1 Marcelle devant aller à Rennes et emmener Kiki pour qu’elle voit sa grand mère et son arrière grand père, dans l’impossibilité de trouver un véhicule pour la conduire à la gare de Nevers emprunte un moyen de fortune. Elle monte sur sa bicyclette, le jardinier sur la sienne avec Kiki sur le guidon et en route. C’est de la folie. Avant de partir Marcelle voulant savoir ce que le Dr pensait de ma jambe, prie Jean Le Sueur d’aller chercher Robet qui n’a pas d’essence. Il dit que ma jambe a un peu d’infection et qu’il faut continuer les compresses avec les jambes étendues. Je me couche après dîner.
2 Jeudi Saint. Hier le voyage à Nevers s’est bien effectué et les voyageuses ont trouvé en seconde une place pour s’assoir. Miette revient de la Belouze à 8 heures. Elle va à la messe de communion des femmes qui est très longue. J’ai une lettre intéressante de Roger de La Brosse. Je me lève tard pour laisser reposer ma jambe qui ne m’a pas fait mal, mais elle est plus enflée qu’hier. Nous déjeunons dans le petit salon et toutes les deux heures on me met des compresses chaudes, sauf la nuit.
3 Vendredi Saint. J’ai bien dormi, mais au réveil mes chevilles sont encore bien enflées. Je reçois une lettre de Marcelle qui a fait bon voyage jusqu’à Paris où elle a subi un bombardement des Anglais sur Passy. Les La Brosse lui ont donné l’hospitalité avec joie. Ils n’ont toujours pas de domestique. Lettre de Cécile qui vient d’être élevée à la dignité de sous déléguée du Secours National pour Rennes et l’arrondissement. C’est très flatteur. Chemins de la Croix à 4 h à Moiry, à 9 h ½ à St Parize. Nombreuse assistance.
4 Samedi Saint. J’ai bien dormi, lever à 10h ½, mes chevilles toujours enflées, mais la jambe moins raide. Lettre d’Edith et Hervé. Guite de Sansal passe la journée avec nous. Maurice en vacances à Buy m’amène en visite sa mère sa femme et ses filles. A 9 h ½ du soir Marcelle nous téléphone qu’elle a fait bon voyage, c’est tout ce qu’on a pu comprendre tellement il y a de la friture dans l’appareil.
5 Pluie. Pâques. Une centaine d’hommes ou jeunes gens, me dit Miette communient. J’ai bien dormi et je marche plus facilement. Pendant que ma cuisinière assiste à la Grande messe, ma petite fille me prépare un excellent poulet à la crème et une salade de pommes de terre. Madame Brucy lui téléphone de Paris, que les journaux ne le disent pas, mais que l’on est sans cesse bombardé. J’ai la visite de mon curé qui est bien courageux pour promener ses 70 ans.
6 Lundi. Lettre de Cécile qui me dit que les voyageuses ne sont arrivées qu’à 3 h du matin, Marcelle ayant manqué le premier train. Pendant la nuit passée à Paris, elles ont subi le bombardement qui n’a pas réveillé Kiki. M. de Rubercy est mort à la suite d’une insolation attrapée dans le Thabor où il s’était endormi. Aujourd’hui Cécile doit conduire sa sœur à Vitré chez sa grande amie d’Héliaut et Mme Le Gonidec et demain la faire déjeuner avec Henriette de Bouillé La Villarmois. J’ai la visite de Louise Vaillot qui m’apporte l’argent du bois que j’ai vendu à sa tante à Nevers. Son père qui travaille chez M. Demay à Roussy, lui a dit qu’il avait perdu 20 veaux sur 24 de l’avortement. La fille aînée de Renaud du Lieu Maslin m’apporte à signer des pièces parce qu’il veut installer un concasseur électrique dans son domaine, à ses frais. Cela prouve qu’il fait ses affaires.
