29.10.10

SEPTEMBRE 1927

2. Antoinette Jourdier avec Paul et Guillaume déjeunent avec nous. Ce dernier quitte momentanément l’usine Renault pour se reposer, il en a besoin. Avec eux nous avons les Louis de La Brosse et Marguerite. Armand de Montrichard prend une tasse de thé avec eux et fait un poker.

Depuis huit jours il fait beau.

3. Augustin arrive par Saint-Pierre où Edith va le chercher.

Pluie le soir et une partie de la nuit.

4. Pluie. Ouverture de la chasse. Il pleut une partie de la journée. A cinq heures je sors avec mes petites chiennes et Augustin qui manque trois lapins, j’en tue un.

5. Goûter d’enfants à la maison, Madame Talabot avec quatre filles, Madame de Montrichard avec Gaby, Mesdames de Faverges et de Vannoise sans enfants, Zizi Delamalle avec tous les siens, Madame Le Sueur avec Paulette. Heureusement il faisait beau et l’on a pu courir dans le jardin. Augustin rapporte deux perdrix, et dit qu’il en a peu vu autour de Callot. Visite à deux heures de Madame de Grincour et de Marie.

6. Marcelle va inutilement à Varry chercher une femme de chambre. Dans l’après-midi avec mes trois filles nous faisons une visite à Dornes où presque toute la famille est réunie. Dédé avec ses trois enfants, Nano a été reçue au bachot. Les Gaspard sont sur leur départ, ils ont un bel enfant et en attendent prochainement un autre. Laurent est parti hier pour Mecknès, aux chars d’assaut, il sera sous les ordres de Louis Clayeux. A sept heures du soir comme on allait sonner le dîner arrive en visite Madame Louis de Savigny.

9. Pluie. Pendant que les Riberolles et Cécile vont passer la journée à Maumigny, Marcelle et moi nous allons goûter à Cheugny où il y a nombreuse assistance et gâteaux excellents. Comme toujours, et c’est l’habitude idiote, on arrive très tard, autant de pris sur la partie de Bridge mais c’est plus chic. Il n’y a que les vieilles bêtes de mon espèce qui voudraient arriver à l’heure.

10. Les Riberolles me conduisent à Nevers pour la foire où les bovins se vendent fort mal, la viande ne baisse cependant pas chez le boucher, mais à Paris la consommation baisse parce que les ouvriers travaillent moins et on sent de la gêne un peu partout.

11. Pluie. Madame de Lépinière nous fait part de la naissance de Monique Guillemain d’Echon, arrivée un peu plus tôt qu’on ne l’attendait. Sa tante Suzanne qui devait soigner la mère et l’enfant est partie il y a deux jours en auto pour pèlerinage à Lourdes. Marcelle, Hervé et Miss May s’embarquent à huit heures du soir à Nevers pour le même pèlerinage, que comme les autres années notre Saint Evêque conduit aux pieds de la bienheureuse Bernadette d’abord et ensuite auprès de la grotte. Les pèlerins sont au nombre de six cent cinquante, il y en a dix de Saint-Parize, dont un malade, le jeune Berthier, boiteux de naissance. Daigne la Sainte Vierge prendre ces voyageurs sous sa sainte garde, et leur accorder une ample moisson de grâces, pour eux et leurs familles.

12. Pluie. Cécile nous conduit Edith et moi, faire visite au Veuillin. Nous y trouvons Marie-Thérèse toujours bien triste et bien déprimée. Je fais la connaissance de sa belle-fille, elle parait petite dans cet intérieur de géants, cause peu, et sa simplicité est grande. Retour par Nevers, compliments aux Guillemain et condoléances à Madame de Mollins qui a perdu sa mère. Suzanne Magnard âgée de trente-six ans est fiancée au Baron Pierre de Rouville, veuf en premières noces de Mademoiselle de Drouas, grâce au fard qu’elle se met sur les joues elle est fraîche comme une rose, malgré cela il faut un certain courage pour l’épouser, car grâce aux quarante cigarettes qu’elle brûle chaque jour, elle a contracté le tremblement des fumeurs, en dehors de cela femme charmante et remarquablement intelligente.

14. Mes filles me quittent pour aller faire aux Gouttes et aux Fougis leur visite annuelle. Dédette a passé une mauvaise nuit, son malaise doit venir d’une dent, au moment de monter dans la conduite intérieure de sa tante ça allait mieux.

Machine à battre aux Petites Granges, l’avoine rend bien, si la trop grande quantité de pluie est gênante ailleurs, sur les Craies elle est un bienfait.

Madame de La Motte et sa sœur viennent faire une visite après le départ de mes filles.

15. Pluie diluvienne, la machine ne peut battre à Callot. Les prés sont à blanc d’eau.

Le jeune du Part est reçu aux Mines et à Polytechnique. S’il ne brille pas par la taille il brille au moins par l’intelligence.

17. Par un temps gris on peut finir de battre à callot. Mes trois pèlerins me reviennent enchantés de leur voyage. Malheureusement Fafa de Soultrait n’a pas pu les accompagner, elle est restée à Lourdes, aux prises avec une angine.

Anne de Champeaux après sept ans de repos, met au monde une fille à la clinique du Docteur Rollin à Nevers.

18. Pluie. Hervé et Miss May nous quittent pour les Gouttes. Ils sont remplacés par le Colonel d’Assigny appelé dans notre commune pour y parler de la Drac dont il est le représentant à Nevers. Il nous fait dans l’école libre une conférence écoutée par cent vingt personnes des deux sexes, les hommes représentent l’Union Catholique et les dames, la Ligue Patriotique des Française, tous l’écoutent avec attention. Montrichard qui introduit l’orateur le fait d’une façon beaucoup trop longue et peu intéressante. Nous reconduisons à Mars au train de cinq heures cet excellent Frédéric qui a l’air fort satisfait de l’effet qu’il a produit.

19. Nous avons la visite des habitants de Buy, y compris George qui est là en passant, il ressemble à un chilien, et a beaucoup engraissé, ce qui prouve que le métier de marchand de vins ne le fatigue pas. Ils ont assisté la semaine dernière à une grande fête donnée aux Guérands, pour les dix-sept ans de la jeune fille, commencée à neuf heures du soir, elle ne s’est terminée qu’à deux heures du matin. Cent cinquante à cent quatre vingt personnes. Rien ne manquait. Jazz venu de Clermont, champagne du Marquis de Foucault, pâtés chaud-froid, monceaux de petits fours, électricité posée partout pour vingt-quatre heures, etc. On me dit qu’Amable a beaucoup fait danser Mademoiselle Picard de Grandchamp, aurait-il des prétentions sur cette très riche héritière.

20. Temps superbe et chaud, j’en profite pour monter un instant sur les craies avec mon fusil, j’y tue deux perdreaux qui seront probablement les seuls de l’année. Au retour je trouve les Charles Tiersonnier avec lesquels nous faisons un petit Bridge.

21. Temps magnifique, très chaud.

22. Pluie. Foire de Saint-Pierre, c’est le marasme rien ne se vend, les châtrons ont baissé de trois cent francs depuis un mois, personne n’y comprend rien. Marguerite et Félix déjeunent avec nous.

23. Nicole de Barrau met au monde une quatrième fille, ce doit être le marasme.

24. Pluie. Cécile et Yvonne nous reviennent des Fougis. Visite de Geneviève Tiersonnier.

25. Pluie. C’est à devenir enragé.

26. Pluie. Mes enfants déjeunent chez Marguerite et goûtent à la Garenne, cependant que je peins portes et fenêtres de la Garderie.

27. Pluie. Geneviève de Buzonnière avec ses enfants et Yves de Chomereau déjeunent avec nous. A quatre heures les Tiersonnier, les Chavanne, Madame Houdaille et les gens de Buy, y compris les Maurice, se joignent à eux et l’on monte quatre tables de Bridge, c’est tout ce qu’il y a dans la maison.

28. Je reçois une lettre de Denyse Boignes qui nous invite à assister Dimanche aux Vespres qui seront chantées très solennellement dans l’église Saint-Aré de Decize en l’honneur du Bienheureux Desprez de Roche qui fut guillotiné en 1799 pour ne pas avoir voulu prêter serment. Il est un peu notre cousin, sa famille étant alliée aux Noury. Ce prêtre martyr est une gloire pour la Nièvre et pour nous. Aline, Geneviève et Simone déjeunent avec nous et pendant que les deux premières mettent le cap sur les Gouttes, Marcelle conduit Simone à Nevers où elle s’embarque pour Corvel l’Orgueilleux.

29. Nous dînons à Buy d’où nous ne partons qu’à onze heures. Le Bridge a beaucoup d’attrait dans la maison et Henri qui dans le temps se couchait à huit heures et demie veille maintenant avec plaisir.

30. Pluie. Mon bon curé ne déjeune pas avec nous comme il le devait, il a pris une médecine.

2 commentaires:

H2R a dit…

C'est amusant de penser qu'aujourd'hui nous faisons la même chose avec les volets de la garderie.

H2R a dit…

Le bienheureux Gabriel Desprez de Roche est un des Bienheureux Martyrs des Carmes, il n'a pas été guillotiné mais fut abattu d'un coup de sabre, et achevé à coups de crosse de fusil.