1 La Toussaint. Beaucoup de monde aux deux messes me dit-on. Notre nouveau curé fait bonne impression. Je vais aux Petites Granges, la source coule à peine. On se sent triste en pensant à tout ce qui peut arriver si la pluie tarde à venir. Suzanne de Rouville m’envoie du sucre en échange de mes cigarettes, 330 F.
2 Jour des morts. Notre curé demande que l’on garde le silence en se rendant au cimetière, il est obéi.
3 St Hubert. Simone Jourdier ses deux filles et Bernard venant de Paris descendent à St Pierre où je les fais prendre par une camionnette qui me les amène pour 250 F. Les Massias avec leur jeune ménage Chalvron nous font une visite. Enfin à 6 h ½ Antoinette Jourdier débarque du car pour voir ses enfants.
4 Dimanche. Les Antoine Clayeux, allant mener leurs deux filles aînées en pension à Paris déjeunent avec nous en passant. Pierre de Sampigny vient de mourir en pleine connaissance après 4 heures de maladie.
5 Je reçois une lettre d’Augustin qui vient d’acheter une vache à lait Montbéliarde 27 000 F, c’est de la pure folie. Mon boucher me rend le service de conduire Simone et ses enfants prendre le train à la gare de St Pierre.
6 Lettre de Riquette d’Aux qui écrit que l’armée n’est plus qu’une pagaïe, à propos de son fils. Antoinette nous quitte par le car de 13 h. J’ai bien bavardé avec elle et Simone.
7 J’envoie à Suzanne de Rouville 9 paquets de cigarettes. Lettre de Cécile, Jean est en permission jusqu’au 27. Grosse foire de poulains à St Benin d’Azy. Les bons mâles se vendent 35 000, les femelles 40 000. Les Château en achètent 5. Ils ont déjà 12 mâles à La Seigneurie et pas d’eau dans plusieurs prés. L’avoine se vend 750 F le quintal, plus cher que le blé.
8 Les Antoine Clayeux retour de Paris, nous amènent en visite le jeune ménage Raymond Clayeux qui a trois très petits enfants. Raymond est Lieutenant de Vaisseau. Il a deux frères. Le second a fait un bête de mariage. Leur mère a épousé en secondes noces un Monsieur Mannel. Nous mangeons des champignons.
9 Madame de Lescure nous fait part du mariage de son fils Philippe avec Melle Jugeborg Egly et des fiançailles de sa fille Josette avec Yves Réguery.
10 5°. Tissier arrive aux Petites Granges et Michel les quitte à ma grande satisfaction, je n’ai jamais eu que des rapports désagréables avec lui. Quelques flocons de neige.
11 Pluie. St Martin. Dimanche. Messe des combattants de 14 18 à laquelle je n’assiste pas. En chaire, M. le Curé fait des compliments au maire Gilbert qui est médaillé militaire et présent. Montrichard est à Paris, où il fait soigner sa surdité par des sœurs rue Villersexel.
12 Pluie. St René priez pour nous. Melle de Chavigné se marie dans la sacristie d’Azy le Vif avec un médecin protestant et Melle de Guigné petite fille du comte de Lascaze épouse aussi un toubib protestant dans celle de Coulandon près de Moulins. Suzanne Guite et Jean Le Sueur goûtent avec Marcelle.
13 Duceau s’installe dans la garderie. Marcelle va à Nevers par le car. Chantal de Martimprey met au monde une fille Sabine. Les du Part ne nous en font pas part, la brouille continue mais nous ne nous reprochons rien. Le Général de Gaulle est nommé Président de la République à l’unanimité des 555 votants, c’est de bon augure.
14 Nous tuons notre cochon pesant 130 kilos à 120 F soit 15 000 F. André en prend 31 kilos débités à 4 000. Tué par Chaillou à Magny. Marcelle va marier la petite Raveau à Azy et déjeune en revenant chez les Delles Roux de Maubec à Pierre Brune.
15 André et Amable viennent déjeuner pour emporter le cochon dont le boudin est très bon.
16 – 2 °. Mon rosaire. Je fais une première visite à la famille Tissier aux Petites Granges. Le garçon, mon fermier est célibataire. Les parents sont bien vieux, surtout le père. La mère cause beaucoup. Somme toute, ce n’est pas suffisant, il faudrait là une jeune femme. En revanche, le cheptel est trop important. 38 bêtes à corne, 18 brebis, et 5 juments, il y en aurait assez de trois. La maison et les écuries sont dans un état lamentable. J’en reviens consterné. Quelle somme à dépenser pour remettre en état ! Au prix actuel, c'est-à-dire le blé à 460 F le quintal, X 37 quintaux = 17 000 F, et le bœuf à 42 F le kilo X par 650 = 27 000 F, représenterait un fermage de 44 000.
17 Je vais avec Marcelle au bois de la Sablière et je constate que Gonin m’a fait des cordes à charbon, grosses comme des allumettes, mes taillis sont trop jeunes. Une constatation beaucoup plus grave, c’est que l’abreuvoir des Chaumes vieilles sur lequel je comptais en cas de disette d’eau, est à peu près à sec. C’est un désastre qui se prépare. La Vicomtesse Delamalle meurt à Neuilly chez son fils.