7 Orage, pluie. Je dors pendant 12 h, mais au réveil la cheville gauche est encore enflée et je m’appuie difficilement sur ma jambe. Mon métayer Roy de Calot va à la Ferté chercher des pommes de terre de semence 500 K à 300, coût 1500 F. Si on ne change pas de variétés tous les ans on ne peut pas en récolter. Les Le Sueur emmènent Miette à un gouter à la Belouze où ils trouvent nombreuse assistance, les Massias, du Part, de Barrau, de Sansal, 4 enfants Damas, Henriette de Ganay, Férol, buffet somptueux, rien des restrictions.
8 J’ai bien dormi mais ma jambe est toujours très sensible quand je suis debout. Avant-hier, Jean Le Sueur est allé à un bal au Salay chez les Gromolart où on a dansé toute la nuit, il y avait un buffet encore plus beau qu’à la Belouze. Les filles d’Antoine Robert viennent chercher un sac que l’ainée avait oublié ici lundi. Elles me disent que lors de l’achat de l’île verte, elles avaient pris chacune une action de huit cent francs qui venait de leur être remboursée pour sept mille. J’ai la visite de Madame Le Sueur.
9 Bonne nuit. Jambe sans amélioration. Robet dit de remplacer les enveloppements humides par des secs. Ça peut durer longtemps. Lettre de Marcelle, ravie de son séjour à Rennes. Cécile est heureuse de la promener chez toutes ses amies à la campagne d’où elles raportent des provisions comme des sœurs quêteuses, chez les Freslon, les Farcy, les Saint-Germain, etc. Desfossé - Mornay, m’envoie des griffes d’asperges.
10 Jambe sans changement. Le colonel d’Assigny est à la clinique Rollin depuis huit jours à cause de sa prostate, il ne veut pas qu’on le sache et désire voir personne. Guite Le Sueur déjeune avec nous et sa sœur vient la rejoindre après midi pour écrire les programmes de la comédie que les scouts doivent jouer dimanche à Moiry. Paulette nous fait entendre une jolie voix accompagnée par Miette. Je ne lui connaissais pas ce joli talent. A trois heures, j’ai la joie de voir revenir Marcelle et Kiki, celle-ci sur le guidon de mon jardinier. Leur voyage s’est passé sans accroc et Cécile a été heureuse de présenter sa sœur à toutes ses bonnes amies à la campagne et à Vitré, à Lolotte d’Hélian et de la faire déjeuner avec Henriette de La Villarmois (née de Bouillé) qui habite près du mont Saint Michel. Les La Brosse les ont hébergées à l’aller et au retour. C’est Joséfa qui fait tout le boulot, car ils n’ont pas le moindre domestique. Miette dîne à Villars et rentre à nuit noire, trop noire à mon gré, comme si la paix était revenue.
11 Jambe peut être un peu moins rouge. Les Le Sueur emmènent Miette à Nevers de bonne heure et en revient à une heure par le car, accompagnée par Edme et Odet de Villaines avec lesquels elle repart à trois heures et demie pour aller goûter à Chevenon. Elle en revient avec Paule qui reste dîner et coucher avec Miette dans la chambre au dessus de la mienne, et à minuit, elles causaient encore. Paule a un corsage rouge sang et dans les cheveux un turban même couleur, telle une carmagnole. Cécile partant pour Paris, le mois dernier le docteur Patey, commissaire général à Rennes pour le Secours National, lui donne à porter la lettre suivante : « M. le Commissaire Général, je vous serais reconnaissant, s’il vous était possible, de recevoir le porteur de cette lettre, Madame Banéat, veuve d’un officier tué en 1914, trésorière de la L.P.D.F. d’Ille et Vilaine qui apporte au Secours National un immense dévouement, une compétence sans égale et un doigté précieux. Mme Banéat dirige bénévolement le vestiaire du Secours National depuis deux ans et je serais heureux que M. le Président Pichat veuille bien l’agréer comme sous-déléguée pour l’arrondissement de Rennes, ce qui en lui donnant officiellement le rôle que je lui demande d’accomplir officieusement à mes côtés, soulagerait très sensiblement le délégué départemental. »
Cette fonction de sous-déléguée est la plus élevée qu’une femme puisse avoir au S.N. Je suis très fier de l’honneur que l’on fait à ma fille, dont j’admire le dévouement car sa fonction est très astreignante et pas du tout lucrative. Son président à Rennes, M. Huguet touche trente mille francs par an.
