1 Nous donnons à goûter aux Mollins, d’Anchald, Ganay, du Part et M.TH. Guillemain. Le gendre de Mirot qui a pris sa succession à St Parize, arrange ma vieille pompe dont le clapet de la crépine a besoin d’être remplacé. Gonin pour les cent francs de taxe vicinale qu’il me doit m’amène cinq mètres cubes de fumier de la Seigneurie.
2 Les Edmond Clayeux, retour de Paris, goûtent en passant. Visite de Marie Thérèse et d’Antoine Robert. J’achète à Lacroix de Fontallier un veau pour les Petites Granges, de cette façon, tous mes œufs seront dans le même panier, mes trois domaines ayant des reproducteurs de cette maison.
3 Mon rosaire. Nous avons à déjeuner G Tiersonnier et notre curé. A 4 h Marcelle passe à Villars prendre Suzanne Le Sueur qu’elle emmène goûter chez Melle Valois où elles trouvent Mesdames Thonier, Dupuis, Melle du Jeu. Au retour visite à Fontallier. Jean de Lécluse en retournant avec femme et enfant à Hanoï prend la fièvre typhoïde sur le bateau et meurt en arrivant.
4 La pompe ne marche pas, le clapet de la crépine qui a été changé fuit, le gendre de Mirot revient. Le gentil ménage Chalvron-Valence nous fait une visite. Premier vendredi, je m’approche de la Sainte Table. Les Roger du Part nous font part de la naissance de leur fille Huguette.
5 Marcelle assiste à Nevers à une messe dite pour J. de Lécluse, ensuite elle fait partir pour Colmar les meubles destinés à Yvonne. Déjeuner chez les Jacquemart. Après-midi elle réunit les vendeuses de son comptoir chez Madame de Lavesvre.
6 Dimanche. Marcelle fait chanter les petites filles, réunit les Ligueuses, etc.
7 Neige fondante. Les Soultrait et Toytot déjeunent avec nous.
8 Fête de la Sainte Vierge, je m’approche de la Sainte Table à la fin d’une neuvaine pour la France. Au Chazeau la maîtresse de maison, très à son avantage, fait beaucoup de frais et nous offre un excellent goûter, six tables de Bridge.
9 Il gèle. Je prends en pension huit agneaux des Petites Granges pour les faire engraisser par mon jardinier. Nous devions partir demain pour les Gouttes, Marcelle me demande de patienter pendant quarante-huit heures pour assister à Saint-Parize à une conférence.
10 Nos domestiques s’en vont en vacances et nos bagages gagnent Nevers, grâce à la camionnette d’Aïn Kala mise à notre disposition par Guillaume du Verne qui est la complaisance même. A huit heures du soir nous nous trouvons salle Chapon, nombreuse assistance venue pour entendre Maître Sauvay, jeune avocat à Nevers, qui nous expose avec beaucoup de verve et de conviction l’organisation du Parti social français fondé par le colonel de La Roque. Pendant une heure et demie il nous tient sous le charme et nombreux sont ceux qui donnent leur adhésion. Plusieurs étaient venus de Mars et de Magny dont Alexis Thonnier et Guérault, maires de ces communes.
11 Glace. Nous partons pour les Gouttes en passant à St Pierre où je consulte Robet. Ma tension qui était très forte à 22 n’est plus qu’à 14. Mon cœur, sans que je m’en aperçoive a des défaillances, aussi le docteur me fait prendre de la digitaline. Je trouve ma belle sœur très en forme. Son vieux mari se plaint de la jambe droite qui ne peut plus suivre la gauche, mais la mine est parfaite. La maison est encombrée de meubles de toute sorte, car Geneviève a vendu dernièrement la maison de Moulins que son père avait achetée à son nom et qu’avec Edmond elle a partagé les meubles. La vente a été réalisée de façon très avantageuse. J’achète pour Jeanne de Mollins, pour laquelle je vais faire une tapisserie destinée à recouvrir une banquette, pour 95 F de fournitures dont canevas, laines et deux écheveaux de soie pour le fond de 20F chacun.
