13.3.10

OCTOBRE1941

1er On ramasse les noix à Callot, il y en a pas mal sur les jeunes noyers. Sur les vieux du Pied Prot,à peu près rien. Un seul en a qq unes, 4 Boches en passant le dépouillent.

2 . Guite de Sansal téléphone pour nous dire qu’elle peut nous procurer du miel à 5o frs le kilo et qu’une carte de Simone arrivée ce matin dit qu’elle va bien. Marcelle part pour Nevers à 1o h, elle espérait obtenir un laissez-passer pour Édith, la commandantur le lui refuse. Quand pourrai-je revoir ma chère fille.

3 . Premier Vendredi du mois, je communie. Notre curé dans qq mots bien sentis comme il sait les dire nous annonce que le Ministre de l’instruction recommande aux instituteurs de vivre en bonne intelligence avec les curés de leurs paroisses. Il y a donc qq chose de changé et les Francs Maçons ne sont plus au pouvoir. À St Pierre, Marcelle se voit refuser l’autorisation d’aller téléphoner au Veurdre.

4 . Marguerite Pinet et Thérèse de Toytot viennent déjeuner avec nous par le car, c’est amusant de voir ces gens de ville manger avec délice des œufs et de la crème. Marguerite me donne de bonnes nouvelles des gens de Bulhon qu’elle a vu tout dernièrement à Chantgarant chez ses neveux Toutée. Il parait que Miette a beaucoup engraissé, ça prouve qu’elle va bien. Depuis trois jours, les Boches chassent sur les Craies, ils ont découvert là un terrain giboyeux et ils en abusent. À coté de cela, Hervé nous écrit qu’aux environs de Tlemcen il y a beaucoup de gibier, mais qu’il ne peut pas trouver de cartouches pour le tuer. Jeanne Clayeux a dû arriver ce soir à Nevers pour y faire un séjour chez le Colonel d’Assigny.

5 . Guite de Sansal déjeune avec nous. On nous dit que Paul Jourdier, nommé Commandant, tient garnison à Damas

6 . Je fais arracher mes pommes de terre dans la Varenne, des Rondes jaunes, il y en a beaucoup. Lettre d’Édith qui nous dit que ses deux filles ont eu des visites de prétendants, l’un présenté à Miette par les Roquefeuil dont il est le cousin, un jeune Degeorge qui habite les environs de St Pourçain, ancien camarade de collège d’Hervé qu’il aime beaucoup ; on s’est vu deux fois et on doit se revoir. L’autre candidat est pour Dédette, c’est Robert du Part, le marin venu de Toulon pour tâter le terrain, mais il n’a pas eu la chance de plaire. Marcelle a l’autorisation de passer au Veurdre, d’où elle téléphone à Édith qui lui dit qu’Hervé a une congestion pulmonaire, sans gravité, espère-t-on.

7 . Édith nous dit qu’ils ont eu la visite des Gaspard de Soultrait venus de Ferrières–sur-Sichon où ils sont installés. Lettre de Louis Monnier faisant part des fiançailles de Jacqueline avec Mr de Léonard.

8 . Un téléphone d’Edmond, de Moulins, nous dit qu’il vient d’avoir par dépêche des nouvelles d’Hervé qui est hors de danger. Par un temps radieux, mes métayers sèment à force, mais avec peu de fumiers et pas d’engrais, car il est introuvable. Si l’on n’a pas de nitrate à mettre en couverture au mois de Février, la récolte aura de la peine à être bonne. Nous avons la visite des du Part et de Mlle Valois.

9 . La coopérative de Nevers envoie chercher mon blé, j’en ai 99 sacs de 8o Kg pour mes trois domaines. Gabrielle de Rouville et M.A du Verne déjeunent avec nous.

1o . Je passe un contrat avec Mr Sablé, entrepreneur qui prendra dans ma carrière 312o m3 de pierres à raison de 1,5o fr le m3, paiement le 31 Octobre. Carte d’Yvonne qui nous annonce qu’au mois de Mars, elle viendra attendre à Bulhon son 3ème enfant. Marcelle lui envoie du beurre pour sa petite Monique qui va beaucoup mieux. Les 312o m3 de pierre serviront à détourner les camions du village de Magny et qui feront une route passant entre ce village et Planchevienne au grand désespoir des Rouville.

11 . pluie Je finis de ramasser mes pommes de terre, j’en ai bien une centaine de doubles, j’en fais laisser une certaine quantité en silo dans la Varenne. Je m’occupe à faire la barbe à une certaines quantité de timbres oblitérés qu’un abbé vend à des collectionneurs, entretient des bonnes œuvres avec l’argent qu’il en retire. Paul Château me change un poulain de 18 mois des Petites Granges contre une pouliche. À le Seigneurie où ils avaient 2o poulains, chacun d’eux a gagné 1o ooo frs au minimum cette année. De ces 2oo ooo frs, je ne verrai pas un sol. Je ne parle que pour mémoire de ce que les 15o bêtes à cornes qui sont passées dans leurs prés ont pu rapporter. C’est M.A. du Verne qui m’a apporté tous les timbres dont je parle plus haut, et ce sont les ligueuses qui chaque jour les détachent des lettres qu’elles reçoivent ; j’en fais autant depuis deux ou trois ans. Carte d’Hervé qui va bien, il cherche un chien d’arrêt. Le vieux ménage Chérut fête aujourd’hui ses noces d’or, mais ils ne sont brillants ni l’un ni l’autre.
12 . Dimanche Peu de monde à la messe. La guerre a peu ou pas ranimé la foi, sauf parmi une douzaine de jocistes qui sont exemplaires. Marcelle va goûter à la Chasseigne avec une poire sans thé.

