19.2.11

NOVEMBRE 1939

1 Toussaint. Je m’approche de la sainte Table. Goûter intime à Planchevienne.

2 A 9 h à St Pierre, nous assistons au service de la Marquise de Veyny décédée à 70 ans. A 10 h, à l’office des morts à St Parize, beaucoup de monde. A 3 h, orage, torrents d’eau, les portes de la basse cour sont comme une écluse qu’on vient d’ouvrir. Le pré des Petites Granges ressemble à un étang.

3 Pluie. Je communie pour le premier vendredi. A 11 h, mon rosaire. Après midi à Nevers où je loue notre maison à Mme de Lescure. Rencontré Mme Duval qui me dit que Paul T. a vendu il y a 3 mois ses domaines de Mortiere et d’Apilly, il ne lui restera plus rien au soleil.

4 Pluie. Fulgenu vient pour m’acheter un veau et il m’amène Geneviève et Guiguite Clayeux qui passeront quelques jours avec nous.

5 Pluie. Renaud du lieu Maslin m’apporte un peu d’argent et m’achète un veau de Callot. Nous allons en visite à Buy et à Fontallier. Longue lettre d’Hervé qui est au repos dans une maison très confortable après 15 jours très durs en première ligne. Il a écrit au Colonel de Sansal pour lui demander s’il pourrait se marier à sa première permission.

6 Les Château m’achètent 15 châtrons de 18 mois que j’avais bien peur de ne pas pouvoir vendre.

7 Gabriel Mathieu nous amène de Decize pour 48 h, le maréchal des logis Gaby de Villeneuve qui tient garnison dans cette ville.

8 Marcelle va à Nevers pour installer Madame de Lescure dans notre maison. J’ai la visite des Petites sœurs des pauvres. Je leur fais emporter dix doubles d’avoine, deux poulets et du fromage.

9 Pluie. Mathieu ramène Gaby à Decize. Yvette de Noblet vient déjeuner avec ses enfants. Dans l’après midi, ils emmènent Marcelle faire une visite à Limont chez les Féligonde.

10 Geneviève Clayeux retourne aux Fougis et Guiguite va passer 8 jours à Trinay. On rationne beaucoup les consommations d’essence et on ne vous en donne dans les dépôts que sur un bon délivré par les mairies.

11 Pluie. St Martin. Le Cdt Bouchacourt nous amène les Pierre de Rouville pour faire un bridge. Ils jouent aussi mal les uns que les autres.

12 St René priez pour nous. Je vais avec Marcelle au taillis d’Orgeat où 14 hommes de Moiry m’attendent. Je leur partage un carré d’1/2 hectare qu’ils me payent 140 F. A Maret Gilbert et à un manchot, j’abandonne 10 ormes et un noyer. Ils les abattront, les fendront et s’ils en font 6 cordes, ils m’en donneront 2 en garderont 4. Visite à Chevenon.

13 Les Guillaume du Verne nous ramènent Guiguite en venant dîner.

14 On bat de la graine de trèfle dans mes domaines par un temps radieux. Visite de Paul du Verne qui nous amène sa mère et Marie Antoinette, mais naturellement pas sa femme qui ne veut pas voyager avec sa belle mère.

15 Pluie. Roy de Callot semait dans le Clou son premier double de blé quand à 11 h une pluie d’orage le met hors du champ, il ne peut donner qu’un coup de herse. Simone de Sansal vient dîner et coucher.

16 Pluie. Nous l’emmenons à Bulhon. A Moulins nous laissons Guiguite, déjeunons aux Gouttes avec les vieux toujours jeunes et avec Antoine qui a été démobilisé comme père de 7 enfants. Arrivons à 5 h à Bulhon, tous en bon état, Yvonne très auvergnate et Jacqueline très embellie.

17 Vendredi, jour d’Edith. Viennent les d’Anchald conduits par Perrette, la Comtesse de La Roche, Madame Voillaume, Madame Lanternier.

18 Nous allons à Murol faire une visite à Madame Theilhard de Chardin (née Jeannerot), c’est une maîtresse femme qui en l’absence de son mari, mène la mairie, l’agriculture et le reste.

19 Dimanche. Conférence de la Ligue féminine à Lezoux. Mes filles y conduisent tout ce qu’elles peuvent de ligueuses.

20 Pluie. Nous goûtons à Entraygues chez la charmante Madame lanternier (née Chavane) qui a loué l’habitation des Maison Rouge pour la durée de la guerre. Elle fait 50 km tous les jours pour mener ses garçons au collège à Riom. Il y a encore beaucoup de betteraves dans les champs de Limagne.

21 Goûter à La Terrasse. Ce n’est pas par un maître d’hôtel ganté de blanc qu’on est reçu, mais par le baron lui-même qui vous ouvre la porte aidée par Perette qui assure le service de toute la maison, fait le jardinier, le chauffeur, monte le bois qui doit être vert car on gèle dans la maison.

22 -2°. Nous quittons Bulhon en en rapportant beaucoup de pommes et en emmenant Dédette. Déjeunons aux Gouttes en passant. J’ai la joie d’y voir Edmond qui est en permission de dix jours. A Bulhon, la nouvelle auto est la chose de Miette qui la mène du reste avec beaucoup d’assurance.

23 -3°. Foire de St Pierre, très peu de bêtes à cornes, les petits cochons se vendent mal, les gros un peu mieux. Bringant me paye son terme, je lui fais cadeau de 400 F. Somptueux goûter à Chevenon, rien de la guerre. Assistance : Vicomte d’Anchald, les Massias, Les Mollins, Mesdames de Marcy, de Villaines, de Dreuzy, de Bellescize. Je fais compliment à Misette de ses fiançailles avec le Lnt de Torquat.

24 -3°. Yvonne reçoit son mobilier de Colmar et le met sur le grenier de Bulhon qui est au dessus des écuries, où il attendra une autre destination. Nous allons à Nevers faire des commissions. Simone a des nouvelles toutes fraîches d’Hervé.

25 L’agent voyer fait tirer de la pierre dans la carrière des chétives vignes. Je finis de régler avec mes métayers.

26 Dimanche. Madame de Sansal nous amène pour goûter Mesdemoiselles de Lécluze, Talabot, Simone. Les Gabriel Mathieu se joignent à elles.

27 Cécile débarque à Saincaize à 22 h ½. Marcelle et Dédette l’attendent en servant les soldats à la cantine de gare. Roy sème du blé dans la Varenne, c’est bien tard.

28 Pluie. Je fais mettre du blé en sac pour la coopérative et je vends deux veaux des Petites Granges à des Vendéens qui font une rafle heureuse dans notre pays.

29 Pluie 30 mm. Cécile et Dédette prennent le train à St Pierre pour se rendre à Bulhon.

30 Goby fait sa vente annuelle aux enchères. 17 veaux sont adjugés pour 121 000 F +10% de décimes. Barle en paye un 14 000 et un autre 12 000. Il fallait la guerre pour voir cela.

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