2. Pluie. A Nevers Félix nous donne un excellent déjeuner à Marguerite, Marcelle et à moi, (foie de veau roulé dans de la rouelle). Si son Alexandrine n’en fait souvent qu’à sa tête, cette fois son idée a été bonne. Je souscris une petite somme pour la ligue anticommuniste et je réponds au Commandant Bouchacourt son président pour lui indiquer Louis Bouille comme organisateur dans le canton et la ville de Saint-Pierre, me trouvant trop vieux pour assumer semblable mission.
Cécile s’installe aujourd’hui à Saint-Cast, Côtes-du-Nord, Ville Emeraude, s’il y fait aussi froid qu’ici, elle y aura de l’agrément.
3. Henri et Torre viennent faire un bridge, ils ont la chance de rencontrer ici Auguste et Guillaume du Verne avec lesquels ils peuvent se mesurer.
Les du Verne restent à dîner.
4. René et Aline nous arrivent pour cinq jours, et amènent un soleil radieux. Berthe nous fait une visite avec Madame de Chassey qui séjourne à la Grâce pendant que l’on enlève l’appendicite à son gendre Phulpin.
5. René me conduit au Chamont, où son fermier Sothy ne récrimine pas trop contre l’application de la loi sur les baux ruraux, qui fait passer son fermage du simple au triple. A cinq heures et demie nous faisons une visite à Buy. Temps splendide, on rentre les foins.
6. Clayeux emmène à Buy mon curé et Tante Laure qui sont les cousins de son fermier. Mes métayers finissent leurs foins, il n’est que temps car à six heures du soir un coup de vent terrible précède un orage et des torrents de pluie. Le champ d’avoine d’hiver de la Brolle est couché, comme si le rouleau avait passé dessus.
7. Pluie. Marguerite et Félix viennent par l’autobus et repartent à cinq heures par le train.
8. Pluie trop abondante. Les vieux Clayeux retournent aux Gouttes après déjeuner. Je paye mon boucher qui consent à me baisser la viande de cinquante centimes bien que je la vende deux francs de moins par Kilo qu’il y a neuf mois.
Le ruisseau du pré de la Joie coule comme en hiver.
9. La pluie s’arrête à deux heures. Marcelle en profite pour aller faire une visite à Fontallier.
10. La tempête continue.
11. Le temps se remet au beau, et nous permet de faire une agréable promenade en allant à Corbigny au mariage Guillemain-Boursier. Beaucoup de monde mais cortège peu élégant. Lunch debout dans la maison familiale, toutes les pièces sont occupées, même la cour des poules. Au retour nous passons par les étangs de Vaux, que Marcelle ne connaissait pas. Nous n’avons pas crevé et nous aurions pu nous passer de Philippe Moine que j’avais emmené, en cas de panne. + treize francs de déjeuner vingt-cinq francs de journée.
12. Déjeunons à la Grâce avec l’ancien stagiaire de Beauchamps qui faisant son temps militaire, a obtenu une permission de moisson de vingt jours, la passe dans les poulaillers, où sa présence est très utile, le poulailler chef étant malade.
13. Hervé a deux prix et deux accessits, son collège a beaucoup de succès pour le baccalauréat, seize présentés, quatorze reçus.
14. Beau temps pour fêter la République. En son honneur, Henri vient faire un bridge, c’est notre seule façon de nous associer au gouvernement qui nous dégoute.
15. Bridge ici. Solange Houdaille nous amène Madame de Mollins, Andrieu et le Colonel d’Assigny. Les Charles T. amènent leur stagiaire Beauchamp. Viennent ensuite les Servois, Geneviève Tiersonnier, et les Guillaume du Verne ferment la marche comme d’habitude. Ont manqué les Boignes et Paul Tiersonnier.