13 . -2°,glace Je vends par soumission cachetée 4 coupes de bois à moi et une à Tassain, il est venu 3 marchands, Mr Dufour de St Pierre se rend acquéreur de 4 coupes et Mr Charpentier de Nevers d’une. 23 76o la Mouillère, 9 415 les Antes, 13 o69 les Champs Blonds, 17 415 la Ravie, en tout 56 528. Les taillis de ces 4 coupes ont été vendus et exploités l’année dernière. Je vends en même temps pour Tassain, une coupe de 6 ha pour 169oo frs. Retour de captivité, Guite Roulet attends le quatrième.

14 . Marcelle va au Veurdre pour téléphoner à Édith qui se désole de ne pas obtenir son laissez-passer pour venir nous voir. Visite des Massias qu’on nous avait dit assez malades, ils ont maigris, mais le teint est bon, ils nous amènent Mollins. Je fais recouvrir avec des feuilles de topinambour le toit de la maison des enfants, cela lui donne un petit air champêtre assez agréable.

15 . Il y a un beau sanglier qui vient manger des betteraves à deux pas de la garderie, et dans le grenier de celle-ci, les écureuils s’y rendent pour prendre les noix que l’on y fait sécher.

16 . Jeanne Mabire et Louise Delamalle viennent déjeuner avec nous, nous leur faisons manger des choses rares pour des citadins, œufs, pomme de terre, crème. Visite des Antoine Robert allant de Sermoise au Plai.

17 . Avec Jaurès, je descends à la gare chercher Geneviève Clayeux qui très aimablement vient passer qq jours avec nous. Je fais partir une caisse de 17 kg de légumes pour Louis Monnier.

18 . Nous allons tous les trois à Nevers par le car, il faut bien être forcé de sortir de chez soi pour emprunter ce mode de locomotion. Mais j’avais à faire la vente des bois de mes filles à St Ouen, il est venu 4 acquéreurs et Mr Coudan de Cercy s’est rendu adjudicataire, dépassant de 1/3 mes prévisions. Charles Tiersonnier est très malade. Antoinette est venue le soigner. On raconte que Paul Jourdier est nommé Lt-Colonel par le Général de Gaulle, plusieurs de ses camarades le blâment. Louis de Champeaux a quitté son régiment de Cavalerie et est envoyé dans un camp de jeunesse près de Tlemcen où il a pension chez les Hervé.

19 . Comme il y a beaucoup d’herbe à la Seigneurie et peu à Calot, j’envoie 1o bêtes attendre la neige dans le Corbier. M.M. Château ont gagné assez d’argent cette année pour m’offrir cette gracieuseté.

2o . Antoine Clayeux passe la journée au Chamont pour mesurer et vendre des ormes et il vient coucher et dîner à la Maison. Je ne l’avais pas vu depuis longtemps

21 . Antoine conduit sa mère à Cuy où ils déjeunent chez le fermier Bluzat et il part à 5 h pour Paris voir le directeur de la maison de charbon de bois dont il s’occupe activement.

22 . Gabriel Mathieu qui est la bonté même nous emmène à Nevers avec son gazo. J’en profite pour faire mettre mes carnets à jour dans les banques, travail qui a le don de déplaire à Marcelle, d’augmenter considérablement mes polices d’assurance incendie, de me procurer du carbure à la coopérative agricole rue Gambetta, où je prends une action de cent francs pour faire partie de la maison et me mettre dans les bonnes grâces de Friand, un des puissants du jour. Je ne trouve pas de chemise à acheter. Charles Tiersonnier va un peu moins mal, Antoinette arrive ce soir pour le soigner.

23 . Gabrielle de Rouville, Antoinette Jourdier et Zizi Delamalle mangent avec nous une poule au pot.

24 . Geneviève Clayeux nous quitte, elle prend le train de 1h45 à St Pierre où le garagiste Clostre la mène avec son gazogène. Je vends 7 veaux reproducteurs de Tâches à des Vendéens. Antoine Clayeux, retour de Paris passe ici deux heures après le départ de sa mère. Lilise Clayeux, femme Manuel s’arrête aux Fougis en revenant de Casablanca où elle est allée marier son fils aîné Raymond, officier de Marine avec Mlle Bouvier, fille d’un riche industriel.

25 . Il fait un froid glacial, j’achète un reproducteur

26 . Dimanche,+2° chez Boilart, pour 7ooofrs et 3 petits cochons qui pèsent à peine 5o livres, mille francs pour les engraisser.

27 . Madame Le Sueur vient goûter avec Marcelle qui a toujours plaisir à la recevoir et moi aussi.

28 . pluie Les charpentiers arrivent enfin poser les râteliers aux Petites Granges. La réquisition prend foin et paille dans tous nos domaines, elle va mettre nos animaux à la famine l’hiver prochain.

29 . Je fais des margotines avec mon jardinier pendant que la pluie tombe.

3o . neige La terre reste toute blanche jusqu’à 1o h, les bêtes font le gros dos dans les prés où il ne reste guère d’herbe, il faut pourtant qu’elles patientent encore.

31 . Visite de Suzanne Le Sueur. Mes pompes marchent mal et Blois ne vient pas les voir. À 9 h du matin, carte d’Augustin, à 9 h du soir, téléphone de Cécile, tous vont bien. Jean doit venir en Janvier suivre un cours d’équitation à Tarbes.

1 commentaire:

Hubert a dit…

Le 18 on apprend que Louis de Champeaux est chez les Hervé à Tlemcem : récompense, il sera le parrain d'Hubert;