1. Je commence un nouveau traitement, une drogue à prendre dans du vin avant les deux repas. Par un téléphone de Bulhon nous apprenons que les voyageuses d’hier ont fait un bon voyage.
2. Dimanche. Ouverture de la chasse, j’entends tirer pas mal de coups de fusil, il y a donc encore du gibier étant donné que les cartouches coûtent 20 francs pièce on ne doit pas gaspiller la poudre.
3. Pluie. Le maçon Godard m’apporte sa note pour avoir remis quelques ardoises sur la grange de Tâches 50 Francs de l’heure avec son jeune commis, ils m’emportent 600 Francs par jour et l’ardoise coûte 6 Francs la pièce. A ce tarif les propriétaires ne pourront pas entretenir leurs bâtiments. Marcelle achète pour la locature du Pied Prot une bâche de 500 litres en ciment coût 500 Francs, autre folie. Madame Thiery me coupe les cheveux.
4. Moreau à qui j’ai donné des cartouches et loué la chasse de la Seigneurie m’apporte 2 perdreaux, il y a 5 ans que je n’en ai pas mangé. Joly m’envoie 1 500 Francs pour la chasse de Saint Ouen et 1 500 Francs pour Louis de La Brosse.
5. Le Figaro raconte que le 3 aux halles il s’est vendu des lièvres à 250 Francs le kilo, des perdreaux à 335 Francs la pièce et des cailles à 115. Au Marault les Reviriot, fermiers ont tué, me dit on, 17 lièvres ce qui représente plus de dix mille Francs. Cécile, Yvonne et les petites reviennent par le train de 4 H30 à Mars où Marcelle va les chercher. Il a plu à Bulhon et aux Gouttes, pendant tout le temps de leur séjour, heureuses gens ! Jeanne de Lari et ses enfants s’embarquent pour aller rejoindre Jacques qui tient garnison dans l’Afrique équatoriale.
6. Marcelle et Yvonne dînent au Manoir avec madame de Chalvron. Nouveau dérangement, 6 fois.
7. Premier vendredi je regrette de manquer la messe, je prie le Bon Dieu de ne pas m’en vouloir. Pour faire un barrage à la cocotte, l’Etat fait vacciner les bovins à Mars et à Moiry y compris les Petites Granges. Villenaut vient chercher 213 cartouches d’Hervé pour lui et Villeroy. Henri de Rouville et Anne goutent en compagnie de Guite Le Sueur et de Melle de Chalvron qui a 19 ans. Soisson et trois autres Auvergnats font ici l’ouverture, ils tuent 17 perdreaux, 3 lièvres 4 lapins. Mesdames Le Sueur et de Chalvron déjeunent avec nous.
8. Nouveau dérangement 6 fois . Henri, Marie Paule , Louis et Guy de Thé qui passent les vacances à la Baratte viennent déjeuner avec nous. Je suis content de leur parler de leur grand-père Samuel de Thé, mon bon camarade et de les mettre au courant de leur famille. Les Auvergnats tuent 11 perdreaux, 2 lièvres, 6 lapins et ils m’envoient un lièvre, 3 lapins et 2 perdreaux. Ils ont diné, déjeuné et couché à l’hôtel de la Renaissance à Magny qui leur a pris mille francs par tête, c’est une honte ! A 9 heures Antoine, sa femme et Simone Jourdier s’arrêtent en passant pour casser une croute, ils arrivent de Paris après avoir assisté ce matin au mariage de Jean de La Boulaye avec la fille du colonel Poydenot. Simone que je n’avais pas vue depuis 6 ans est à peine changée.
9. Dimanche Liste des 10 petits de Thé Jehan 23 ans, Marie-Thérèse 21 ans, Bernadette 20, Henri 19 , Marie Paule 17, Louise Marie 16, Guy 15, Yves 13, Marie Simone 10, Mireille 4 ans. Plus le temps passe, plus la sécheresse se fait sentir, plus je broie du noir.
