1er. Monsieur le Curé fait dire à 8h½ qu’étant fatigué, il n’y aura pas de messe. Les Pierre de Rouville viennent manger avec nous une pintade aux choux, à laquelle ils font très honneur, ils sont aussi gourmands l’un que l’autre. Ils nous apportent une grosse boite de chocolats. Seul, le père Barillet est venu me souhaiter une bonne année, je ne parle pas des nombreux enfants de ma régie que Marcelle avait convoqués pour leur donner leurs étrennes.
2 . 1er Vendredi du mois Je vais à la messe, après m’être habillé à la chandelle. Monsieur le Curé n’est pas à l’église, il ne dit pas la messe étant fatigué, il donne seulement la communion à Marcelle, et à Mesdames Le Sueur, qui déjeunent avec nous en revenant. Je reçois une lettre charmante de Gabrielle de Rouville et une carte d’Augustin qui me dit qu’ils ont eu Jean de Sansal pendant une permission de trois jours venant d’Arles, sa garnison. Marie de Marcy m’adresse ses vœux très affectueusement.
3 . Le Comte Baraudon nous amène avec son gazogène sa grand’mère, sa femme, le ménage Henry de Martimprey et Guy. Je vends deux vaches de Tâches à Thévenet 11 frs le kilo poids vif. Marie Bertelot qui est une ivrogne invétérée va jusqu’à boire mon eau de Cologne dans mon cabinet de toilette.
4 . Dimanche La campagne est idéalement belle, les arbres entièrement couverts de givre forment un décor féérique. J’entreprends à 3 hommes de Moiry, Gilbert, Mangote et Fassier la façon des cordes de bois de chauffage qu’ils feront avec l’écornage des neufs ormes dont j’ai vendu la bille à Jaquelin. Je partagerai avec eux par moitié le nombre de cordes qu’ils auront fait. Les miennes auront o,6o et les leurs o,66 de longueur. Cartes de Simone Jourdier et d’Hervé, mon petit-fils m’écrit fidèlement toutes les semaines.
5 . pluie Je fais des margotines avec mon jardinier. À 6 h du soir, téléphone ! c‘est Édith qui de Nevers nous annonce qu’elle est arrivée chez Madame de Sansal où elle dînera et couchera et demande comment elle pourra venir demain, avec joie, nous aviserons.
Épiphanie Clostre, garagiste à St Pierre, conduisant avec son gazogène des fermiers au concours agricole de Nevers, a pu nous amener Édith et à midi, j’ai pu embrasser ma chère fille qui a bien des choses à nous conter après 14 mois de séparation.
7 .-5° Comme c’est le jour où l’on trouve du tabac à St Parize, les Pierre de Rouville viennent chercher le mien et en profitent pour goûter. Suzanne, par reconnaissance, nous donne souvent du sucre.
8 . neige Édith et Marcelle vont à Nevers par le car et à 6 h, je les vois revenir accompagnée de Cécile venue de Rennes en passant par Tours où elle a couché chez les Villeneuve. J’ai donc eu la joie de dîner avec mes trois filles, joie sur laquelle je n’osais guère compter. Visite du ménage du Passage venu pour demander à notre curé de prendre leur fils en pension.
9 . neige Il tombe une forte couche de neige, ce qui n’empêche pas Jacques de venir à pied goûter avec mes filles. Je monte du bois et j’entretiens quatre feux. Nous déjeunons dans le vestibule où il fait vraiment bon.
1o . neige La couche augmente et l’on marche très difficilement sur les routes. Marcelle va tout de même à Moiry . Godemel, mon locataire de chasse, me souhaite la bonne année.
11 . -9° Dimanche Il gèle si fort qu’on ne peut pas ouvrir une des fenêtres de la salle à manger, mais dans le vestibule où nous prenons nos repas, il fait bon grâce au poêle que j’entretiens sans arrêt et qui va creuser fortement mon bûcher. Je lis ma messe au coin du feu, et mes filles vont à la messe à pied, Cécile avec mes grosses bottes.
12 . -14° Il fait vraiment froid et le paysage est féérique. Jacques vient manger avec nous la dinde rôtie. Je reçois une carte d’Hervé du 27 et une autre du 3o, ils vont bien, mais ils n’ont pas chaud.