Une heure avant le coucher du soleil, une dizaine de scouts nous arrivent et couchent les uns sous la tente dans le parc, les autres dans le bureau sur de la paille.
12 Jambe un peu moins rouge mais toujours enflée. Branle bas de bonne heure, tout le monde va à la première messe, pour avoir le temps d’organiser le théâtre dans l’école de Moiry où les scouts doivent jouer la comédie. Présence de douze scouts, cinq déjeunent chez les Le Sueur, et les sept autres ici. A trois heures, la réunion commence et les acteurs obtiennent un plein succès. Les enchères américaines un non moins grand, aussi la recette totale se monte à trois mille six cent francs. On pourra gâter les prisonniers de Moiry.
13 Robet venu me voir, trouve que ma jambe ne va pas plus mal, mais que j’en ai bien encore pour quinze jours. Cela s’appelle du purpura rhumatoïde. Après lui, j’ai le ménage Pierre de Rouville. Ils sont bien aimables. Ils vont partir samedi pour passer quelques jours dans la capitale. Je dîne dans la salle à manger.
14 Ma jambe va un peu mieux et me permet d’aller à pied jusqu’aux wc. J’ai la visite de Melle Thonnier et ensuite des Antoine Robert. Je mange un plat de morilles ramassées par Marcelle dans le Clou, angle Nord Est.
15 Miette et Kiki nous quittent, elles prennent le train à Saint Pierre à 12h43 direction de Vichy. Cela va faire un grand vide dans la maison. Yvonne doit rentrer le dix sept à la clinique de Clermont. Miette l’accompagnera. Dufour m’apporte nos sous-seings de ventes de bois, il est accompagné de Chassagnon de Chantenay qui est son commis. Je lui dis que je prendrais dans le bois de Tassin une grand corde de plus que les six petites retenues et que je la lui paierai. Il fera abattre à l’automne l’orme du Pré de la Joie.
16 Marcelle déjeune à Planchevienne. J’ai une carte de Jean de Valence écrite de Tlemcen où il est allé passer quatre jours chez Hervé et une de Simone Jourdier qui rentre à Temara avec sa petite Solange qui a cruellement souffert de son opération à la jambe. Elle devra pendant quelque temps marcher avec des béquilles. Cheveux.
17 Gelée blanche. Yvonne entre aujourd’hui à la clinique de Clermont. Ma jambe toujours enflée sur les chevilles, mais moins rouge. Marie Thérèse Clayeux téléphone pour dire qu’hier soir Edith leur avait téléphoné pour dire que Miette et Kiki était bien arrivées et qu’Hervé n’aurait sa permission en juin, de le faire savoir à Mme de Sansal pour le cas où elle voudrait toujours aller les voir. Mme de Rolland du Lon envoi deux cents petites carpes miroirs à Marcelle. Vente aux enchères du cheptel Brissart à Mont. Les vaches à veaux moyennes s’adjugeaient à six mille cinq cents francs. J’en vends trois de Callot avec leurs veaux sept mille pièce, à Robinot, propriétaire de Mont. Brissart ne monte pas en grade, il devient métayer de Moreau au Bourg.
18 Je reçois trois photos d’Hubert de Riberolles dans les bras de ses parents, cela fait vibrer mon arrière grande paternité. Mais ce n’est pas joli joli.
2 Jeudi Saint. Hier le voyage à Nevers s’est bien effectué et les voyageuses ont trouvé en seconde une place pour s’assoir. Miette revient de la Belouze à 8 heures. Elle va à la messe de communion des femmes qui est très longue. J’ai une lettre intéressante de Roger de La Brosse. Je me lève tard pour laisser reposer ma jambe qui ne m’a pas fait mal, mais elle est plus enflée qu’hier. Nous déjeunons dans le petit salon et toutes les deux heures on me met des compresses chaudes, sauf la nuit.