10. Guite Le Sueur réunit ici les louveteaux de Melle Dehaye. Je vends aux Château 20 bêtes, peut être bon marché, mais le manque d’herbe et d’eau me fait peur. Monsieur le curé vient remercier Yvonne de sa générosité elle lui a envoyé 2 500 Francs pour le denier du culte et l’école libre.
11. A 4h1/2 du matin le taxi de Magny vient prendre Yvonne pour aller à Nevers monter dans un train qui les emmènera à Paris, où elles passeront la journée chez monsieur de Rouville et à 8 h du soir elles s’embarqueront pour Strasbourg où Jean les enverra chercher et pendant 3 semaines elles feront de l’occupation avec lui. Ce n’est pas sans une certaine émotion que j’ai vu partir ces chères petites, me demandant si je les reverrai .Dérangement 3 fois.
12. Les Thonier qui donnent un gouter à Saint Léger voulaient m’envoyer chercher, je les ai bien remerciés. Marcelle y est allée à bicyclette. De la mairie on envoie des imprimés à remplir pour réclamer les fusils de chasse qu’on nous a pris le 24 juin 1940. Je fais le nécessaire sans espoir.
13. Louis Roy fils de mon métayer de Callot va visiter le domaine de Buy, il se trouve trop petitement logé chez moi et je crois que sa femme veut être sa maîtresse. L’étang est vide et le lavoir se remplit très lentement. J’ai fait le tour du jardin, j’en suis revenu attristé.
14. Je reçois le relevé du cadastre pour ce qui à trait à la Seigneurie. Je demande un relevé complet pour tout ce qui me touche et qui doit représenter environ 820 ha dont 195 de bois. Cécile qui ne reste jamais sans rien faire, sauf pendant sa sieste habituelle après déjeuner, nettoie tous les flambeaux de la maison.
15. On fait un lit dans le bureau pour monsieur Soisson, ses camarades de chasse couchent à Saint Parize et madame Duceau leur fait la popote. Un autre chasseur couche dans la petite chambre au dessus des cabinets. Marie Antoinette du Verne amenée par Montrichard vient prendre quelques jours de repos sous notre toit, la pauvre fille est bien fatiguée, sa figure toute cicatrisée et sa vue encore très trouble. Elle est accompagnée de sa bonne.
16. Dimanche, à 3 h du matin on retarde les pendules d’une heure. Ma chère Cécile nous quitte. Moreau la conduit à Saincaize prendre la Micheline à 2 heures. Elle couchera à Nantes et gagnera Rennes demain.
17. Eliane de Vassal vient voir Marcelle. Il y a une trentaine d’années qu’elle n’était entrée à Tâches. Dérangement 4 fois. Visite des Château qui n’ont plus d’eau dans les Moulises. Ils parlent d’y creuser un puits, c’est à voir.
18. Pluie nulle. Henri de Rouville et Anne mangent avec nous un canard rôti. Ils ont vu hier à la Charnaye Jacques de Pazzis (de Seguins-Pazzis) qui n’était pas venu en France depuis 7 ans. Il repart prochainement pour Gao sur les bords du Niger. Quant à Jacques de Lary qui est à Brazzaville sous l’équateur il y engraisse à vue d’œil. Sa femme et ses enfants vont le rejoindre.
19. Les Thonier et les Calliès avec 2 de leurs filles viennent gouter. Cécile a fait bon retour et Yvonne m’écrit qu’elle se plait beaucoup en haute forêt noire.
20. Mon curé faisant sa dernière quête du denier du culte déjeune avec nous, il nous annonce que son successeur sera l’abbé Kaps. Je profite de son passage pour me confesser. Il me dit de ne pas me tourmenter. C’est bien joli, mais quand on se voit à la veille de manquer d’eau pour son bétail et pour soi même, il est difficile de na pas y penser. Lettre de Roger.
21. Dérangement 3 fois. Marcelle va à Luthenay faire une visite de ligue à madame Pignot à La Forge. Madame Gabrielle Mathieu vient nous voir. A Mars les puits tarissent, le gourd de son parc est à sec. Gazoute écrit à Marcelle pour savoir quelle est la dot de Dédette.
