1.1.11

AVRIL 1928

1. Félix qui est bien rétabli, déjeune avec nous. A dîner nous avons ma sœur. Dans la journée je vais me promener jusqu’à Vauzelle où l’on édifie une église. A cinq heures chez Madame Grenouillet qui a un très bon appareil, j’entends la conférence de Monseigneur Baudrillart comme si j’étais appuyé à un pilier de Notre-Dame. Nous apprenons les fiançailles de Guillaume Jourdier avec Mademoiselle Chavane, nièce d’Henri, elle a vingt-et-un ans, très belle fortune, et habite Blois, deux sœurs.

2. Enterrement à Saint-Martin d’Heuille de mon camarade E. Jourdan, je porte un des coins. Au retour, Charles Tiersonnier déjeune avec nous. Le soir je fais une visite à Madame de Villenaut, cette nouvelle arrivée née de Bonery ( ?) est très gentille, son mari à l’air d’un gros poupon. A huit heures, retraite des hommes à la cathédrale, il y en a fort peu, il est vrai que le prédicateur est bien ordinaire.

4. Hervé arrive trois jours plus tôt qu’il ne devait, pour cause de rougeole au collège, il n’en est pas autrement fâché. Il a une mine splendide. C’est son anniversaire, Marie lui met des bougies (treize) devant son couvert et lui fait une crème au chocolat. Je vais à Tâches emmené par Crotat.

5. Jeudi Saint. Temps superbe, aussi il y a foule dans les églises.

6. Vendredi Saint. Entre deux offices nous faisons un Bridge à la maison avec le chanoine Châtelain. Le reste du temps nous plions des tracts, les mettons sous enveloppe, écrivons les adresses et les envoyons à tous les électeurs du département. Tout le monde sent le danger communiste venir et tâche de se défendre.

7. Pluie. Le colonel d’Assigny nous amène Madame de Chalvron qui est en séjour chez Hubert pour faire un Bridge. Ils trouvent ici Paul Tiersonnier qui joue comme un enfant de dix ans.

8. Beaucoup de monde aux offices.

9. Pendant qu’Augustin fait répéter sa comédie à la Grâce, Edith me conduit au Veuillin.

10. Pluie. Allons à Tâches avec les enfants, dînons chez ma sœur avec Marguerite Pinet, Marie du Verne et l’abbé Jean qui va bientôt entrer au grand séminaire de Nevers.

11. Pluie. Henri Houdaille dont la femme est à Rennes, déjeune avec nous. Dans l’après midi, Madame de Montrichard amène Gaby pour jouer avec Hervé, ça tombe mal car ce dernier qui a fait hier une forte partie de balle avec les scouts de Nevers a pris mal à la gorge et a un peu de fièvre. Ses sœurs vont goûter à la Garenne. A vingt-heures-quarante-cinq, Marcelle part pour Alançon où Cécile et Yvonne doivent la rejoindre.

12. Pluie. Comte appelé constate qu’Hervé a une angine pultacée sans gravité.

13. Pluie. Surprise partie à la Grâce pour y voir jouer deux comédies dont Augustin est l’auteur. La première (le Secret du Capitaine) fort bien interprétée par Madame Bouquillart et le Colonel d’Assigny, du reste les rôles avaient été confectionnés sur mesure. La seconde, saynète comique et électorale. La scène se passe à la Mairie de Gimouille, Augustin joue le rôle principal qui est celui d’un candidat à la députation, le lieutenant du Jeu, avec Messieurs de Boursier et Bouquillart jeune, lui donnent la réplique. Ils sont très bien costumés en communistes. Suzanne du Verne déguisée en fée promet le succès à chaque candidat et récite très bien un poème. Le théâtre se trouve dans ce qui devait faire l’atelier de mon grand-père au second étage. Le stagiaire de Beauchamp a fort bien organisé la scène et une dizaine de bancs recouverts de tous les couvre-pieds de la maison ont permis d’asseoir quatre-vingt-dix personnes, parmi lesquelles, les Marcy, Pardieu, Soultrait, Toytot, Boigues, de Lavesvre, Talabot, Terline, Faverges, Vannoise, Jourdier, Barrau, Lépinière, Saurel, Ledet, de Thé, P. Tiersonnier, de Chalvron, Chavane, H. Robert, Comte, Longeville, Baqquencourt, Massias, Pinet des Ecots, Andrieu, Béchard , du Passage, etc. Il y avait des monceaux de gâteaux apportés par les invités. Seules les bouteilles de champagne ont été un peu justes.

14. Pluie. Foire de Nevers, cours meilleurs qu’il y a un mois, bien que le temps soit peu favorable, à cause de la trop grande humidité. Les acteurs de la Grâce, pleins de zèle, rejouent pour les personnes qui n’avaient pu les applaudir la veille, leurs deux comédies, dans le beau salon de Marguerite Pinet devant une assistance des plus choisies : Comte et Comtesse de Pardieu, Marquise de Veyny, de Laboutresse, de La Goutte, Delamalle, de Barrau, Victor du Verne, de Dreuzy, de Toytot, de Barre, etc. Je fais une visite à ma voisine Lesueur qui est en passant dans sa jolie maison de la Place Ducale.

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