1 Pluie 12 mm. 1er Vendredi du mois. Dédette me mène à la messe. Comme d’habitude je m’approche de la Sainte Table. Marcelle a la visite de Mesdames Thonier et Mathieu. Plus tard Guillaume ayant un veau à livrer à St-Parize l’amène avec sa camionnette. Suzanne profite de l’occasion pour dire un petit bonjour à ma fille. C’est la misère aux Petites Granges, mon métayer Michel vient de conduire sa femme à l’hôpital pour une opération. La malheureuse s’est tuée au travail, seule pour élever 4 petits enfants, faire la cuisine, traire les vaches etc. Le berger est parti, c’est la débâcle complète.
2 On fauche les pelouses, Roy avec ses chevaux, son beau frère avec son dard. A 6 h tout est fini.
3 Dimanche. Marcelle dort mal, ne déjeune pas et se croit beaucoup plus malade qu’elle ne l’est en réalité. Elle fait venir Bonnichon qui l’a rassure. Un autre calmant c’est la visite de M. Tse. Angenieur accompagnée de Marie Antoinette du Verne qui s’arrêtent ici au retour d’un excellent déjeuner à St-Pierre chez Burdin.
4 Pluie 30 mm. Digitaline. Aux Petites Granges, c’est le désarroi le plus complet. Mon métayer tout seul, les brebis restent à l’étable ne mangent ni ne boivent, faute de ne pas avoir de berger. A 3 h je vois arriver une petite Simca d’où descendent Geneviève et Zabeth. Cette dernière se rend chez sa sœur, où une surprise party doit avoir lieu ce soir. Antoine ira la rejoindre à 8 h et le chauffeur reprend Geneviève en passant. Naturellement les Puzenat sont de la fête, ce qui n’empêche que l’usine va fermer. On a construit des quantités d’instruments agricoles et grâce à leurs prix très élevés, à la sècheresse et à la cocotte, on en achète très peu. 300 ouvriers vont être sur le pavé si l’Etat ne renfloue pas la boutique. Visite de Mesdames Soulat et Boursin. Simone de Sansal passe la journée avec nous. Visite de M. Thérèse Robert et de Guillaume du Verne qui a encore amené un veau de 3 jours à St-Parize. Pluie 30 mm, il n’en était pas tombé autant depuis février.
5 Pluie. Les visites abondent, avant le déjeuner les du Passage nous amènent Mesdames de Sézille et Jacquemart, celle-ci venue en Nivernais pour louer pendant les vacances la maison de Sarrazin appartenant à la famille Ponceau, commune de Beaumont Sardolle. Après midi, Madame de Villebonne, Madame de Marcy avec Gazoute et Paule. Marie Th Guillemain arrive avec Mesdames de Chalvron et Adenot. Pour moi, je reçois le vétérinaire qui inocule à ma Normande 1 litre ½ de sang provenant de bêtes ayant eu la cocotte.
6 Marcelle sort sa jambe du lit pendant ½ heure. Ma pauvre métayère des petites Granges est opérée à l’Hôpital.
7 Marcelle est déprimée, ne mange pas et trouve le temps long dans son lit, cependant à 6 h du soir, elle le quitte pendant ½ heure qu’elle passe sur une chaise longue près de la fenêtre d’où elle voit faire les foins. Visite de Mesdames René Gozard et Le Sueur et de Melle Dudoit qui va quitter St-Parize définitivement.
8 Pluie 30 mm. Visite des Pazzis et de Jacques. Après eux arrive le Cdt Bouchacourt qui amène le Cel d’Assigny qui est peu brillant, sa vue a des troubles. La cocotte se déclare aux Petites Granges.
9 Marcelle se lève deux fois dans la journée. Nous mangeons un plat de champignons de rosée, ce qui est un peu prématuré.
10 Dimanche. La messe est à 9 h ½ parce que notre curé doit emmener 24 JAC à Bourges où l’on doit représenter La Passion. Visite de Madame Grincour et de Melle Valois chargée de fleurs, la chambre de Marcelle ressemble à un reposoir un jour de Fête Dieu. Viennent ensuite Marie Thérèse et le ménage Antoine. Le matin, la malade a déjeuné sur une chaise longue.
11 Marcelle passe sa journée sur sa chaise longue. Elle a la visite de Madame Talabot qui vient avec ses filles et Simone de Sansal.
12 Pluie 30 mm. Marcelle se désole, elle a encore 37,8. Pourquoi ? Elle en a peut-être trop fait hier.
13 Aujourd’hui Marcelle a 37,9. Je dirai comme hier pourquoi ? Elle a la visite de M. Thérèse Guillemain et ensuite celle de Anne de Champeaux, de M. Antoinette et de Guillaume. Dédette me conduit déjeuner à la Belouze. En 1750, la terre de Gigny (Saincaize) appartenait à Brisson. Celui-ci a une fille qui épouse un Saulieu de La Chaumonerie, d’où un fils qui épouse Melle Moreau de Meauce d’où une fille mariée au Comte de Chabrol Tournoël dont un fils et cinq filles, Mesdames de Fayet, des Marans, de Bibliotté, de Sainbuy et de Noblet. En secondes noces, Madame de Chabrol épouse le Baron de Bar. Les magnifiques terres de Gigny composées de neuf grands domaines sont achetées par de nouveaux riches et le château par un des fermiers.
14 L’état vient d’augmenter le prix de l’essence, les usagers de la route crient comme des putois, moi je trouve qu’il a eu raison, car je n’ai jamais vu autant d’autos en balade. Visite des André Robert, mon vieux cousin part pour St-Honoré où il va soigner ses rhumatismes, de Paulette Le Sueur en bicyclette, du ménage Barbin. L’avoué me dit que Paul Tiersonnier après avoir perdu le procès qu’il avait bêtement engagé contre du Part, le poursuit en appel. C’est chez lui une maladie qui lui coûte cher. Après dîner les Le Sueur viennent giberner. Bob est très effrayé par les bruits de guerre.