3 Vendredi Saint. J’ai bien dormi, mais au réveil mes chevilles sont encore bien enflées. Je reçois une lettre de Marcelle qui a fait bon voyage jusqu’à Paris où elle a subi un bombardement des Anglais sur Passy. Les La Brosse lui ont donné l’hospitalité avec joie. Ils n’ont toujours pas de domestique. Lettre de Cécile qui vient d’être élevée à la dignité de sous déléguée du Secours National pour Rennes et l’arrondissement. C’est très flatteur. Chemins de la Croix à 4 h à Moiry, à 9 h ½ à St Parize. Nombreuse assistance.
4 Samedi Saint. J’ai bien dormi, lever à 10h ½, mes chevilles toujours enflées, mais la jambe moins raide. Lettre d’Edith et Hervé. Guite de Sansal passe la journée avec nous. Maurice en vacances à Buy m’amène en visite sa mère sa femme et ses filles. A 9 h ½ du soir Marcelle nous téléphone qu’elle a fait bon voyage, c’est tout ce qu’on a pu comprendre tellement il y a de la friture dans l’appareil.
5 Pluie. Pâques. Une centaine d’hommes ou jeunes gens, me dit Miette communient. J’ai bien dormi et je marche plus facilement. Pendant que ma cuisinière assiste à la Grande messe, ma petite fille me prépare un excellent poulet à la crème et une salade de pommes de terre. Madame Brucy lui téléphone de Paris, que les journaux ne le disent pas, mais que l’on est sans cesse bombardé. J’ai la visite de mon curé qui est bien courageux pour promener ses 70 ans.
6 Lundi. Lettre de Cécile qui me dit que les voyageuses ne sont arrivées qu’à 3 h du matin, Marcelle ayant manqué le premier train. Pendant la nuit passée à Paris, elles ont subi le bombardement qui n’a pas réveillé Kiki. M. de Rubercy est mort à la suite d’une insolation attrapée dans le Thabor où il s’était endormi. Aujourd’hui Cécile doit conduire sa sœur à Vitré chez sa grande amie d’Héliaut et Mme Le Gonidec et demain la faire déjeuner avec Henriette de Bouillé La Villarmois. J’ai la visite de Louise Vaillot qui m’apporte l’argent du bois que j’ai vendu à sa tante à Nevers. Son père qui travaille chez M. Demay à Roussy, lui a dit qu’il avait perdu 20 veaux sur 24 de l’avortement. La fille aînée de Renaud du Lieu Maslin m’apporte à signer des pièces parce qu’il veut installer un concasseur électrique dans son domaine, à ses frais. Cela prouve qu’il fait ses affaires.
7 Orage, pluie. Je dors pendant 12 h, mais au réveil la cheville gauche est encore enflée et je m’appuie difficilement sur ma jambe. Mon métayer Roy de Calot va à la Ferté chercher des pommes de terre de semence 500 K à 300, coût 1500 F. Si on ne change pas de variétés tous les ans on ne peut pas en récolter. Les Le Sueur emmènent Miette à un gouter à la Belouze où ils trouvent nombreuse assistance, les Massias, du Part, de Barrau, de Sansal, 4 enfants Damas, Henriette de Ganay, Férol, buffet somptueux, rien des restrictions.
8 J’ai bien dormi mais ma jambe est toujours très sensible quand je suis debout. Avant-hier, Jean Le Sueur est allé à un bal au Salay chez les Gromolart où on a dansé toute la nuit, il y avait un buffet encore plus beau qu’à la Belouze. Les filles d’Antoine Robert viennent chercher un sac que l’ainée avait oublié ici lundi. Elles me disent que lors de l’achat de l’île verte, elles avaient pris chacune une action de huit cent francs qui venait de leur être remboursée pour sept mille. J’ai la visite de Madame Le Sueur.
