12.3.10

SEPTEMBRE 1941

1er . Les maçons quittent momentanément les Petites Granges pour venir à Callot. Lettre de Cécile et de Louis de La Brosse qui est plein d’espoir pour le succès des Anglais, et après !

2 . Nous avons la visite de nos très aimables voisins Mathieu.

3 . Mon rosaire. Marcelle goûte chez Suzanne Le Sueur. M.Thérèse Robert a acheté une voiture à 4 roues attelée à un poney, elle pourra le mettre en paire avec l’âne acheté depuis peu. Journée admirable. Mon fermier Gonin bat à la machine.

4 . Marcelle et Anne de Rouville piqueniquent sur la route en allant faire une visite à Dornes où il y a 23 personnes à nourrir pendant les vacances. Avec mon âne, je descends à la gare faire partir une caisse de légumes de 22 Kg adressé à Louis Monnier à Paris.

5 . Premier Vendredi du mois. Je communie. De Tâches, je livre 7 châtrons de 18 mois à Chevalier. Roy fauche la pelouse, ce qui arrive tous les 4 ou 5 ans. Antoine de Sansal vient aux provisions.
Avec mon métayer Roy de Callot, je fais l’évaluation de son cheptel parce que la mutuelle incendie nous paye raisonnablement la génisse tuée par la foudre
4 juments et 2 poulains 18 et 7 mois 15o ooo
18 vaches avec leurs veaux à 7ooo f 126 ooo
1 taureau 8 ooo
1 vache croisée 5 ooo
4 génisses 3o mois, pleines 2o ooo
7 génisses 18 mois à 4 ooo 28 ooo
4 cochons 5 ooo
342 ooo frs
Les dindes, oies et poules ont aussi une grosse valeur.

J’estime le cheptel de Tâches :
2 juments, 1 cheval & 1 poulain 1oo ooo
2o vaches avec 2o veaux 14o ooo
5 taures, 3o mois pleines 25 ooo
1 taureau 6 ooo
1 vache normande avec veau 8 ooo
3 cochons 2 ooo
3o1 ooo frs

Petites Granges :
2 juments, 1 poulain 55 ooo
13 vaches avec veaux 91 ooo
6 génisses 3o mois, pleines 36 ooo
5 génisses 18 mois à 4 ooo 2o ooo
1 taureau 5 ooo
4 cochons 4 ooo
211 000 frs

6 . pluie Je livre à la réquisition le taureau du domaine qui a fait ses 3 ans. Longue lettre d’Edmond, qui est désolé que les Riberolles aient vendu leur victoria à Madame de Montaigu, il aurait voulu l’avoir pour mener sa mère à la messe car le gazo n’a pas le droit de sortir le Dimanche.

7 . Dimanche Journée des prisonniers de guerre, à 9 h du soir, réunion à l’église heure sainte, dizaines de chapelets entrecoupées de pensées pieuses, bénédiction, chants, quête 11oo frs. Jacques de La Brosse vient prendre un canard pour Planchevienne.

8 . Fête de la Ste Vierge, je communie. Marcelle essaye en vain d’aller au Veurdre pour téléphoner à Édith. Les Boches de St Pierre deviennent de plus en plus difficiles pour accorder le passage dans la zone libre. Elle fait une visite à Buy et à Fri Cotage, où elle rencontre Marie Grincour. À 9 h du soir, coup de téléphone de M Th Anginieur qui vient de rentrer à Millay et qui nous donne des nouvelles toutes fraîches d’Édith qui est en très bonne forme. À la Terrasse, c’est la grande tristesse, le pauvre Fain n’y est arrivé qu’après l’enterrement de sa femme.

9 . Lettre de Cécile, qui a tout le temps des amies en séjour chez elle, ce dont elle se réjouit. Quand mon métayer de Tâches a du temps de reste, je l’emploie à divers travaux, tailler les haies vives, fossés faire des pieux de barrage, etc … Il m’a aussi fait des portes pour les poulaillers et extrait de la pierre cassée sur les plateformes des baraques du camp américain dont je sers pour l’entretien des routes. Je lui paye 1o frs le mètre cube ou 4fr 5o de l’heure. Cette année, je lui ai donné 2ooo frs et je dois dire qu’il m’a rendu bien service étant donné la difficulté que l’on a à trouver des ouvriers.

1o . J’ai un maçon pour boucher les trous de rats qui sont nombreux. Tournée dans les près avec mon âne par une belle journée comme il y en a souvent en Septembre, froide le matin, superbe dans l’après-midi.

11 . Marcelle, qui soigne sa laiterie avec amour, la fait recrépir. J’ai la visite des Château venus pour s’entretenir avec moi de la pose de l’électricité à la Seigneurie, le courant passe mais les fils sont rares.