12 Je fais toutes mes visites, d’abord au vieux garde Joseph, qui a une passion pour Hervé, auquel il dit quand il manque une pièce de gibier facile : « Votre grand Père l’aurait bien tuée ». Ensuite au jardinier Maniquet dont la famille depuis trois générations entretient le parc et les nombreux et magnifiques arbres fruitiers. Je termine la tournée chez Fulgence qui a succédé à son père comme régisseur des Gouttes, où celui-ci était arrivé en 1866, ce qui fait 70 ans.
13 Dimanche. Déjeunons avec le nouveau curé qui est fort bien.
14 Je visite le domaine de la Bergerie où les cochons abondent. L’effectif est de 40 dont cinq truies qui ont régulièrement deux portées par an. Au domaine des Gouttes, j’admire un bœuf de 4 ans, qui vient de Tâches et qui est peut-être le meilleur de l’écurie. Je tousse depuis mon arrivée.
15 Pluie. Les Julien et Beauchamp viennent goûter et bridger. Ils amènent Melle D de La Brosse. Je traîne mon rhume. Malgré le calorifère j’ai toujours froid entre les épaules.
16 Les Edmond emmènent Marcelle à Vichy où ils retrouvent les Riberolles. Je garde le coin du feu en prenant du Pyramidon et me couvrant de ouate thermogène pour combattre mon rhume qui ne s’en va pas vite.
17 Visite de Mme de Sampigny, de la jolie Bodette il ne reste que son amabilité. Elle a grossi, vieilli, son Pierrot est à Paris pour manger des alouettes, dit-elle. Le bel Armand de Montlivault est fiancé à Madame de Vaulchier née Dommartin de la Comble qui possède trois châteaux. André Robert vient chasser des lapins. Antoine Charronnier se meurt à la suite d’une attaque qui l’emporte le 16
18 On l’enterre le 19 à St Parize. Je regrette que ni Marcelle ni moi ne rendions un dernier devoir à ce brave homme, qui toute sa vie nous a donné des témoignages de dévouement, mais ma fille part pour Rennes.
19 + 10°. Et je soigne mon rhume qui va un peu mieux. Aussi je fais deux petites promenades par un temps très doux. Mon jeune beau frère qui prétendait ne plus pouvoir marcher, va à pied aux Fougis.
20 Dimanche. Mon rhume repique, mes jambes sont en coton, aussi à mon grand regret je ne vais pas à la messe car l’église est glaciale et que je veux me soigner pour aller à Rennes à la fin de la semaine. Je lis les lettres de Madame Coquille adressées à mon beau père de 1838 à 1842. Ces deux cousins germains s’aimaient comme des frères. Les lettres quelquefois teintées de malice sont empreintes de beaucoup d’esprit : MM de Thoury, de Savigny, Louis Duverne sont souvent nommés. Nous avons dans le salon de Nevers le portrait de Madame Coquille morte assez jeune.
21 -8°. Je vais un peu mieux, quoique toussant et crachant encore. Par un beau soleil je me promène sur des jambes de coton. Les Edmond dînent chez les Sampigny.
22 -7°. Une vache à lait Normande achetée il y a trois semaines tombée malade en arrivant crève malgré les nombreuses visites des vétérinaires et les non moins produits pharmaceutiques absorbés. Il y a la guigne pour le laitage dans la maison. J’entends toujours dire qu’on ne peut jamais manger un fromage à la crème. Il y a cependant quatre vaches au râtelier. Lettre de Marcelle qui a fait très bon voyage jusqu’à Rennes. Les Guillaume du Verne qui sont à Paris, lui ont rendu bien service avec leur auto pour traverser la capitale.
23 Je vais me confesser au nouveau curé qui est un homme fort aimable. Il me fait visiter le presbytère qu’il a fort bien arrangé et m’invite à manger la dinde de Noël envoyée par ma belle sœur. Je décline.