9 Bonne nuit. Jambe sans amélioration. Robet dit de remplacer les enveloppements humides par des secs. Ça peut durer longtemps. Lettre de Marcelle, ravie de son séjour à Rennes. Cécile est heureuse de la promener chez toutes ses amies à la campagne d’où elles raportent des provisions comme des sœurs quêteuses, chez les Freslon, les Farcy, les Saint-Germain, etc. Desfossé - Mornay, m’envoie des griffes d’asperges.
10 Jambe sans changement. Le colonel d’Assigny est à la clinique Rollin depuis huit jours à cause de sa prostate, il ne veut pas qu’on le sache et désire voir personne. Guite Le Sueur déjeune avec nous et sa sœur vient la rejoindre après midi pour écrire les programmes de la comédie que les scouts doivent jouer dimanche à Moiry. Paulette nous fait entendre une jolie voix accompagnée par Miette. Je ne lui connaissais pas ce joli talent. A trois heures, j’ai la joie de voir revenir Marcelle et Kiki, celle-ci sur le guidon de mon jardinier. Leur voyage s’est passé sans accroc et Cécile a été heureuse de présenter sa sœur à toutes ses bonnes amies à la campagne et à Vitré, à Lolotte d’Hélian et de la faire déjeuner avec Henriette de La Villarmois (née de Bouillé) qui habite près du mont Saint Michel. Les La Brosse les ont hébergées à l’aller et au retour. C’est Joséfa qui fait tout le boulot, car ils n’ont pas le moindre domestique. Miette dîne à Villars et rentre à nuit noire, trop noire à mon gré, comme si la paix était revenue.
11 Jambe peut être un peu moins rouge. Les Le Sueur emmènent Miette à Nevers de bonne heure et en revient à une heure par le car, accompagnée par Edme et Odet de Villaines avec lesquels elle repart à trois heures et demie pour aller goûter à Chevenon. Elle en revient avec Paule qui reste dîner et coucher avec Miette dans la chambre au dessus de la mienne, et à minuit, elles causaient encore. Paule a un corsage rouge sang et dans les cheveux un turban même couleur, telle une carmagnole. Cécile partant pour Paris, le mois dernier le docteur Patey, commissaire général à Rennes pour le Secours National, lui donne à porter la lettre suivante : « M. le Commissaire Général, je vous serais reconnaissant, s’il vous était possible, de recevoir le porteur de cette lettre, Madame Banéat, veuve d’un officier tué en 1914, trésorière de la L.P.D.F. d’Ille et Vilaine qui apporte au Secours National un immense dévouement, une compétence sans égale et un doigté précieux. Mme Banéat dirige bénévolement le vestiaire du Secours National depuis deux ans et je serais heureux que M. le Président Pichat veuille bien l’agréer comme sous-déléguée pour l’arrondissement de Rennes, ce qui en lui donnant officiellement le rôle que je lui demande d’accomplir officieusement à mes côtés, soulagerait très sensiblement le délégué départemental. »
Cette fonction de sous-déléguée est la plus élevée qu’une femme puisse avoir au S.N. Je suis très fier de l’honneur que l’on fait à ma fille, dont j’admire le dévouement car sa fonction est très astreignante et pas du tout lucrative. Son président à Rennes, M. Huguet touche trente mille francs par an.
Une heure avant le coucher du soleil, une dizaine de scouts nous arrivent et couchent les uns sous la tente dans le parc, les autres dans le bureau sur de la paille.
12 Jambe un peu moins rouge mais toujours enflée. Branle bas de bonne heure, tout le monde va à la première messe, pour avoir le temps d’organiser le théâtre dans l’école de Moiry où les scouts doivent jouer la comédie. Présence de douze scouts, cinq déjeunent chez les Le Sueur, et les sept autres ici. A trois heures, la réunion commence et les acteurs obtiennent un plein succès. Les enchères américaines un non moins grand, aussi la recette totale se monte à trois mille six cent francs. On pourra gâter les prisonniers de Moiry.