15 Pluie. Mon cousin Adrien de Vercy, colonel d’artillerie meurt au Val de Grace à Paris, âgé de 73 ans. Mon arrière Gd mère Maslin était née Grossot de Vercy, elle repose dans le cimetière de Thionne. Dans ma jeunesse, les Vercy partageaient leurs vacances entre Tâches, les Gouttes et Coulon. Depuis 60 ans nous les avons perdus de vue. Les Edmond Clayeux passent la journée avec nous. Edmond me fait faire la tournée du Chamont, de la Baratte et de Nevers. Les Villeneuve nous arrivent à 8 h ½ du soir pour dîner et vont coucher aux Fougis.
16 A la première heure au couvent des Bénédictines de Chantelle, communion privée de la 3ème des petites Clayeux qui a 6 ans ½. Déjeuner de famille aux Gouttes pour fêter les 65 ans de mariage des vieux. Gazoute de Villaines nous arrive pour 2 ou 3 jours pour tenir compagnie à Marcelle qui va mieux et circule d’une chambre à l’autre. Je conduis Dédette à la gare de Mars avec mon âne. Elle rentre à Bulhon après avoir très bien soigné sa tante pour assister au mariage de son amie Roquefeuil.
17 Dimanche. Je conduis Gazoute à la messe dans ma voiture à âne, ce qui fait sa joie. A 3 h arrivent 6 Béchard que nous n’attendions pas, un peu plus tard Antoinette Jourdier avec les Ch. Tiersonnier qui sont en séjour à Maumigny, enfin les Massias. Renée a repris très bonne mine et de la gaité. Les Gaby, venant des courses et d’un dîner au cercle de Moulins arrivent pour se coucher ici à 1 h du matin.
18 Marcelle descend au salon par ses propres moyens et mes hommes la remontent après dîner. Elle reçoit comme visite, Madame de Lépinière avec ses deux filles, Geneviève Tiersonnier, Mademoiselle Valois qui lui apporte des dahlias magnifiques. Roy fauche le pré de la Joie où l’herbe a cette année une qualité rare.
19 Gazoute prend l’autobus après déjeuner. Ma métayère des Petites Granges revient de l’hôpital avec une mine peu brillante. Mariage de Melle de Roquefeuil avec M. Véron de La Combe.
20 Je conduis Guiguite à Moiry avec Jaurès. Elle prend le car à 2 h pour les Fougis. Marie Thérèse Guillemain vient la remplacer. Visite de Melle Dudoit qui quitte l’école libre.
21 De 5 h à 10 h ½ on me rentre 4 voitures de foin du pré de la Joie. Il est de première qualité, en partie du triolet (trèfle blanc). Je vends malgré la cocotte 30 agneaux à Derimay d’Ignol, vallée de Germigny. A Callot une vache est prise. Les Bob Le Sueur viennent nous voir après dîner.
22 Marie Thérèse Guillemain nous quitte. Madame Massias nous amène pour goûter Madame de Marcy et Gazoute. Marcelle dîne avec moi dans la salle à manger.
23 La cocotte fait son apparition à Callot. Roy de Callot vient me signaler qu’une de ses génisses de 16 mois est atteinte du flux de sang. Iodalose.
24 Dimanche. Marcelle est toute dolente, pas d’appétit, 37,7 de fièvre. Je téléphone au docteur qui viendra demain matin. Je couche dans la chambre en face d’elle.
25 Marcelle va mieux. Elle a une longue visite des baronnes de Rouville.
26 Pluie 8 mm très bienfaisante : elle arrive à propos car le peu de foin ramassé a été fini ce matin. Marcelle a la visite de son curé qui lui dit, je ne suis pas encore venu vous voir parce que les vieilles filles n’aiment pas qu’on les voit dans leur lit.
27 Nous avons la visite de Mesdames Massias, de Villaines et Le Sueur. D’un commun accord Bonnichon et Marcelle qui craint d’avoir une angine de poitrine, demandent le Dr. Rudolph qui a une grande réputation à Nevers, celui-ci rassure heureusement ma fille qui devra encore se ménager quelque temps. Coût 200 F.
28 Mon beau-frère m’écrit, je transcris cette phrase : « Si parmi tous mes ennuis agricoles, la guerre qui nous menace, arrivait, j’en voudrais presque au Bon Dieu, qui m’a gratifié d’une vieillesse sans pareille, de m’avoir comblé comme il l’a fait, de m’avoir oublié sur la terre ». Marcelle rassurée sur l’état de son cœur passe une bonne journée. On moissonne en grand, mes avoines sont bonnes grâce au mois de mai qui leur a été favorable.
29 Nous avons la visite de Marie de Balloy, de Mériem et du ménage Henri de Martinprey qui me fait bonne impression. M. le curé nous amène la nouvelle institutrice de l’école libre, venant d’Anlezy. Les deux drogues ordonnées par Rudolf pour Marcelle coûtent 92 F. Décidément, il vaut mieux être pharmacien qu’agriculteur.
30 Hervé nous arrive pour 48 h au passage. Il est nommé au 95 à Bourges, c’est une garnison de choix pour lui.
31 Hervé conduit Marcelle à la messe de 8 h ½ et dans l’après midi il me conduit dans les prés de Tuloup où j’ai 4 châtrons des P. Granges en pension à raison de 200 F l’un. Ils ont bien profité. A 6 h les Valence nous arrivent. Jacqueline est superbe, ses joues sont fermes et rebondies. Nous buvons un Château Talhot en l’honneur du St Cyrien.
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