18 Dimanche. Marcelle qui devient une grande conférencière va porter la bonne parole aux ligueuses de Langeron. Melle Valois, leur présidente, s’excuse de voir que dix seulement ont répondu à son appel. A 8 h ½, une troupe venue de Luthenay joue « Les Dames au chapeaux verts » dans l’école libre de St Parize en faveur des œuvres diocésaines. Les acteurs sont parfaits. Marcelle en revient dans l’admiration. Thomas, fermier à Limoux, joue comme un acteur de la Comédie Française. La salle est comble, bien que les places soient à 30 F et les petits gâteaux à 10. La fête se termine à 1h ½ du matin.
19 Notre nouveau curé l’abbé Kapps, déjeune avec nous. Il me fait très bonne impression. Je profite de sa présence pour me confesser. Marché de Dornes, dindes, oies, canards 45 f la livre, lièvres 400 F, lapins 70, perdrix 80, lapins clapier 30 la livre.
20 Par un soleil radieux, les Delamalle passent la journée avec nous et se régalent avec notre tête de cochon grillé. Elles m’apportent des pommes de la part de cette bonne Madame de Lépinière. Sa fille M. Thérèse est toujours à La Charité.
21 -3 °. Je calcule que l’avoir de Tissier représenterait pas loin d’un million. 5 juments très belles 400 000, 38 bêtes à cornes, 20 brebis, une auto. Melles Roux et de Maubec déjeunent avec nous. Le jeune Garnet vient payer son terme : 36 500.
22 Foire à St Pierre. Marcelle goûte au manoir avec Marie Grincour. Je finis de payer mes impôts 91 500.
23 Renaud vient me payer son terme. 17 340 F. Il paraît que Bringault va mal. Hier vente des reproducteurs de l’écurie Goby, les 3 premiers se sont vendus
125 000, 110, 105. Cinq dérangements la nuit.
24 Les Nadaillac nous font part des fiançailles de leur fille Odile avec le Mis. d’Havrincourt. Marcelle va à Nevers en bicyclette et revient par le car.
25 Dimanche. Un expert du Louvre appelé par Mesdames de Laveyssiere et Le Sueur pour estimer leurs tableaux en vue d’un partage, regarde en passant mon Delacroix jouant du clavecin, il l’estime pour le moins trente mille francs. Quant à mon Watteau, il ne le croit pas authentique. J’ai la visite du Docteur Voinot qui ayant appris que Chleq devait quitter Nevers, venait dire de lui vendre ou de lui louer notre maison. Je l’envoie trouver Picard. Celui-ci m’écrit que M Grillot, épicier en gros offre un loyer de 16 000 F. J’enquête.
26 Madame Thiery vient me couper les cheveux, ce qui ne m’était pas arrivé depuis le 9 septembre. Maurice était hier à Briare à une battue organisée par Georges. Au tableau 147 pièces dont cinquante lièvres. Somptueux repas : langoustes, foie gras, grands vins. Si les lièvres sont vendus 400 F l’un, il y avait de quoi payer les cartouches et le Château Yquem.
27 Mon jardinier tue son cochon. Marcelle déjeune à Buy.
28 – 3°. Marcelle assiste au manoir à un dîner de 15 couverts avec les d’Almont, du Cray. Dinde truffée, grands vins.
29 – 5°. Il fait très froid, le peu d’eau qui reste dans les abreuvoirs est gelée. Je suis dans une inquiétude terrible. Le jeune Bringault vient me payer. Son père est très malade. Je téléphone à Le Droumaguet pour avoir des éclaircissements sur les réparations faites sur nos cheminées mitoyennes par Vivien, entrepreneur, et qui doivent monter à un prix fabuleux. Quand les réparations étaient déjà commencées, Madame Le Droumaguet a téléphoné à Marcelle pour lui demander si nous voulions participer aux réparations. Elle lui a dit oui, mais que d’avance, il faudrait prévenir Picard et Sonnet mon architecte ce qui n’a pas été fait, alors je n’ai pas eu de devis. Le Dr prétend que nous avons 3 cheminées mitoyennes, moi je n’en connais que deux : celle qui est du côté de la Place Ducale où nous n’allumions pas de feu et les Chleq non plus et celle qui donne sur notre cour dans laquelle sort celle de la lingerie et ce qu’il y a d’invraisemblable celle du salon. J’en suis sûr parce qu’un jour le feu a pris dedans et j’ai vu d’où sortaient les flammes. Madame Duval des Crast , demande à louer notre maison au départ des Chleq. A voir. J’envoie deux boisseaux d’avoine aux poules de mon curé et un peu de bois à Madame Baste.
30 -5°. Les tombereaux de Tâches, Callot et du Pied Prot sortent la vase de l’étang et la roulent dans le champ jardin. Cécile m’envoie « Corps et Ames » de Maxence Van Der Mersch, un Hollandais qui fait une critique sévère de la médecine et de la chirurgie en France. Aussi les médecins en ont arrêté l’impression. Je n’avais jamais rien lu d’aussi cru et réaliste. Les docteurs en prennent pour leur grade.
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3 commentaires:
Qui nous met les tableaux ??? Watteau faux et le Delacroix au clavecin ...
quand sommes nous partis en Allemagne ?
J'espére que les dents de Miette ont été d'un meilleur usage que les accus de la voiture de Tante Tetell, pour le même prix ou presque ...
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