3.3.10

JUIN 1945

1 Geneviève et Maurice qui est un gars magnifique, grand, joli garçon, nous arrivent par le train de 7 heures du matin. Simone prend ce train à son retour pour aller à Moulins recevoir du bois de chauffage que Geneviève lui envoie et revient le lendemain matin. Elle dîne chez les Vergnette. J’écris à M. Mathieu de tout ce qu’il fait pour Dédette.
2 Geneviève et Maurice prennent le train de 9 heures. Martinat les mène à la gare avec son auto. Simone revient à 8 heures. Je râpe les allées où l’herbe pousse trop vite. Je bats du beurre et j’écosse des petits pois.
3 Dimanche. Première communion à St Parize, repas monstres chez tous les communiants, Michel, Gonin et chez la Polonaise on fait de la musique jusqu’à la nuit en dansant et chantant. Richard vient faire une piqûre au cochon de mon jardinier qui a une pneumonie. Tout se soigne par des piqûres.
4 Un essaim d’abeilles se pose au pignon de la maison. Monsieur Hervier de passage chez le jardinier a pu le faire entrer dans une ruche. J’envoie à semence un chèque de 900 F pour une année de location de la chasse à St Ouen qu’il a payée en 1939 et dont il n’a pu profitée. Louis de Goy meurt à Vienne, Autriche à 22 ans. Service à Osmery, Cher. Abonel, sa femme et leurs filles viennent de Bulhon voir les Chicon. Il a grêlé fort là bas de même qu’à Rennes.
5 Madame de Sansal et Miette viennent déjeuner. Elles se régalent avec des fraises et des cerises qui coûtent trop cher en ville pour se permettre d’en manger.
6 Richard le vétérinaire me mène à la Seigneurie où je vois que Lavergne n’est pas encore venu réparer le pigeonnier qui menace ruine depuis plus d’un an. Les Château ont 30 poulains pour plus d’un million. Marcelle et Simone déjeunent à Buy après être allées à St Pierre. J’ai un dérangement sérieux de 3 heures du soir à 3 heures du matin. Je vais dix fois aux WC, aliment mal digéré.
7 Le baron Fain meurt à Paris âgé de 53 ans, ses 3 enfants, une fille et deux garçons ont été adoptés par leur tante Anginieur. Simone va à Nevers retrouver Miette pour faire la chasse aux mites dans notre maison. Visite des du Part. Marie-Louise bat du beurre pour en emporter.
8 Pluie. Lettre de Cécile qui espère venir nous voir le 19. Jean doit venir défiler à Paris le 18. Il demande à Yvonne de tacher de s’y trouver. Jane Jourdan meurt à Nevers, c’est une délivrance, car depuis longtemps, elle était dans le gâtisme.
9 Marcelle prend à St Pierre à 3 h un train qui la mènera à Clermont, car elle a un grand désir de voir Dédette. J’ai une longue et très affectueuse lettre d’Edmond. Il a beaucoup d’égards pour son vieil oncle qui lui en est bien reconnaissant.
10 Dimanche. Toujours fatigué, je ne vais pas à la messe ni au Conseil de Fabrique et je prie mon curé de me remplacer comme président. Marcelle revient à 2 heures de Clermont où elle a laissé Dédette en très bon état, elle rentrera à Bulhon demain. Madame Faure a été pour elle d’un grand secours.
11 Pendant toute la nuit j’ai encore un sérieux dérangement.
12 Je change mes vieux billets de banque contre les nouveaux qui sont fabriqués en Angleterre et en Amérique.
13 Simone va à Moulins faire ses malles pour les envoyer à Bulhon profitant du passage de Miette. Nous avons la visite du ménage Hariste de retour de captivité n’a pas l’air d’avoir souffert, vient nous voir. J’ai aussi la visite de mon curé. J’en profite pour me confesser et lui donner mille francs pour l’école libre.
14 Marcelle va à Nevers consulter Rudolphe qui lui conseille de mettre des bas en caoutchouc, c’est ce qu’elle va faire, il lui dit aussi de rester le plus possible les jambes étendues, c’est ce qu’elle ne va pas faire. Simone de Nevers rapporte un très joli bracelet venant de Mme Vuillemin en or très finement ciselé et orné de cinq belles perles et un vermifuge pour Edith. Joly notre garde à St Ouen prend notre chasse de St Ouen à son nom.
15 Simone et ses enfants prennent à 2 heures à St Pierre un train bondé de monde pour aller à Bulhon. La maison va me paraître grande. La commission paritaire se réunit à St Pierre pour juger mon différent avec mon métayer Michel, le jugement sera rendu le 6 juillet. Dubost avoué plaide pour moi et Sainson avocat pour Michel : Roger de Bouillé faisant fonction de juge de paix.
