23.1.11

JANVIER 1938

1 -12°. Me voilà entré dans ma 84ème année et grâce à Dieu sans être trop disloqué. Je lui en suis reconnaissant. Pour lui témoigner ma gratitude je m’approche de la Sainte Table. La comtesse de Montlaur invite l’équipage Beauchamp à découpler dans sa forêt de Jaligny et l’assistance à goûter au château où il ne fait pas chaud, paraît-il.

2 -10°. Dimanche. Marcelle tient l’harmonium et Zabeth et Gaby chantent la messe. Je visite le cheptel des Fougis, très bien tenu, métayers de 1er ordre, bon taureau de chez Moreau.

3 Edmond revenu de Tours pour la circonstance, m’emmène à Agonges pour enterrer le Marquis de Garidel mort dans sa centième année. Selon sa volonté, ni fleurs ni discours, mais beaucoup de monde. Traversé la forêt de Bagnolet ce qui m’a rappelé d’agréables souvenirs. Le Président de la Société d’Agriculture est porté à sa dernière par les 4 plus beaux bœufs de la terre de Beaumont.

4 -17°. Il fait très froid aussi, malgré les bons radiateurs, mon beau frère va souvent du coffre à bois à la cheminée, car lui seul sait faire le feu. Le ménage Etienne Julien vient faire un bridge entre 5 et 7.

5 -14°. Je vais me promener jusqu’aux Deux Villes où il y a un superbe cheptel atteint de la fièvre aphteuse. Les Fougis dînent avec nous.

6 -12°. Visite à Chaudenot, toutes les bêtes ont été prises il y a un mois par la cocotte qui n’a pas été sévère, aucune perte. Un peu de neige.

7 -3°, pluie dégel. 1er vendredi du mois, je m’approche de la Ste Table. Edmond et Geneviève vont à Clessy à l’enterrement de Madame Villedey de Faule née Villatte, tuée dans un accident d’auto. Après déjeuner nous allons à Moulins chez André, je vois sa fille Guite très en beauté. Chez Mesdames d’Orcet et de Champeaux, je trouve tous les Soultrait.

8 Pluie. A Vaumas, j’admire 25 bons veaux reproducteurs et je fais un agréable bridge avec Mesdames Jullien Polienne et Xavier Beauchamp.

9 Dimanche. Marcelle rentre à Nevers pour chauffer la maison. Edmond va prendre part à un tournoi de Bridge au cercle de Moulins au profit des écoles 48 joueurs.

10 Marguerite revient de Tours. Il y a ici 7 petites poules d’eau qui animent le paysage en venant jusque sur la terrasse. Alfred de Bessé meurt à Nevers âgé de 52 ans, laissant derrière lui une veuve, cinq enfants et une grande misère.

11 Pluie. Visite de Madame de Chatelperron qui m’avoue qu’elle a 80 ans, il n’y paraît pas. Les ménages Jullien et Polienne viennent goûter et bridger. Geneviève vient dîner avec nous cependant que ses enfants reçoivent des amis.

12 Les Riberolles déjeunent aux Gouttes pour prendre ensuite leurs quartiers d’hiver, quant à moi je pars pour Moulins avec mon beau frère qui me dépose à la gare où je monte dans un train qui m’amène à 5 h à Nevers où je trouve Marcelle qui a installé la maison.

13 Nous allons à Tâches, tout est normal, cependant une vache s’est avortée aux Petites Granges. Auguste du Verne meurt à 7 h du soir. Depuis longtemps, il demandait au Bon Dieu de le rappeler trouvant insupportable d’être à charge à ses enfants.

14 Vendredi, selon mon habitude j’assiste à 9 h à la messe des chanoines à la cathédrale.

15 Coupe de cheveux, l’année dernière elle était de 3 F 50, elle est passée à 5 F le tout à l’avenant. Cécile trouve le temps long à Colmar.

16 Nénette de Toytot met hier une fille au monde, son 9ème enfant, elle en a encore 7 vivants. Marcelle va à Moiry faire tirer un arbre de Noël à ses gosses. Elle en a 26. Melles Le Sueur l’aident.