22. Marie-Antoinette nous quitte contente de sa cure de repos. Marcelle l’accompagne à Nevers par l’autobus. Lettre d’Hervé qui est content à Coblentz, il attend sa famille. Dérangement 2 fois.
23. Election pour le conseil général, aucun des quatre candidats ne représentant mes opinions je vote à tout hasard pour Lugarant qui se dit indépendant. C’est grâce à Suzanne Le Sueur que je vais à la mairie, elle m’y conduit avec Dédette, j’en suis confus. Nous avons la visite des Antoine Robert avec leur fils qui a 10 mois mais pas beaucoup de mine, de madame Maringe de son fils ainé qui est un beau gars de 1.84 et enfin de Jeannot Chavane qui achète pour 12 000 F de billets anglais à ma locataire Polonaise, contente de pouvoir les négocier et lui heureux de faire ce marché qui lui rapportera peut-être. Les Motte ont donné hier à la Ferté un goûter dansant en l’honneur des fiançailles de leur fils ainé, 70 personnes. Marcelle goûte au Manoir.
24. Pluie. Les élections sont nettement à gauche, Jean Faulquier sur lequel on comptait à Corbigny est en mauvais ballotage, Guény aussi, Thoury battu. La fille Lafond épouse le mitron de son père. Il paraît que Georges Robert est nommé louvetier à Libourne et qu’il a 15 chiens et un piqueux à cheval.
25. Pluie. J’allume du feu pour la première fois, il y a 12° et Marcelle grelotte. C’est sur sa demande que j’ai ouvert la cheminée ; pour mon compte j’aurais voulu attendre jusqu’au mois d’octobre. J’ai entendu dire qu’autrefois dans certaines maisons il était d’usage de ne pas faire feu avant les bons Saints. Enfin la pluie on pourra peut-être labourer. Les près vont reverdir mais il est trop tard pour que pousse une herbe nourrissante.
26. +10° on gèle. A 8h du matin quand j’étais encore au lit et seul dans la maison, Marcelle étant à la messe, des sœurs quêteuses frappent à la porte je me lève pour leur donner mon offrande. Je fais une grande promenade avec mon âne. Les haies des Petites Granges sont lamentables. Je ne vois pas Michel, grâce à la pluie tombée hier il peut labourer. Il a 2 cochons à l’engrais, l’abreuvoir du pré canal est tari et le puits qui est dans le fond étant rempli de vase ne donne plus. L’abreuvoir du vieux château est très bas. En passant je fais une visite à madame Duceau qui est bien installée dans sa vieille demeure. Elle a, avec elle, sa fille et sa petite fille qu’elle va garder pour aller à l’école libre de Saint Parize. Madame Chicon a 36 oies et peu de dindons. On lui en a volé plusieurs. Elle a 2 cochons à l’engrais. A Callot également 2 cochons au baquet et 9 petits sous leur mère. En route je trouve Duceau et mon jardinier en train de fureter. Ils me donnent un lapin. Hier Monsieur et Madame de Crouzat se rendant à Paris en auto font une partie de chasse avec mes locataires. Monsieur tue un lièvre. Les 800ha de la terre d’Aubigny sont loués à Soisson, il y a 3 000 lapins à tirer. En Sologne les bonnes chasses sont louées 4 lapins à l’ha ou 240 francs.
27. Marcelle va voir le doyen de Saint Pierre et revient par Fontallier.
28. Monsieur Estager apporte à Marcelle une paire de pantoufles dont il est fabricant en reconnaissance du lit où il a couché. Hier il est venu 2 chasseurs de la Haute Loire qui se sont bien mouillés pour tuer 3 lapins et une perdrix. Louis Pinet dîne avec nous.
29. Nous mangeons des champignons.
30. Les Antoine Robert allant à Buy avec Gilles Chavanne s’arrêtent en passant. Le petit Henri est toujours bien pâlot. Avec mon âne je vais voter pour Bouillé c’est le moindre mal. Lettre de Cécile sa femme de ménage la quitte pour aller à Paris. Dérangement très violent.
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