16 Je vois de plus en plus trouble de l’œil gauche.
17 Dimanche. Je lis ma messe dans ma chambre. Dans l’après midi, Maurice m’amène le Docteur Jalenques avec deux autres Clermontois, pour visiter ma chasse qu’ils parcourent en coup de vent et partent en me disant qu’ils réfléchiront avant de me dire leurs intentions. Mon impression, c’est qu’ils croyaient marcher sur du gibier et qu’ils ont trouvé une chasse très braconnée, ce qui est vrai. Après leur départ, arrive Duceau pour leur parler. Rien de fait.
18 Lettre d’Hervé qui se plaît en Allemagne. Les gens du pays se mettent à plat ventre devant lui. Il a 15 esclaves auxquels il fait mettre un jardin en valeur, mais il craint de ne pas pouvoir venir en permission.
19 Roy fauche les pelouses. Le foin est de bonne qualité, beaucoup de légumineuses. Joseph de Champeaux déjeune avec nous et va ensuite avec Marcelle goûter chez Mme Le Sueur pour y retrouver Melle du Corail. L’entrevue a l’air favorable des deux côtés, elle a 35 ans et lui 36. Il est étonné qu’elle ne soit pas encore mariée tellement elle est bien. Marcelle n’est pas de cet avis. A 10 heures du soir, coup de téléphone de la demoiselle qui demande à revoir le jeune homme demain.
20 Melle du Corail et Joseph se retrouvent ici pour goûter et se promener dans le parc. J’espère que ça finira bien. Jalenques m’écrit qu’il ne prendra pas ma chasse.
21 M. et Mme Hariste et l’enfant déjeunent avec nous. Pluie bien désagréable avec tant de foin par terre. Le jeune Motte de la Ferté que l’on croyait perdu est revenu de captivité très maigri.
22 Ma chère fille Cécile nous arrive à 2 h à la gare de St Pierre où Madame Le Sueur a la bonté de l’envoyer chercher. Son billet d’aller et retour en 3 éme 1 200 F de Rennes. A Paris, elle a vu Paul Jourdier chez Antoinette. Geneviève Clayeux nous envoie une citation de son petit fils Maurice à l’ordre de l’armée accompagnant la médaille militaire. « Le 16 avril 1945 ayant pris le commandement du peloton après la blessure de son officier, a entraîné ses hommes dans un élan splendide à l’attaque du village fortifié de Fontbedeau ; grièvement blessé d’une balle au ventre a continué la progression vers son objectif ; a été blessé une deuxième fois par grenade au moment de l’abordage ; n’a consenti à se faire évacuer qu’après l’accomplissement de sa mission. » Il a une autre citation aussi belle. Godart me met des ardoises sur mes granges et elles en ont besoin c’est la ruine.
23 On rentre les foins sur la pelouse et Louis Roy fait un chariot avec un boche prisonnier ingérable. Ils parlent allemand, ça me paraît drôle d’entendre ce langage sous ma fenêtre.
24 St Jean. Dimanche. Les messes et vêpres dans ma chambre.
25 Nous avons la visite des Massias avec Simone d’Assigny. Godart met des ardoises sur la grange de la maison. Cheveux.
26 Mes filles vont goûter au Manoir.
27 Fleury rapatrié épouse la petite Mallet de Civière. 100 personnes au repas pour lequel on a tué un veau, 20 poulets, 20 canards et cetera. Notre curé a béni le mariage à St Pierre. Roy fauche le pré de l’étang. Jeanne Talabot qui a été pendant quelque temps au couvent de la Visitation à Nevers, est fiancé à M. Chossat de Montburon de la marine marchande.
28 Ma chère Cécile retourne à Rennes. Sa visite m’a fait bien plaisir, mais j’ai toujours la larme à l’œil quand un des miens me quitte. Marcelle va à Chantenay au mariage de Melle de Fontenay avec M. Tonné de Charray, officier de marine, béni par notre évêque. A 4 heures Monsieur Mathieu retour de Paris s’arrête en passant pour que j’embrasse Dédette qu’il a emmené passer quelques jours dans la capitale. Elle a une mine splendide sans son appendicite.
29 Les du Part dînent avec nous.
30 Avec mon âne je vais jusqu’aux Petites Granges ce qui ne m’est pas arrivé depuis longtemps. Je fais la connaissance de deux jolies pouliches de 3 mois. Michel va moissonner de l’orge d’hiver. Ma vue baisse de plus en plus.

4 commentaires:

EDITH a dit…

En plus du vermifuge,j'aurai pu avoir le bracelet...

EDITH a dit…

le mariage du Corail Champeaux a-t-il eu lieu ???

H2R a dit…

Je pense qu'il faut réclamer le bracelet à Chantal.

H2R a dit…

Joseph de Champeaux (frère ainé de Louis le parrain d'Hubert) a bien épousé en 1946 Simone du Corail d'où une fille Nicole née en 1947 .