17 Pluie. Funérailles de mon vieux cousin Auguste. Un service à St Pierre où naturellement il y avait beaucoup. Nous le conduisons reposer à St-Eloi. Pour la circonstance nous avons à déjeuner Geneviève, Marguerite et Edmond Clayeux, Louis de La Brosse venu de Paris. A dîner Antoinette Jourdier et les Ch. Tiersonnier.

18 -1°. Une dépêche de Jean nous annonce l’arrivée de Jacqueline, tout va bien. Me voila donc arrière Gd père, j’en bénis le ciel.

19 Jeudi. Lettre de Cécile racontant le séjour d’Yvonne à la clinique où après 2 h de présence, l’enfant ne venant pas, le docteur va le chercher et ramène Jacqueline qui est laide, a des cheveux mais bien bâtie dit la grand-mère. Yvonne a été très courageuse et n’a pas trop souffert grâce aux piqures qu’on fait maintenant. Poids 3kg 100. Berthe T écrivant à son cousin Jean à Salins lui dit : Auguste du Verne est mort et ce pauvre Bessé aussi. Il lit René et répondant à une lettre de Guillaume, il s’apitoie sur mes fins dernières et énumère toutes mes qualités. Sa sœur Suzanne envoie ses condoléances attristées à Marcelle à Marcelle qui ne m’en dit rien de toute la journée, craignant que je n’en sois affecté, à grand tort car j’ai bien ri.

20 Enterrement de Madame Franck Bernard, il y a foule. Roger de Soultrait dîne avec nous. Après dîner le Cel d’Assigny vient faire son bridge. Il a été remercié au Paris Centre des modestes fonctions qu’il y remplissait, coût 6 000 F de rente en moins.

21 Nous allons à Tâches. RDN.

22 Nous avons à déjeuner les Soultrait, Medrano et les Angénieur venus pour le concours qui est raté parce que seuls les chevaux et la volaille sont exposés, pas de bovins à cause de la cocote. Goûter chez Mme de Chalvron.

23 Avec mes filles je vais à Clamour. Mon vieux contemporain est dans un triste état, sa vessie lui cause des désagréments. Au retour trois tables de bridge chez Béchard.
24 J’achète du riz et du tourteau de maïs pour engraisser les poulettes que les domaines me donnent toujours très maigres.

25 Miette prend au cours Pigier des leçons de sténographie et d’Anglais. Visite chez Geneviève Tiersonnier qui est fort bien installée dans l’hôtel Trochereau anciennement Provost de La Croix. Elle a deux jolis portraits peints par Girodet. Pour les servir Auguste et Mélanie et un jardinier.

26 Marcelle va à St-Parize pour l’enterrement de Madame Fleury, métayère. Elle me rapporte de mauvaises nouvelles de mes cheptels : deux vaches avortées, 3 veaux crevés. Après dîner elle assiste salle Vauban avec Augustin à une réunion du PSF où il y a peu d’enthousiasme. A Nevers on est mou.

27 Geneviève Clayeux se rendant à Auxerre déjeune avec nous. Sa belle fille qui l’a amenée va passer la journée à Mont Givre chez les Salvert où elle a gelé.
28 Avec le Cel d’Assigny je vais voir à la Croix d’or cinq magnifiques étalons Ardennais importés par le Dr. Gaulier maire de Nevers. Ils sont beaucoup plus puissants que ceux de notre race noire et contrairement à ceux-ci, ils sont rouans ou cape de mort.

29 Tempête. Messe anniversaire pour le Cdt Dezautière. Les Riberolles m’emmènent à la Belouze où nous retrouvons Madame de Sansal et les enfants Talabot.

30 Tempête. Dimanche. Allons à Tâches, je ne suis pas étonné de trouver la grange de Callot avec une vingtaine de tuiles par terre, aussi je commande des volets pour les fenêtres afin d’arrêter les grands vents. Joachim ne va pas fort. Mes enfants goûtent chez les Ch. Tiersonnier.

31 Pluie. Goûter à La Charnaye. A 8h20 du soir, Cécile nous arrive pour quelques jours. Elle nous raconte longuement les couches d’Yvonne et parle beaucoup du ménage du Vais providence des Valence. La mère de Jean est venue la remplacer à Colmar.

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