12 . J’envoie chercher à St Pierre du vin pour les battages, on le donne au compte-gouttes, comme le charbon. Les Vannoise nous font part des fiançailles de leur fille avec le Vte de Jacquelot du Boisrouvray.

13 . Lettre de Cécile qui nous remercie des prunes que nous lui avons envoyées et qui venaient de Satinges. Elle dit qu’on ne trouve pas de pommes de terre à Rennes. Alors, où y en a-t-il ? Partout, on ne parle que la question alimentaire. Les Boches n’avancent guère en Russie, c’est humiliant pour nous de voir les Bolchevicq tenir le coup.

Dimanche 14 . M. le Curé crie misère, et demande à ce que l’on soit plus généreux pour le denier du culte, il envoie dans chaque maison une enveloppe dans laquelle chacun devra mettre son offrande. Marcelle va goûter avec Madame de Montrichard qui n’a pas une mine bien brillante. Jean Lavergne, qui doit mesurer mon grain aux battages vient prendre mes instructions, Roy mon métayer de Callot veut faire beaucoup de blé avec peu de fumier et pas d’engrais, à la coopérative, on ne peut pas m’en donner. À coté de cela, Mr Barriol propriétaire à Gy en a tant qu’il veut, de même que de la nourriture pour ses cochons ; j’en avise Montrichard.

15 . Je commence à battre aux Petites Granges avec la machine de Nocent, de Magny, et un mélange de charbon et de bois, celui-ci étant encore vert, la chaudière s’arrête 1 heure avant la nuit. Pour lier la paille, la ficelle faite avec du papier marche très mal, bien qu’elle coûte 115 frs la pelote. Ce qui est plus pratique, c’est de se servir de la ficelle qui lia chaque gerbe et que l’on attache l’une à l’autre, mais il faut deux hommes pour cela, ce qui revient cher car ils gagnent 5 frs de l’heure.

16 . Marcelle déjeune à la Baratte et fait ensuite des commissions à Nevers. Passant par Chevenon, Antoine lui dit que les bois montent toujours, que l’on peut vendre la corde de 2st33 sur pied pour 6o frs et les arbres de futaie jusqu’à 8oo le mètre cube au 5 ème guide Cordoin.

17 . gelée blanche Lettre d’Yvonne, Monique va un peu mieux, mais devra revenir en France au Printemps. Carte d’Augustin, leur démarche pour essayer de venir nous voir a échoué, j’en suis désolé. Ils ont trouvé un métayer pour leur domaine de Bulhon au 11 Novembre prochain. On bat à Calot par beau temps, mais froid. Magdinier m’apporte 5 litres d’alcool qu’il ne veut pas que je lui paye, pensant que l’on prend mieux les mouches avec du miel qu’avec du vinaigre, mais il verra par la suite que je suis incorruptible.

18 . Je vends trois de mes lots d’ormes de branchage à l’Espagnol Blasco qui ne marchande jamais, il me donne 1oo frs pour que Marcelle les remette à Monsieur le Curé pour son denier du culte, il ne met jamais les pieds à l’église, n’importe, il veut y entrer quand il sera mort. Je vends un autre lot à Asselineau également aubergiste à Moiry, tous ces nouveaux venus font marcher le commerce. À Calot, la machine à battre a une assez longue panne ; c’est ennuyeux pour les ouvriers qui payés à l’heure, et pour la ménagère qui nourrit le personnel avec peu de tickets de viande. Je montre à Paul Château mes deux poulains mâles de 18 mois qu’il veut bien me changer pour des pouliches du même âge.

19 . On commence à battre à Tâches. Moreau m’apporte le martelage des bois, nous en ferons la vente par soumission cachetée le Dimanche 12 Octobre. Je lui donnerai 3% pour sa peine. Albert Barillat m’annonce la naissance de son fils Roland.

2o . Madame de Sansal et Antoine déjeunent avec nous, le Colonel ne les accompagne pas il est à Raffigny pour constater les dégâts causés par l’occupation, il n’a même plus un matelas pour coucher chez lui, il est à l’auberge de Gacôgne. Guite, avec plusieurs amies, campent au Rond de la forêt du Perray.

21 . Dimanche Je vends à Thomas, employé du chemin de fer à Mars 1 moderne d’orme et un petit noyer dans la haie du champ Guérin pour 17o frs comme bois de chauffage. J’ai la visite de Monsieur Lefèvre, de la coopérative de blé à Nevers, qui regarde le mien et qui me dit que je peux lui envoyer tel quel.