13 Robet venu me voir, trouve que ma jambe ne va pas plus mal, mais que j’en ai bien encore pour quinze jours. Cela s’appelle du purpura rhumatoïde. Après lui, j’ai le ménage Pierre de Rouville. Ils sont bien aimables. Ils vont partir samedi pour passer quelques jours dans la capitale. Je dîne dans la salle à manger.
14 Ma jambe va un peu mieux et me permet d’aller à pied jusqu’aux wc. J’ai la visite de Melle Thonnier et ensuite des Antoine Robert. Je mange un plat de morilles ramassées par Marcelle dans le Clou, angle Nord Est.
15 Miette et Kiki nous quittent, elles prennent le train à Saint Pierre à 12h43 direction de Vichy. Cela va faire un grand vide dans la maison. Yvonne doit rentrer le dix sept à la clinique de Clermont. Miette l’accompagnera. Dufour m’apporte nos sous-seings de ventes de bois, il est accompagné de Chassagnon de Chantenay qui est son commis. Je lui dis que je prendrais dans le bois de Tassin une grand corde de plus que les six petites retenues et que je la lui paierai. Il fera abattre à l’automne l’orme du Pré de la Joie.
16 Marcelle déjeune à Planchevienne. J’ai une carte de Jean de Valence écrite de Tlemcen où il est allé passer quatre jours chez Hervé et une de Simone Jourdier qui rentre à Temara avec sa petite Solange qui a cruellement souffert de son opération à la jambe. Elle devra pendant quelque temps marcher avec des béquilles. Cheveux.
17 Gelée blanche. Yvonne entre aujourd’hui à la clinique de Clermont. Ma jambe toujours enflée sur les chevilles, mais moins rouge. Marie Thérèse Clayeux téléphone pour dire qu’hier soir Edith leur avait téléphoné pour dire que Miette et Kiki était bien arrivées et qu’Hervé n’aurait sa permission en juin, de le faire savoir à Mme de Sansal pour le cas où elle voudrait toujours aller les voir. Mme de Rolland du Lon envoi deux cents petites carpes miroirs à Marcelle. Vente aux enchères du cheptel Brissart à Mont. Les vaches à veaux moyennes s’adjugeaient à six mille cinq cents francs. J’en vends trois de Callot avec leurs veaux sept mille pièce, à Robinot, propriétaire de Mont. Brissart ne monte pas en grade, il devient métayer de Moreau au Bourg.
18 Je reçois trois photos d’Hubert de Riberolles dans les bras de ses parents, cela fait vibrer mon arrière grande paternité. Mais ce n’est pas joli joli.

(c'est la qualité des photos qui n'est pas jolie jolie...)
Jeanne de Mollins qui est toujours la femme agréable par excellence déjeune avec nous. J’ai aussi la visite des P. de Rouville. Jeanne a eu comme moi du purpura rhumatoïde.
19 Dimanche. On fait le recensement des poules pour avoir à livrer des œufs aux boches. Pour la maison Marcelle en déclare 25. (mention marginale : 25 poules, soulignées 2 fois !). Je me couche sans dîner, à cause d’un dérangement d’estomac qui dure une partie de la nuit. A neuf heures, coup de téléphone, Yvonne a accouché hier soir d’une troisième fille. Tout va bien. Jamais deux sans trois dit le proverbe.
20 Pluie. Marcelle va au Veurdre d’où elle revient trempée, elle a pu téléphoner aux Gouttes, d’où elle a su qu’Yvonne allait bien.
21 Marcelle a tari l’étang américain des Chaumes Vieilles. Elle y prend dix kilos de carpes mises par Crotat et dix kilos des carpes provenant de chez d’Aramon l’année dernière. Elle envoie les grosses à Cécile, Monnier, Rouville, Le Sueur. Il faut les vendre chères pour retrouver l’argent que coûte l’empoissonnement venu de chez les Rolland. Deux cents petites carpes pesant dix sept kilos à trente cinq francs le kilo, soit six cent francs, ce qui fait ressortir chaque carpe de quatre-vingt cinq grammes à trois francs. A ce prix là, les étangs peuvent rapporter. Edith nous envoie des pommes comte. On plante mes pommes de terre dans la Varenne.
