1 +4°. Pas de courrier. Les du Part déjeunent avec nous. Chalvron Massias est rentré de captivité ainsi que Bouveau aux Oyasses. Mériem de Martymprey échoue de 20 voix pour être nommée au conseil municipal de Gimouille.
2 Neige. On grelotte. Marcelle déjeune à Buy. Lettre de Simone qui attend Hervé. Article déroutant de Mauriac sur Pétain (Figaro)
3 Toujours le froid. Yvonne nous fait envoyer du beurre par ses fermiers de Bretagne, Corbel et Cognard du Goësticot à Carhaix. Suzanne le Sueur, retour de Magny où elle s’est fait onduler, goûte en passant. Un poulain naît à Tâches, il y en a 2 à Callot et 2 aux Petites Granges.
4 Pluie. Premier vendredi du mois. Le froid, la paresse et la vieillesse me font manquer la messe. J’en demande pardon au Bon Dieu. Bernard de La Brosse est décoré de la Légion d’Honneur. Sa femme et ses enfants sont revenus du Maroc. Jacques toujours en prison près de Perpignan. Les René Musnier nous font part de leur fils Guy avec Melle Hallo. Comme exercice, je tourne la baratte de beurre et j’écris à Gabrielle de Rouville.
5 Pluie. Boilieu apporte un effet à Michel pour lui faire savoir qu’il comparaitra devant la chambre paritaire où je serai représenté par mon avoué Dubost.
6 Dimanche. Notre curé ayant apostrophé du haut de l’autel les jeunes gens qui habituellement se mettent dans le chœur parce qu’ils arrivent en retard, ceux-ci ne viennent plus à la messe ou se mettent sur les bancs. Temps chaud, on voit pousser l’herbe.
7 Jean Tiersonnier nous annonce les fiançailles de son fils Michel avec Aliette de Branes de Bourcia. Avec des bambous qui ont 5 mètres de long, je ramone le bas de la cheminée du petit salon qui depuis 8 mois a dévoré un énorme bûcher. Marcelle déjeune à Chevenon avec les Mollins et les Villaine. On dit la guerre finie.
8 Les cloches sonnent, le canon tonne à 3 h, c’est la Victoire qu’on nous annonce. Cela me fait moins de plaisir qu’on pourrait le croire, je prévois trop ce que va nous apporter le gouvernement communiste. Albert Chicon nous apporte des nouvelles de Bulhon où la sécheresse règne toujours. Impossible de planter les pommes de terre. Dédette va se faire opérer de l’appendicite quand Miette sera rentrée de Dijon.
9 Marcelle ayant manifesté le désir de rembourser ses sœurs ou à leurs enfants ce qui leur revient sur les cheptels de Tâches, je prie Antonin Moreau d’en faire l’évaluation bien que je trouve le moment mal choisi étant donné le cours trop élevé des animaux. A 15 heures un Te Deum est chanté dans l’église de Saint Parize auquel Gilbert maire et 4 conseillers assistent dans la chapelle de la Ste Vierge. Montrichard et les anciens combattants sont dans celle du Sacré Cœur. Pendant ce temps, je bats le beurre en une heure. Ma vue baisse beaucoup, mon œil gauche voit tout trouble.
10 Ascension. Beaucoup d’hommes à la messe. Marcelle déjeune au manoir. Lettre de Cécile, les élections sont très mauvaises en Bretagne. Comment se réjouir de la Victoire.
11 +25 °. Il fait une chaleur anormale. L’année dernière à pareille époque, il y avait 5.
12 Les Château viennent me payer et Yvette vient chercher ses affaires pour aller se placer à Moulins. Marcelle ne la regrette pas.
13 Dimanche. Ballotage. Roger de Bouillé passe avec une grosse majorité, avec lui Raclin et Rameau. Un de la liste de gauche Petit le charron est élu. A 6 heures, Hervé, Simone et un chauffeur viennent nous surprendre dans la jeep qui les a amenés la nuit dernière de Châtillon sur Sèvres Vendée et qui les y ramènera la nuit prochaine. Je parle avec Hervé, question intérêts. Nous ne voyons pas les choses sous le même angle. Il pense aller bientôt faire de l’occupation en Allemagne et il a fait une demande pour aller en Indochine pour assurer son avancement. Son oncle Vuillemin et sa belle mère ont six millions à donner au fisc pour payer les droits de succession de leur mère.
14 Mes métayers de Tâches et de Callot prennent chacun un prisonnier Boche comme ouvrier agricole, nourri, couché et 25 francs par jour.