22 . Les du Part et Anne de Rouville viennent déjeuner et les Pierre de Rouville viennent goûter par une belle journée comme l’on n’en voit guère qu’au mois de Septembre. Je finis mes battages, c’est peu brillant, surtout comme avoine. Elle est rare dans tout le pays, aussi les gens qui m’en demandent sont nombreux, Marie-Louise du Part en emporte un boisseau sur sa bicyclette et j’en envoie 1o à Planchevienne où les poules meurent de faim et ne pondent plus. Lettres de Cécile et de Marguerite Clayeux qui dit qu’ils ont loué le ménage domestique que nous leur avons indiqué. J’entreprends à Pierre Lavergne la couverture de mon toit de lapin abattu par le cyclone du 15 Août, prix 12oo frs. Pour la première fois de la saison, nous dînons avec la lampe, c’est l’hiver qui s’avance avec les ténèbres et nous pas grand-chose pour les combattre.

23 . Lettre et carte d’Édith du 1o et du 18. Elle est désolée de n’avoir pu obtenir à Clermont un laissez-passer pour venir nous voir. Notre Curé qui fait sa tournée du denier du culte déjeune avec nous, il ramasse en passant les enveloppes qu’il a envoyées dans chaque famille et où chacun dépose son obole, il parait que ce moyen réussit très bien. Antoine de Sansal est aussi notre convive, il est venu passer 48 h dans notre parc pour admirer la belle nature et écouter le chant des oiseaux qui sont devenus très rares du reste. Moreau me mène à la Seigneurie pour voir des pouliches que mes métayers n’ont pas trouvées suffisantes pour eux, je suis moins difficile. Il y a de l’herbe dans tous les près, que l’on pourrait faucher sous la dent des animaux. Une fois de plus, je constate que j’afferme trop bon marché, des herbages de cette qualité.

24 . Louis Pinet faisant une tournée dans nos parages pour son assurance, déguste une tasse de lait en passant. Sa mère est en villégiature chez ses neveux Toutée à Chantgaraud. Édith a été engagée à déjeuner avec elle. Joly, notre garde à St Ouen, vient m’apporter son estimation de la coupe de bois que mes filles vont vendre le 18 Octobre par soumission cachetée. Concours de poulains à St Pierre, peu de présentés, mais des demandes de prix astronomiques ? On dit que Dessauny a vendu une jument de 14 ans pour 54ooo frs, c’est fou !

25 . Journée sans histoire. Lettre de Berthe qui nous demande des pommes de terre pour nourrir ses pensionnaires, l’un d’eux tient un bistrot à Paris.

26 . Visite de Jacques de La Brosse, qui veut acheter sur les bords de l’Allier, rivière, une propriété de 3o hectares pour y faire de l’agriculture, il a beaucoup à apprendre dans ce métier là. Visite de Jacquelin avec un marchand venu de Paris. Je lui vends 21 ormes, 3 chênes et un frêne aux Lieux Normand et Maslin.

27 . J’écris les lettres de convocations pour la vente des bois de St Ouen à 12 marchands. Marcelle va porter une bavette au jeune Roland Barillet. Je vends à Château un poulain de 6 mois de Callot pour un gros prix.

28 . Dimanche Robert Thuret est mort et Henri Thuret a été emmené comme otage par les Boches. Sa femme attend un enfant. Il lui restait un fils après en avoir perdu deux il y a qq années. Marcelle va goûter à Planchevienne.

29 . pluie Il n’avait pas plu depuis le 6 septembre et l’on ne pouvait plus labourer dans les champs Jamboux. Lettres de Cécile et d’Édith qui nous dit que le prétendant Degeorge est venu faire une visite à Bulhon amené par le jeune Roquefeuil sans que Miette ne se doute de rien. Attendons la suite. J’envoie les convocations aux marchands de bois pour la coupe de St Ouen qui aura lieu le 18 Octobre. Je vais à la gare faire partir la fourragère d’Hervé, j’achète en passant chez Demay des pommes de terre venant de Pologne pour semence. Il prétend que pour avoir de beaux rendements, il faut en changer tous les ans ; son voisin Berthet, de Bruzeau obtient au grain 2o en changeant et ses voisins 8 ou 9 en plantant toujours les mêmes espèces. Berthet plant 1o à 15 hectares en P de Terre.

3o . pluie,35 mm Il pleut sans arrêt pendant 24 h, cela va faire rentrer les mauvaises graines dans les guérets, on pourra semer dans qq jours dans de bonnes conditions, mais sans engrais, malheureusement. J’écris à Cécile et à Roger.

2 commentaires:

Onc' Doudou a dit…

Le 24: Les Touttée (et non Toutée) ont le Château de Champgarand (et non Chantgaraud). Ce dernier est à Culhat à côté de Bulhon encore plus près de la Terrasse.

Hubert a dit…

Merci de cette remarque qui va permettre de corriger les fautes de saisie. Il est fort difficile d'arriver à lire les noms propres. J'essaye en cas de doute de rechercher dans l'annuaire des châteaux de 1907 ou un bottin mondain récent, Hugues regarde aussi sur les bases généalogiques, mais ce n'est pas suffisant, il faut aussi les connaissances des uns et des autres et signaler