22 Je fais une promenade avec mon âne. Je n’avais pas mis le nez dehors depuis trois semaines. Mariage Candolle- de Lécluze.
23 D’où nous arrive, amené à Nevers par Nadaillac, Roger de La Brosse qui prend l’autobus et débarque ici pour déjeuner. Je suis bien aise de voir ce vieux germain, nous avons tant de choses à nous dire. Visite de Gabriel Mathieu, Roger le trouve très bien.
24 Mathieu emmène Marcelle à Nevers en auto. Elle en revient à bicyclette pour déjeuner. Je promène Roger dans ma voiture à âne.

25 Saint Marc. Anniversaire de Marcelle qui atteint aujourd’hui son demi-siècle. Je ne peux y croire. Hier, Roy a pris dans un aqueduc du pré de la Fontaine, trois petits renardeaux. Je le téléphone à Couturier qui arrive avec quatre bons chiens, lance la mère, et a la chance de la tuer. Mais combien restent-ils de ces mangeurs de volailles dans le pays ? et des sangliers ? on voit des pieds partout. Une carte d’Yvonne m’apprend que ma dernière petite fille s’appelle Aliette et qu’elle est superbe. Nadaillac envoie son auto chercher Roger que je vois partir avec regret. Ces trois jours passés ensemble m’ont été bien agréables.
26 Dimanche. Je vais à la première messe et je fais mes Pâques. Renaud du Lieu Maslin vient me voir pour une question d’électricité et il me paye d’avance son terme du 11 mai. Mon jardinier est malade. C’est Marcelle qui attelle mon âne, accouche la bretonne, rentre le veau, soigne les poules et les lapins, etc. J’admire son courage, c’est une campagnarde cent pour cent. Je demande à mon curé quel saint il faut invoquer quand je pense à Aliette, il n’en sait rien, moi non plus. J’ai la visite d’Antonin Moreau qui me dit que son neveu Livaut, fermier du Colombier, a vendu deux pouliches de trois ans cent mille francs, elles ne sont pas dressées.
27 Marcelle va faire une visite à Mme Barrière qui vit bien seule à Limoux. Je reprends un peu du poil de la bête.
28 Pluie bienfaisante. J’ai la visite de Chabret, électricien à Saint Pierre, qui me parle de se servir du ruisseau des Petites Granges pour produire l’électricité, c’est à voir. Lettre de Cécile qui nous annonce sa venue pour le 2 mai. Etienne Faulquier meurt à Avallon et est enterré ce jour à Cervon. C’était un charmant homme très dévoué aux bonnes œuvres. Il laisse trois filles et un fils fait prisonnier quelques jours après son mariage. Il avait soixante dix neuf ans.
29 Les Petites Sœurs des Pauvres passent, je leur donne un sac d’avoine et un billet. Je leur fait emporter cinquante kilos de blé à remettre à l’évêché, je l’avais mis de côté pour faire des hosties un jour où on en réclamait dans la semaine religieuse. Mes métayers me rentrent du bois d’orme. J’en ai une grosse provision. « Je suis partout » envoyé par Mollins m’a amusé un instant. Jean Le Sueur emmène Marcelle à Nevers avec son gazo. Elle passe au génie rural, où elle n’obtient pas beaucoup de consolation.
30 Jeudi. Massias allant à Moulins, nous laisse en passant sa femme et son amie Mme de Boissou, une jeune grand-mère très agréable. Nous faisons un long bridge et ces dames se régalent avec une galette à la farine de maïs. Il souffle un vent glacial.
1 commentaire:
mais non c'est peut-être toi qui n'es pas joli joli ,
puisqu'au mois de juin il écrit que tu es plus Sansal que Riberolles !!!
Enregistrer un commentaire