25.3.10

FÉVRIER1942

1er. Dimanche, neige C’est le quatrième où je ne vais pas à la messe , les 3 premiers à cause du mauvais temps, celui-ci parce que je suis encore vaseux. Je déjeune avec un peu de riz. Les Pierre de Rouville viennent manger une Lizen-tarte à laquelle ils font grand honneur.

La Chandeleur, neige -4° Edmond Clayeux a aujourd’hui 63 ans, étant né le 2 Février 1879. Nous devions chasser un sanglier ce jour-là, la chasse a été remise ; je lui en ai voulu, mais je lui ai bien pardonné depuis, car j’ai beaucoup d’affection pour lui et je suis sûr qu’il me le rend bien. Carte d’Yvonne de Boutavent où elle est arrivée à très bon port, elle compte en partir le 1o et passer par les Gouttes pour gagner Bulhon, d’où elle doit venir nous voir si elle peut obtenir un laissez-passer. On dit à Moulins que Monsieur de Praingy, beau-père Grandpré, est mort de froid.

3 .-13° La Comtesse de Dougermain meurt à 85 ans dans sa propriété de Veninge où elle vivait bien tristement depuis longtemps et qu’elle laisse à un de ses neveux de Rosemont. Mon pauvre vieux Chérut s’éteint à 3h du soir après être resté 1o jours dans le coma et 75 ans sur la terre de Tâches. Il n’avait que des amis. Il passait pour un guérisseur et on venait le chercher aussi bien pour guérir une entorse chez un humain que le charbon chez un bœuf.

4 .+2° Marcelle passe une partie de la nuit près du mort que l’on a revêtu de ses plus beaux habits. Le ménage Chicon vient la remplacer. Il est aussi de coutume en Morvan de mettre une pièce de monnaie dans la main du mort. Madame Thierry me coupe les cheveux, ce n’est pas sans besoin. Il dégèle un peu.

5 .-4° Encore le froid, c’est terrible, mais cela n’empêche pas Marcelle qui va à Nevers par le car, elle le manque au retour et revient par le train. Je donne de l’eau bénite à mon pauvre vieux Chérut.

6 .-4° Enterrement de mon pauvre vieux Chérut, auquel j’ai le grand regret de ne pouvoir assister, mais les chemins sont impraticables et mon âne ne tiendrait pas debout. Il y avait beaucoup de monde. Téléphone d’Edmond qui me dit qu’Yvonne viendra aux Gouttes le 11 et qu’il la conduira à Vichy le 13 où elle prendra un taxi pour la mener à Bulhon.

7 .-4° Journée morne, triste et froide. J’apprends que l’autre nuit, à 3h la voiture de l’hôpital est venue chercher ma métayère des Petites Granges. Que peut-elle bien avoir ? La servante, négresse, garde les cinq petits enfants.

8 .-7°, Dimanche Le cinquième où je manque la messe. Paulette Le Sueur passe nous voir en en revenant, elle a le bagout de son père. Jacques vient goûter. À St Parize, réunion de tous les agriculteurs sur la convocation de Roger de Bouillé, en vue de nommer un syndic pour la corporation agricole du Département. Il est venu environ 15o personnes, on est allé aux voix, Montrichard en a eu 8, et Bouillé 11o. C’est un gros échec pour le Maire qui ne devait pas s’attendre à cela. J’ai bien regretté de ne pouvoir aller à cette réunion, mais les chemins sont si verglacés que mon âne n’aurait pu m’y conduire. Michel va voir sa femme à l’hôpital, sa température n’a pas baissé, mais mon cheptel est bien mal soigné.

9 .-1o° Je vais faire une visite d’adieu à la pauvre Anne Chérut qui est bien triste de quitter Tâches. Je calcule que pendant les 47 ans qu’elle a habité la maison du Pied Prot, qui est séparée de 3oo m de la pompe où elle venait chercher sa consommation d’eau journalière, elle en a monté 7oo ooo litres. Téléphone : l’abonnement annuel qui était de 25o frs passe à 5oo.

1o .-7° Le Baron et la Baronne d’Ambly de Lavalée de Levancourt nous font part du mariage de leur fils Jean, ingénieur, avec Mlle Monique de Las Cases, fille de Philippe, avocat à la cour d’appel. Ce Jean, prisonnier en Allemagne, avait réussi à s’évader. Je vais faire une tournée chez Gonin, qui me demande un morceau de terrain à cultiver dans les baraques. Je vais lui donner. L’abonnement au téléphone qui était de 25o frs passe à 5oo.

11 .+1° Il dégèle un peu. Lettre de Cécile qui dit que son beau-père a les jambes enflées et ne peut plus sortir.

12 . -7° Le froid augmente. Madame Philibert Tardy de St Benin des Bois, cousine des Chérut, et qui était venue soigner Joachim avec un grand dévouement, ferme la maison et la quitte en me laissant les clefs. Marcelle déjeune chez les Le Sueur. J’envoie des bonnés à la veuve Chenut, de Moiry, qui a trois fils prisonniers et qui est bien malheureuse.

13 .-o°,Vendredi, Semblant de dégel, les chemins très mauvais entre mes domaines.

14 .-5° Il regèle sévèrement, ce qui est fâcheux pour nos terres des craies. Yvonne a dû arriver hier à Bulhon sans passer par les Gouttes comme elle le devait, nous écrit Marguerite Clayeux. Les communications interdites entre les deux zones est terrible.

15 .-4°Dimanche Je vais à la messe bien que les chemins soient encore bien glissants, dans la nef, 1o femmes et 12 hommes, il est vrai que beaucoup se réservent pour venir enterrer à 2h½ le père Basset et à 4h½ Sabourain, ancien maître d’armes à Paris. Marcelle va à Planchevienne.

16 . mon Rosaire Cécile nous envoie du beurre qui est le bienvenu, car il est introuvable ici. J’avais écrit à Tourrand, maire d’Onlay, pour avoir des pommes de terres de semence, car si on veut en récolter, il faut changer de variétés tous les ans, il ne peut pas m’en procurer. Couché à 11 h du soir, je ne me suis réveillé qu’à 9 h contrairement à certaines nuits. J’ai la visite de deux employés de la Sté Gale de Nevers qui font faire à Marcelle un arbitrage.

Fin du 22éme cahier

1 commentaire:

EDITH a dit…

Chérut ,Chenut ??? on s'y perd...