13 . -17° Mes deux pompes sont gelées(intérieur et extérieur). Heureusement, dans le vestibule où nous prenons nos repas, il fait bon. Guite de Sansal m’envoie une paire de gants fourrés de sa confection, ils arrivent à propos. À ( h du soir arrive une dépêche signée Clayeux ainsi conçue : Yvonne arrivera Marseille 23 janvier direction Buttavent.
14 . -6° Je suis tout lourd au réveil, et j’ai les jambes en coton ; je garde le coin du feu en faisant des allumettes en papier et en lisant Paris-Centre qui a réduit son format. Nuit bonne, je fais des piqures d’ancoline.
15 . o° Carte de Dédette du 8, de Geneviève du 7 Ils vont bien. Madame de Sansal et M.A. du Verne viennent déjeuner par le car. Le colonel nous envoie un sac d’excellents fruits confits.
16 . o° mon Rosaire. Suzanne Le Sueur vient goûter et nous raconte que son fils est allé le 26 Décembre danser chez les Bardin, et que la fête a fini au jour, c’est-à-dire à 9 h du matin et qu’il a rencontré Chantal du Part dans les salons. Ne sachant pas à qui il avait à faire, il lui a demandé si elle était la fille de Dupart, le marchand de vaches, ce qui n’aurait pas été extraordinaire dans cette maison-là.
17 . o° J’ai la tristesse de voir partir ma chère Cécile qui ne peut pas abandonner plus longtemps Rennes, où elle a de nombreuses occupations, tout particulièrement au secours
+ 2 national, dont elle est un des gros bonnets. Édith l’accompagne jusqu’à Nevers d’où elle revient dans le gazogène des Le Sueur. Un semblant de dégel. Gonin me paye le solde de 1941 de son loyer de la maison.
18 . Dimanche -3° Il regèle et les routes sont verglacées. Je lis ma messe au coin du feu et mes filles vont à pied à St Parize. Le Lt de Lary est nommé Capitaine à Montluçon où sa femme viendra le rejoindre s’il trouve un appartement.
19 . -4° Journée maussade, sans histoire.
2o . -5°, neige Forte couche de neige, Marcelle voulait qu’Édith retarde son départ et télégraphie à la commandantur pour obtenir une prolongation, ce n’était pas mon avis, ni le sien du reste, aussi à 1h¼, nous sommes montés dans la camionnette de Philippe Moine et je l’ai accompagné à la gare de St Pierre où elle a pris un train qui a dû la déposer à la gare de Varennes où j’espère qu’Edmond a pu venir la chercher, car elle voulait en passant voir sa tante pendant 48 h. Quant à moi, comme Moine allait Nevers chercher Madame Soulat, j’en ai profité pour montrer mon bandage à Archambault qui a trouvé tout en bon état.
21 .-12° Carte d’Yvonne, son mari l’embarque aujourd’hui à Oran, destination de Marseille d’où elle ira passer 15 jours à Buttavent, et de là à Bulhon. Si nous avons ce matin -12° dehors, il y en a 11 dans la pièce où j’écris tandis qu’il n’y en a que 7 dans celle où se tient Yvonne à Oujda. Marcelle va au Veurdre, emmenée par Jean Le Sueur et son gazogène. Un avion que je suppose Anglais, laisse tomber sur la maison pendant la nuit, une feuille de papier dans laquelle on reproduit un discours prononcé par Churchill au Canada, dans lequel il abîme le Maréchal et chante les louanges du Général de Gaulle.
22 .-18° On signale – 24° un peu partout. Le froid s’accentue et si les arbres couverts de givre font un spectacle magnifique sous les rayons d’un beau soleil, ce temps est bien triste pour les nombreuses personnes qui n’ont pas de bois, et je pense à Yvonne qui navigue entre Oran et Marseille, peut-être dans une cabine sans feu. Philippe du Passage, qui est en pension chez notre Curé déjeune avec nous et fait grand honneur à la purée de pommes de terre et au lapin de garenne acheté aux Le Sueur.
23 .-18° On dit qu’à St Parize, on a enregistré jusqu’à -22°. Il y a une chose certaine, c’est que nos cabinets sont gelés et qu’en versant de l’eau chaude sur la soupape, je n’ai pas pu la faire fonctionner. Lettre de Cécile qui a fait un bon retour. Carte d’Yvonne qui a dû arriver aujourd’hui à Marseille. Jacques vient goûter à pied.
24 . +4° Hier -18°,aujourd’hui +4°, est-ce le vrai dégel ? Je le souhaite, il est temps. À 3 h, téléphone de Geneviève de Moulins nous apprenant qu’une dépêche des Cotton, cousins des Valence, datée de Marseille, adressée aux Gouttes dit qu’Yvonne a fait une bonne traversée, j’en rends grâce à Dieu. Édith reste aux Gouttes jusqu’au 27, attendant que les routes deviennent praticables.
25 . Dimanche,+4° C’est le troisième où je ne peux pas aller à la messe à cause de l’état des routes. Dans la nuit, J. Cherut a une congestion, le médecin de Magny appelé trouve son état grave, je le téléphone à son fils à Vendôme. Mr le Curé venu pour l’administrer me fait une visite.
26 .-2° Mauvais dégel, chemins encore impraticables. Nous recevons de Tlemcen une boite d’excellentes dattes en même temps qu’une carte d’Hervé. Antoine Cherut arrive pour voir son père dont l’état ne s’améliore pas. Philippe Moine lui a pris 190 frs pour l’amener de Nevers avec sa camionnette, c’est exagéré.
Lettre de Roger de La Brosse, c’est la quatrième fois que nos missives se croisent. Sangliers et renards les dévorent. Son beau-frère Parent est mort, Anne hérite de ¼ de sa fortune plus considérable qu’on osait l’espérer.
27 .-8° Le docteur Robet, qui a 72 ans vient voir Chérut qui n’a plus que qq jours à vivre. Avant-hier, le Grec qui exerce la médecine à Magny, lui a vendu pour 45 frs de remèdes inutiles. Robet prend ma tension qui est tout à fait normale 18 . Jacques vient nous voir pendant que Marcelle est à Planchevienne où les Rouville ont 3 degrés dans leur chambre. On m’apporte de la gare un colis envoyé par Madame Brucy, l’amie des Riberolles contenant dix superbes casseroles en aluminium, pour monter un jour le ménage de mes petites filles.
28 .+1° Jeanne de Mollins envoie 12 mandarines à Marcelle en remerciement de tout le ravitaillement qu’elle lui expédie. Jacques déjeune avec nous et part ensuite avec Marcelle pour Buy voir la bonde de l’étang qu’Antoine a fait faire ces années dernières dans le pré Montifaut qu’Henri avait acheté à la Marquise de Sigy. Marcelle veut mettre une bonde métallique à la pièce d’eau Américaine des Chaumes Vieilles. Je l’y encourage. Ils reviennent par St Pierre et Fontallier où ils voient Nicole de Rubercy qui a laissé mari et enfants à Châteauroux. Lettre d’Hervé.
29 .+2° Paris-Centre annonce la mort de Madame Samuel de Thé, née de Lima et Madame Marcel de Chalvron, née Marion. J’ai la visite des Château, le père me demande à ne plus figurer sur le bail en nom, je le lui accorde bien volontiers, ses deux fils sont assez riches pour être responsables du paiement.
3o . Le garde-champêtre m’apporte une circulaire à remplir dans laquelle il faut indiquer le nombre d’hectares de bois vous appartenant, leurs noms, leur âge, je déclare 83 hectares. Lettre de Cécile. Chérut toujours même état. On a vendu ces jours-ci à Nevers aux enchères, les meubles, bijoux, argenterie, fourrure d’une ½ mondaine, Mlle Barriau que j’ai connue femme de chambre dans une maison amie, ses héritiers ont dû être agréablement surpris, car la vente a dépassé deux millions et que l’argent n’a pas de couleurs. Sur les 3 h du soir, je suis tout patraque, j’ai le cœur sur les lèvres et je me couche sans dîner.
31 . Nuit assez bonne, Marcelle voudrait que je me purge, je résiste, bien m’en a pris, car une purgation naturelle et abondante se produit pendant 24h.
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