24 Les Fougis dînent avec nous et font la veillée de Noël par temps bien doux. Je m’approche de la Sainte Table.
25 Noël. J’occupe pieusement mon temps en lisant le Père de Foucault au cinéma.
26 Je pars avec Marguerite pour Moulins à la gare, nous trouvons les Riberolles. Hervé est superbe dans son uniforme de St Cyrien. Nous nous embarquons pour Rennes à 11h 14 dans un compartiment de 2° réservé, ce qui nous permet de voyager très agréablement. A 8 h moins 10 nous arrivons. Cécile et Marcelle nous attendent sur le quai, cependant qu’Yvonne et Jean reçoivent 8 Valence qui arrivent en même temps que nous mais par Paris tandis que nous sommes passés par Nantes. Je loge avec les petites chez Cécile, les Riberolles chez madame de Kerlivio et Hervé chez les Langlois. Après dîner nous admirons l’exposition de 200 cadeaux. Ma petite fille a été bien gâtée. Monsieur Banéat lui donne 3 plats d’argent et 16 grands couverts chiffrés aux armes des Valence. Je paye la chambre à coucher, lit et armoire. Les Clayeux donnent cafetière, chocolatière sucrier, le Cel de Place vaisselle Villemoisan, cristaux. Geneviève Clayeux et ses enfants lampe potence. Bien des cadeaux sont venus de gens sur lesquels on ne comptait pas. Les Larouzière, Emmanuel Réaut, Ducrot, Armand de Montrichard jolie montre de voyage.
27 Dimanche. Cécile reçoit à goûter une quarantaine de personnes : Valence, La Chapelle, de Place, La Brosse, Clayeux etc. On admire l’exposition des cadeaux. A 8 h dîner de contrat hôtel moderne. 47 couverts, bon menu, grands vins. Le Cel du 4° est à la droite de Cécile et je suis en face d’elle, Monsieur Banéat s’étant abstenu afin de ménager ses forces pour demain ; au dessert Augustin nous dit les verts suivants :
Quand tu vas suivre au loin un mari de ton choix,
J’évoque la petite Yvonne d’autrefois
Ouvrant si gentiment dans sa face mignonne
Deux grands yeux ingénus, des yeux bleus de Bretonne,
Tes gestes, ton sourire enfantin, je les vois
Surgir des jours mauvais où l’âpre guerre tonne.
Sur tes premiers printemps souffle ce vent d’automne
Qui meurtrissant les cœurs, sévit de si longs mois.
Dieu garde ton foyer qui se fond à cette heure !
L’absent, le noble et fin dragon de Rozalieures
Ne se penche-t-il pas du ciel pour te bénir ?
Fille et Fils de soldats, tous deux de bonne race,
Suivez le droit sillon qu’un beau passé vous trace
Bien unis, confiants, marchez dans l’avenir.
28 A 9 h ½ le photographe arrive chez Cécile et prend de nombreux clichés des mariés et du service d’honneur tout de bleu habillé. A 10 h ½ les voitures arrivent et à 11 h avec une exactitude sans précédent tout le monde est à l’église. Beau défilé parsemé de beaucoup d’uniformes. Paul Jourdier en fait le plus bel ornement dans sa tunique rouge de spahis. Bénédiction et discours par le curé de la paroisse. Interminable défilé à la sacristie. Lunch assis salle gaze, 280 couverts, bon menu, grands vins. La mariée était très à son avantage et sa traîne de robe d’une impressionnante longueur. La belle voix de Melle Genouvrier a charmé l’assistance pendant la messe. Un violon se fait aussi entendre. Je donnais le bras à la très charmante Madame Pierre de Valence née Daru. A 5 h le Lnt de La Ville marqué en l’absence de sa mère invite la jeunesse à aller faire un tour de valse chez elle. Mes petits enfants ne se font pas prier. A 8 h ½, les mariés prennent le train pour Paris et de là vont faire des sports d’hiver, si j’en juge par les skis qu’Yvonne emporte. Mon rhume a supporté assez bien fatigues et émotions, mais ne m’a pas encore abandonné. Mes pieds très douloureux se traînent lamentablement.
29 Madame de Pluvié déjeune avec nous. Je me promène au Thabor qui est toujours bien tenu. Des dames sont assises en gardant leurs enfants. Toute la journée il arrive des cadeaux pour Yvonne. Ses cousines les déballent avec joie.
30 Les Riberolles regagnent Bulhon en passant par Paris. Les petites garderont bon souvenir de cette noce car elles m’ont eu l’air de bien s’amuser. Melles de Torquat donne un goûter en mon honneur, cinq tables de Bridge.
31 Goûter chez Madame Fournel, je fais un bridge agréable avec sa sœur Madame d’Illier. Elle a chez elle son gendre le Maréchal des Logis de Monti. Visite Kerlivio et La Chapelle.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire