20.1.11

OCTOBRE 1937

1 1er vendredi du mois, je m’approche de la Sainte Table. Hervé rentre à Saint Cyr, emportant 4 perdreaux, 1 faisan, 2 lapins au Colonel Le Bourgeois son cousin qui le reçoit souvent à Versailles. Pendant leur séjour ici les Riberolles ont tué 30 perdreaux, 6 faisans, 1 lièvre et 15 lapins. Nous avons la visite des Thonier.

2 Cécile se rend à Nevers par l’autobus et en revient avec sa voiture qui avait un ressort cassé. S’il n’a pas plu assez pour faire pousser de l’herbe, en revanche il y a quantité de champignons. Des femmes venues de Nevers à Mars par le train du matin, s’en retournent à midi avec leurs paniers remplis.

3 Dimanche. C’est l’heure retardée, beaucoup trop à mon gré. Nous Bridgeons à Chevenon avec les Lescure dont les trois filles s’amusent avec Chantal.

4 Allons à Dornes où je rédige avec Soultrait une lettre pour convoquer des marchands de bois pour vendre ensembles nos coupes de bois. Nénette s’arrondit fortement pour la 9° fois, quant à Fafa elle ne quitte guère la maison paternelle.

5 Pluie. Grand goûter à la Baratte. 9 tables de Bridge et excellent buffet. Je vends le veau de la Normande à mon boucher 7,50 F le kilo.

6 Nous avons la visite du ménage Motte et de Madame Bernard, une belle vieille.

7 Marcelle téléphone à toutes les présidentes de Ligue du canton pour préparer sa réunion de demain. Il pousse des cèpes en abondance.

8 Marcelle présidente cantonale de la Ligue passe sa journée à St Pierre au milieu des ligueuses. Elle est copieusement enguirlandée par Marie Antoinette du Verne et Melle de Châteaurocher conférencière venue de Paris pour la circonstance parce qu’elle n’a pas bien préparé à l’avance sa réunion et que le déjeuner n’est pas en commun, cependant tout se passe bien et Monseigneur lui fait du compliment.

9 Cheveux. Moreau me conduit à la foire de Nevers où les poulains se vendent terriblement chers. Les bons mâles jusqu’à 3 400, les pouliches 3 000. Nous avons la visite de Louis de Savigny. Reviriot me donne 440 F pour solde de tous comptes pour ma carrière qu’il abandonne.

10 Fête de Jeanne d’Arc à St Pierre. Mgr Villepelet évêque de Nantes prononce le panégyrique de façon très éloquente. Après la cérémonie, les Paul du Verne et leurs trois filles viennent goûter ici.

11 Cécile retourne à Rennes avec son auto. Elle est bien un peu troublée de faire cette longue course seule au volant. On enterre à Bona le comte Pierre de Saint-Phalle 79 ans. C’était le type du parfait gentilhomme, ancien officier, président des courses de Nevers, pendant quelque temps maître d’équipage. Il découplait avec Adrien Beauchamp quand celui-ci venait en déplacement dans la Nièvre. Propriétaire éleveur de purs sangs. Il a fait naître à Huez le célèbre Chéri. Ses fils ont fondé une banque qui a causé des déboires à pas mal de joueurs. Moreau nous mène au Veurdre à la foire aux Mesles, on y vend surtout des poulains et des châtaignes. Beaucoup de gentlemen Bourbonnais. J’y rencontre P de Gaudel, 1 Cordez, Thurel, Crouzas etc. A 6 h du soir nous avons la visite des Pierre de Barrau.

12 Gelée blanche soleil éclatant.

13 Lettre d’Edith. Les élections n’ont pas été brillantes à Bulhon où Roquefeuil a 40 voix et son concurrent 120. Ce n’est pas comme chez nous où l’on se réjouit du succès de Chomet . les vieux comme moi se souviennent que son grand père a été déporté en 1851 et que son père est né en exil sous le règne du tyran. Je relis avec intérêt l’annuaire de notre cercle de Nevers fait par le président d’Assigny, sur 80 membres dont il était composé en 1900, 60 sont morts.

14 Charitablement, Marcelle va déjeuner à Buy avec Marie Th. qui est seule, Antoine étant à Paris au salon de l’auto. Visite à Fricot et à Fontallier au retour. Normande devra avoir veau le 15 juillet.

15 Marcelle porte à St Parize une magnifique chape qu’elle a faite pour notre église d’après les cartons de Dom Blot.

16 Dans la matinée Marcelle va à Nevers avec sa chère Nane Cherut. Après déjeuner nous partons avec Jaurès que nous laissons au champ de la Vache, pour de là visiter le taillis des Antes qui a bien poussé, mais seulement en essence de charmes, comme partout les chênes disparaissent. Madame Barrière nous fait part des fiançailles de son fils Paul avec Melle Bordeaux Montrieux.

17 Madame de Lépinière, M Th, Monique, Simone d’Assigny et ses filles viennent goûter. Le Cte Jacques de Villeneuve Allix meurt à Paris. Nous refusons des invitations à goûter le 19 chez les Servois et le 21 chez les d’Anchald.

18 Villaines se rendant à une battue chez Le Sueur nous dépose sa femme en passant à 10 h ½. Par un nouvel avenant je porte l’assurance aux tiers pour l’auto à 480 F par an pour 300 000 de risque. Madame de Montrichard vient goûter avec Gazoute. Madame de Marcy a vendu dans la haute Marne dix hectares de bois âgés de 30 ans pour cent mille francs. Ils ne crieront plus misère.

19 Les Edmond Clayeux déjeunent avec nous et emmènent ensuite Marcelle à Paris où elle descendra chez les Louis de La Brosse. Quant à moi, je prends à 1 h l’autobus sur le Pied Prot qui me conduit à Nevers où j’en trouve un autre à 4 h ½ qui me pose à 6h ½ à Corbigny où Roger et Jean de La Brosse viennent me chercher. A Vauban je ne trouve pas Anne qui est à Paris près de sa mère. Il y a seulement Béatrix et sa dernière fille Madeleine âgée de 4 ans. Les autres enfants sont en pension. Cette petite est charmante. Roger qui s’accuse tout le temps de n’être bon à rien a au moins eu le talent d’avoir des enfants très réussis.

20 Nous déjeunons à 9 h du matin avec Guy de Thoury , sa femme qui est charmante et son frère. Ils nous amènent à St Fargeau. Je fais le tour du château, vraie demeure seigneuriale. En forêt nous trouvons l’équipage du Cte de Roüalle dont la correction est parfaite, seul le comte d’Harcourt porte le bouton aujourd’hui. La voie est très mauvaise par le vent du midi, on n’attaque qu’à 2 h ¾ et nous quittons la forêt qu’à nuit noire sans avoir entendu sonner l’hallali, mais après avoir passé une délicieuse journée au milieu d’un paysage tout en or.

21 Avant déjeuner nous descendons à Armance où je vois le taureau que j’ai vendu l’année dernière à Jean, il fait honneur à mon élevage. Après midi nous partons par Empury, faisons le tour de Vésigneux, joli château appartenant à Melle de Bourbon, de là nous gagnons le barrage de la Cure qui par une rigole de 7 km amène l’eau dans des turbines après une chute de 90 m. A Chatellux nous ne trouvons pas le Duc. Plus bas nous passons devant la maison du Président Flandin et du domaine de Domecy que j’ai vendu il y a longtemps pour acheter les Petites Granges.

22 Journée calme, visite de Montoit.

23 Pluie. 2°. A 7 h ½ Jean me conduit à Corbigny où je monte à Nevers dans l’autobus Basset qui me dépose à Nevers à 9 h ½. Je visite le concours d’automne : chevaux, poulains, veaux, vaches, dahlias, chrysanthèmes, légumes etc. Je déjeune chez Marguerite Pinet. Bon menu avec service fait par une soubrette de comédie. A 2 h chez Soultrait où nous avons convoqué 12 marchands de bois pour essayer de vendre nos coupes de St Ouen, personne ne se présente. On dit que les bois montent, personne ne vient nous le dire.

24 Très aimablement, Bob vient me chercher après la messe pour m’amener déjeuner à Villars.

25 Il a assez plu pour semer. Marcelle me revient de Paris après un agréable séjour chez les Louis de La Brosse, ce qui lui a permis de visiter l’exposition. Le samedi et le dimanche elle a eu Hervé, à qui Perrette Fain a très aimablement offert une chambre, grosse économie pour lui. Marcelle a déjeuné un jour à Versailles chez les Jacquemart.

26 Pluie. Il tombe quelques feuilles des ormes. Les bêtes n’ont que cela à manger.

27 +18°. Je fais moi-même la toilette à trois veaux que j’enverrai à la foire de St Pierre.

28 Pluie. Où je les envoie inutilement. Les Vendéens ayant la cocotte, ce genre de bêtes ne se vendent pas. Les cochons sont en baisse.

29 Nous déjeunons à Fontallier en petit comité, ça ne nous amuse pas beaucoup mais c’est charitable de notre part. Au retour visite à Fertot. Les Savigny qui sont toujours fanatiques d’Action Française se réjouissent de la déconfiture du Cel de La Rocque. Au Colombier, nous trouvons Geneviève qui fait ses derniers paquets pour aller le 9 novembre s’installer à Nevers. Qui aurait pu croire qu’un jour elle finirait sa vie dans la pauvre province.

30 Madame de Montrichard prend Marcelle et l’emmène passer la journée chez les Rolland-Dalon qui l’accueillent très aimablement. Le but de cette visite est de voir à Nérondes comment fonctionne une bibliothèque populaire.

31 Dimanche après la messe, je me confesse. Marcelle me fait manger un excellent rognon de bœuf au Madère car nos domestiques sont à Paris visitant l’exposition.

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