ont tricoté pour les soldats et qui chantent près de l’harmonium. Cette petite fête sous les ombrages de La Chasseigne a été très réussie car par hasard il faisait beau. Marcelle passe la nuit à Saincaize avec M. Th. Guillemain.
6 Dans un horrible accident de chemin de fer occasionné par une crue du Cher, 30 personnes ont trouvé la mort dont le capitaine Robert Verny. Ce n’est pas lui. Il y a une grosse inondation de l’Allier. Les Mathieu ne peuvent plus sortir de chez eux. Je fais une grande tournée agricole avec mon âne.
7 Marcelle va à la messe à St Pierre où les ligueuses récitent une série de chapelets pour la guerre. Elle revient par Buy, où elle déjeune. Il tonne un peu partout, mais heureusement il ne pleut pas.
8 Journée sans histoire. J’admire les deux hêtres pourpres qui sont sur la pelouse, leur teinte printanière est une splendeur. L’Italie cause pour la France une grande inquiétude, on se demande si elle va conserver sa neutralité ou marcher contre nous.
9 Les Riberolles nous arrivent pour dîner.
10 Madame de Sansal, Simone et Miette viennent goûter. L’inquiétude est grande, car la nuit dernière les Boches ont envahi la Hollande et la Belgique.
11 Nous déjeunons chez Madame de Sansal. Malgré les nombreuses alertes, il y a beaucoup de monde en ville, où chacun raconte ses bobards. Les avions ont déjà causé pas mal de victimes.
12 Pentecôte. Première communion à St Parize, 17 enfants, nombreuse assistance. Il me naît un veau Breton. M. Th. Guillemain vient chercher Marcelle pour la cantine.
13 Simone nous amène pour déjeuner M.A. du Verne et ses belles sœurs. Viennent en visite Mesdames de Marcy et de Villaines, plus tard les deux ménages Rouville. Les bruits de guerre grandissent. De malheureux Luxembourgeois fuyant l’invasion passent à Moiry. 80 couchent dans la commune.
14 Plus nombreux encore aujourd’hui. L’adjoint nous envoie toute une famille, trois dames et trois messieurs. L’un d’eux ne sait pas où est sa femme. Marcelle convoquée avec son auto par la mairie va à 6 h du soir chercher des enfants à la gare de Mars et les conduit à la mairie où on en fait la répartition dans les familles de la commune ;
15 Les Luxembourgeois partout. L’inquiétude est grande. Les Hollandais déposent les armes et les Boches arrivent à Sedan qu’on a fait évacuer. Je fais planter mes pommes de terre au champ de la Vache.
16 Sœurs Assomption reçoivent réfugiés. Je leur envoie cent francs. Une femme Belge réfugiée meurt à Moiry. Confirmation à St Parize. Viennent les enfants de cinq communes. J’assiste à la cérémonie et présentent mes hommages à Monseigneur en ma qualité de président du conseil paroissial. Les Riberolles vont à Nevers d’où ils ramènent Miette.
17 Je conduis Jaurès à Moiry pour le faire ferrer et pendant deux heures, je vois défiler des centaines de voitures de toutes formes et de tout âge où sont entassés des gens qui fuient devant la terreur inspirée par les monstres de Boches. On reconnaît les autos étrangères aux lettres et N° peints en rouge. Les Riberolles dînent chez les Marcy.
18 Cheveux. Les Riberolles partent pour Bulhon, nous laissant Miette pour qu’elle continue son service à l’hôpital. Nous la conduisons à Nevers d’où nous la ramenons car Marie Antoinette a disposé de sa chambre en faveur de Belges qui étaient menacés de coucher sur le pavé. Je suis étonné de voir en ville autant d’hommes civils et militaires de 20 à 35 ans. On doit pourtant avoir besoin d’eux à l’avant car la situation n’est pas brillante. Les Boches sont à Avesnes et à Vervins, partout l’inquiétude est grande.
19 Elle ne diminue guère. Le maire charge Marcelle de voir où l’on pourra procurer des lits aux réfugiés probables, dans notre maison, mes domaines, aux Oyasses et au bois de Bord.
20 Simone nous amène pour déjeuner son frère Jean qui vient de passer son examen de St Cyr. Miette rentre avec eux à Nevers pour son service à St Gildard. Elle logera chez Geneviève Tiersonnier. Lettre de mon beau frère qui me dit qu’il va plutôt mieux qu’avant d’avoir été administré. Il est fantastique.
21 Légère pluie. Le Maréchal Pétain est appelé à un comité de guerre, le général Weygand est nommé généralissime à la place de Gamelin et nos ministres Francs Maçons assistent à des prières à Notre Dame, il faut qu’ils aient bien peur. Marcelle emmène Suzanne de Rouville passer la nuit à Saincaize.
22 Cela va de plus en plus mal. Arras et Amiens sont pris. Les paysans disent c’est comme en 70 on est trahi. Je finis par le croire. Guiguite allant de Trinay aux Gouttes s’arrête ici pendant 24 h. Louis de La Brosse, téléphone des Réaux où il est allé conduire sa belle mère pour nous demander si nous pouvons les recevoir. Nous les attendons avec plaisir. A 8 h ½ du soir, 2 dames et 2 enfants fuyant le département de l’Oise nous demande à coucher. On les met dans le bureau.
23 Foire nulle à St Pierre. Bringault, me paye son terme, je lui fais remise d’un tiers car il a fait de grosses pertes : 1 jument, deux poulains, une vache. 10mm de pluie tombée en ¼ d’heure. Les avoines des Craies s’en trouvent bien. Je fais planter des haricots Omblette.
24 Je perds 6 agneaux du tania en trois jours. J’écris à Paris pour demander des remèdes. A 10 h nous voyons passer 14 avions Boches allant sur Nevers, deux ont été abattus paraît-il. Nous conduisons Gabrielle et Pierre de Rouville en ville où nous voyons Miette faisant bon ménage avec Geneviève T. Pas mal de monde dans les rues où je rencontre les Ducrot, le Cel d’Assigny, le Cdt Bouchacourt, les Chalvron venus de Beunat pour faire confirmer leurs enfants, confirmation qui a été un peu tourmentée par l’alerte. Simone a des nouvelles relativement fraîches d’Hervé qui n’était pas dans la tourmente de ces derniers jours. Rien de Jean de Valence.
25 Le. Conduit de la cave du vieux château étant obstrué, je le fais relever par le garde Jeanty. Nous avons des nouvelles de Jean et d’Hervé. Ils n’ont pas été mêlés aux premiers jours de l’attaque.
26 Fête Dieu. Très belle procession, beaucoup de monde et trois reposoirs, 1 sur le champ de foire, 1 devant la poste fait par les Jacistes, 1 dans la cour de l’école libre. Un mot d’Yvonne nous apprend que Jean a été blessé au bras par un éclat d’obus. Il va être évacué soit à Tours soit à Bordeaux. Elle pourra aller le voir. Je remercie le ciel que cela ne soit pas plus grave. Au moins pendant quelques temps, il ne sera plus en danger. Les journaux annoncent que quinze généraux haut placés dans l’armée Française ont été débarqués. C’est effarant ! Il me semble que la censure aurait dû empêcher cette nouvelle de paraître, car elle n’est pas faite pour enlever de l’esprit de nos paysans la conviction que nous sommes trahis.
27 Nous envoyons quelques ustensiles de cuisine, linge et draps à des réfugiés venant de Reims et installés dans une maison à Moiry.
28 Pluie. Nous allons aux Gouttes. En passant à Moiry, Martinat nous apprend que le roi des Belges s’est rendu et a fui en Italie. Tout le monde est consterné. Visite aux André. Je ne trouve que Marie très inquiète pour son gendre. Sa femme et ses trois enfants sont là. Mon beau frère m’avait écrit qu’il allait plutôt mieux qu’avant d’avoir été si malade. C’est vrai, il a maigri, c’est tout, il marche même mieux. Ma belle sœur a une mine moins brillante. Ils ont à demeure Edmée Constantin et ses trois enfants. Nous croisons à Averme un superbe Régiment Anglais. A 4 h ½ nous entendons parler le ministre Pierlot qui dit que l’armée Belge continuera à combattre avec nous. Tout de même la situation est bien inquiétante, on ne sait trop qu’en penser. Cramail, gendre Charnacé est tué, brûlé vivant dans son tank.
29 Pluie. Simone et Miette viennent passer l’après midi et comme nos domestiques sont en vacances, elles nous font le dîner et ramassent des fraises. Marcelle et S de Rouville passent la nuit à la cantine.
30 On apprend la mort de plusieurs soldats du pays appartenant au 95 et 13ème. Nos domestiques étant en vacances Marcelle tire les vaches, fait la cuisine et moi je râpe les allées.
31 Vendredi, fête du Sacré Cœur, beaucoup de monde à la messe. Yvonne nous écrit de Niort où elle est venue voir Jean dans un hôpital où il est bien soigné. Sa blessure demandera un mois pour se guérir.
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