15 Les gardes du J.H.C. recommencent leurs tournées. Le jeune Bringant vient me payer le terme. Je loue la chasse d’Azy domaines et bois 154 hectares au beau frère de Bringant nommé Follaix 1 500 F pour 6 ans. Guillaume du Verne est battu à St Eloi par les communistes qui triomphent aussi à Nevers. Leur porte drapeau est Madame Champenier U.F.F. Buffet vient faire des élagages dans les Massefon. Le mari de ma Polonaise parti depuis 5 ans est arrivé ce matin venant d’Angleterre où il est enrégimenté, il a fait comme soldat la campagne d’Italie et s’est battu à Dieppe, à Cannes, a été blessé. On lui a donné une permission de 8 jours, mais il ne sait pas quand il va être libéré. Il a mis 4 jours pour venir de Paris à Nevers en chemin de fer. Il est très bien habillé en caporal et porte la moustache en croc.
16 + 27 °. Mon rosaire. Marcelle prend le train de 9 heures pour aller aux Gouttes afin d’assister demain à une messe de bout de l’an qui sera dite demain pour ma belle sœur. Elle envoie des œufs à la réquisition. On se demande où ils passent, car à Paris et dans les autres villes, ils n’en voient jamais. Je reçois du sucre de Suzanne de Rouville en échange de mes cigarettes. Les du Part font remettre leur auto en marche et de suite ils en profitent pour venir nous voir c’est bien gentil. Il tonne beaucoup au Midi, nous n’avons que quelques gouttes d’eau.
17 Marcelle revient des Gouttes, où elle est allée à bicyclette depuis Moulins, de même au retour. En passant à Chapeau elle prend une bûche et laisse de la peau de ses genoux sur la route et malheureusement aussi une partie de sa dernière paire de bas. Lettre de Roger, aux élections il n’est que le 7 éme de sa liste dans une commune où depuis 45 ans il se dévoue pour ses électeurs, il est écœuré. Nadaillac passe de justesse à Chitry. Garnet vient me payer son terme et me dit qu’il pleut sur la maison du Mou. C’est gai !
18 J’envoie à Augustin le terme du Mou et je lui écris de verser une pension à Hervé. Voir mon livre où tout se trouve. Je couronne mon âne en allant aux Petites Granges où je me plains de mon désagréable métayer avec lequel les rapports sont très tendus. Tout est grillé et la sécheresse est terrible. Quant à moi je me sens très fatigué. Lettre de Jean Tiersonnier au sujet de la chasse de son domaine à St Ouen.
19 Pluie. Le jeune Douet revenu d’Allemagne pas trop maigri, vient nettoyer un peu dans la maison. J’envoie un peu de bois à la mère Richard à Moiry.
20 Pentecôte. Gilbert est nommé maire de Saint Parize par onze voix ce qui prouve que la droite reconnaît en lui un homme juste. Louis Roy revient d’Allemagne. Il doit être étonné de trouver un Boche chez lui.
21 Pluie. Marie-Thérèse, les Maurice et leurs filles passent la journée avec nous. Lettre de Miette qui est près de nous à l’hôpital de la Coulmelle à Nevers où elle soigne des contagieux avec Nadette de Féligonde. Dédette a la rubéole et souffre de son appendicite. Leur jardinier est de retour.
22 Pluie. Le métayer des Petites Granges prend lui aussi un prisonnier Boche qui était boulanger chez lui. J’augmente ma police d’assurance pour la maison de Nevers, je la porte à 450 000, ce n’est pas assez.
23 Pluie. Louis Roy vient me voir. Le pauvre diable a bien maigri car depuis plusieurs mois. Pendant 4 ans, il est resté dans une ferme de 500 hectares où il était charretier. Il y avait 12 français qui étaient traités avec plus d’égards que les prisonniers Russes ou Polonais. Ils faisaient chaque année cent hectares de pommes de terre, labouraient avec des tracteurs ou avec des chevaux qui étaient toujours à l’écurie. Des machines très fortes battaient jusqu’à 3 000 doubles de grain dans une journée. Je croyais qu’il n’y avait plus de gros propriétaires en Allemagne. La terre où il était appartient à une veuve qui a plusieurs milliers d’hectares et habite un beau château. Son régisseur a trois chevaux de selle. En revenant par camion, il a traversé plusieurs villes en partie brûlées. Il est rentré en France par Hazebrouck. Marcelle va à 4h 1/2 chercher à Mars Edith et sa bonne. Simone et Hubert poussent jusqu’à Nevers. Bonnichon étant de passage, Marcelle le prie de m’examiner. Ma tension est 20, mon cœur bat régulièrement. « Avec ces organes là, vous pouvez vivre longtemps » dit le docteur, mais cela ne me donnera pas des jambes pour porter ma 91 éme année comme le voudrait ma chère fille. Suzanne Le Sueur dîne avec nous.
24 Lettre de Roger qui a la goutte, Il a bu trop de marc. Vivien me prend de la pierre et m’amène du sable. Foire de St Pierre. J’y vends 12 petits cochons avantageusement. Le garde Joly vient me parler pour la location de la chasse de St Ouen au prix de 20 francs la plaine et 15 les bois par hectares.
25 Silky a eu 6 petits chiots bâtards. Je vais à Moiry faire ferrer mon âne. Je vois passer quantité d’autos plus belles les unes que les autres marchant à l’essence et des convois entiers de Jeeps allant du côté de St Pierre. Mon métayer Chicon a remis sa voiture en marche.
26 +12 ° on gèle. Marcelle me fait une piqûre réconfortante, Pivoteau 8,52. François Jourdier est passé avant-hier à la Comaille avec son Régiment se rendant en Allemagne. Lettre de Cécile : Yvonne et ses trois filles ont eu la rubéole. Les fraises et les cerises coûtent trop cher pour en manger, 70 francs la livre. Miette nous arrive pour 48 h. Elle n’est pas satisfaite de son hôpital de la Coulmelle, mal nourrie, les autres infirmières sont des femmes soldats d’un autre monde payées 120 francs par jour, tandis qu’elle en touche 40. Marcelle fait une visite à Madame de Montrichard qui a perdu une belle sœur de Guébriant.
27 La Trinité. Chevaux de bois sur la place, beaucoup plus de monde qu’à la messe. Monsieur le curé vient me voir.
28 Miette part à 7 heures pour son hôpital. Joly me téléphone qu’il a trouvé preneur pour la chasse de St Ouen au prix de 20 F l’hectare pour les terres et 15 pour les bois. Je fais la diète, je suis tout barbouillé. Je paie au Père Gonin 12 cordes à 150 de façon. 1800 F.
29 Pluie. Marcelle va à Nevers par le train de 7 heures. Elle ne trouve pas la moindre robe à se mettre sur le dos à moins de dépenser 7 ou 8 mille francs. J’ai encore dans la nuit un dérangement qui me fait salir mes draps. J’en suis très humilié. Je paye à Gonin père la façon de 12 cordes de bois à 150 f.
30 Pluie. Je suis encore dérangé toute la matinée. Une lettre d’Augustin nous apprend que Dédette a été emmenée très vite à la clinique de Clermont pour être opérée de l’appendicite. Miette part ce soir pour l’assister. Elle a un congé de 3 jours. A 6 h nous recevons une dépêche de M. Mathieu ainsi conçue : « Bernadette opérée ce matin tout est parfait on plante des zinnias dans la cour ».
31 Un employé de la Société Générale passe nous voir et je lui dépose de l’argent au compte courant de Marcelle ne gardant que 7 000 F en caisse en vue de la déclaration des capitaux et de l’échange des vieux billets contre les nouveaux. C’est pour connaître la fortune de chacun que l’Etat fait faire cette opération qui va lui rapporter des milliards, car bien des gens qui ont fait des fortunes illicites, n’oseront pas les déclarer. Renaud me paye son terme 11 800. Je donne 10 000 F à Simone qui vient de nous arriver pour quelque temps. Geneviève Clayeux et son petit fils Maurice devaient venir nous voir par le train de 4 h, ils l’ont manqué. Je donne 20 litres de vin à Louis Roy pour le remonter, il en a besoin. Une dépêche de Mme Faure confirme le mieux pour Dédette. Miette arrivée à bon port. Temps superbe, l’herbe pousse.
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5 commentaires:
Il s'agit d'Aliette de Branges de Bourcia.
Merci papa
Aliette Tiersonnier était la mère de Catherine de Valence
Pour les écarts de température c'est comme cet hiver ...
Déja un garde Joly à ST OUEN !
Je suis comme Edith très intrigué par cette analogie de nom. J'ai déjà rencontré à un enterrement l'actuel garde Joly, si je le revois je lui demanderai si dans sa famille on est garde de père en fils.
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