16. Pluie. Nous partons Marcelle et moi à neuf heures et demie direction Decize, Luzy, Magny où les Angenieur nous reçoivent très gentiment et nous font faire en grand le tour du propriétaire, sans oublier les poulaillers et le toit à cochon. Le château est du goût lyonnais, seul un escalier édifié après coup à du caractère, le mobilier est criard. A cinq heures nous mettons le cap sur le Creusot et à six heures au delà nous rendons visite au ménage Mazau qui doit venir en octobre occuper ma garderie, la femme est très paysanne, et ne parait pas très maline, l’adjudant est mieux, et fera bien je l’espère dans les fonctions que je veux lui donner. A six heures et demie nous arrivons au Pignon Blanc que malheureusement Magdeleine a quitté la veille pour aller chez sa fille Darré qui n’a qu’une bonne de seize ans pour l’aider à s’occuper de ses six enfants et faire le ménage. Ces Italiens passent l’hiver à Milan et l’été dans leur propriété située près de cette ville. Le général et ses filles nous accueillent fort aimablement et, après dîner, les petites entraînent Marcelle à Autun où des acteurs de la Comédie-Française donnent le Bourgeois Gentilhomme, dans le théâtre romain, c'est-à-dire en plein air. Elles ne rentrent qu’à une heure et demie du matin. Dimanche messe à Brion. Après déjeuner nous nous dirigeons sur le château du Foing, dont nos amis d’Anglejan viennent d’hériter, c’est une fort belle propriété, beaux et bons domaines au pied du Beuvray, parc superbe, arbres variés dont le sommet touche aux nuages. Mobilier élégant, pas mal de vieux meubles dans le grand salon, portrait d’une grand-mère peint par Van Loo, qui malheureusement ne va peut être pas y rester, un frère du Baron demandant à ce qu’il soit partagé, et comme il vaut une grosse somme, on ne pourra peut-être pas le garder.
A quatre heures et demie nous arrivons à Decize pour y visiter l’exposition canine du griffon nivernais, dont Raoul d’Anchald est le président et Roger de La Brosse la cheville ouvrière. Soixante dix chiens sont exposés sous les magnifiques platanes de la place. Un orchestre composé de sept sonneurs de trompe venus de Paris, tout de rouge habillés, fait entendre les plus joyeuses fanfares. Joseph Boignes invite tous ses amis à venir goûter à Brains, nous y trouvons les Brezé, Jumillhac, d’Espeuille, les vieux d’Arbigny avec leur plus jeune ménage, Madame n’est pas belle mais fort aimable, les Certaines, les Paul Tiersonnier, Aubergy, Anginieur, les vieux de Laplanche. Le parc de Brains est une splendeur, nous admirons tout particulièrement les bassins couverts de nénuphars multicolores. A sept heures nous arrivions à Tâches après une journée bien remplie et sans avoir crevé.
19. Marcelle conduit à la gare Solange du Part que nous avions amené hier et qui part pour Clermont où elle passera une quinzaine avec Reine chez le Docteur Fourniol, c’est une jolie et agréable personne, espérons qu’elle tapera dans l’œil d’un aimable Auvergnat. Geneviève et Antoine revenant de Villette et retournant aux Fougis, goûtent en passant ici. Mes métayers coupent leurs avoines d’hiver, c’est en retard, mais à la Chasseigne et dans beaucoup d’autres domaines on est encore dans les foins.
20. Déjeunons à Nevers chez Marguerite, goûtons chez Félix et manquons ici la visite des gens de Buy venus pour nous inviter à déjeuner samedi avec les Grincour. Impossible d’accepter, car ce jour là nous aurons les Villeneuve qui se rendent aux courses de Moulins. Les Tollu me font part des fiançailles de leur fille Edmée avec Monsieur Guy Constantin.
22. Visite au Colombier. Geneviève donne à Marcelle un bouquet de pois fleurs, elle cherche un journal pour les emballer et ne trouve que l’Action Française, elle recule épouvantée pensant que pareille feuille peut tomber dans des mains aussi infidèles que les nôtres. Tout de même nos consciences doivent être moins bourrelées de remords que la sienne. Bridge à la Grâce avec les Servois, Phulpin, Dubois et G. du Verne.
23. Pluie. Les G. de Villeneuve se rendant aux courses à Moulins déjeunent avec nous, et se régalent avec un canard rôti de l’élevage de Marcelle.
24. Berthe emmène Marcelle à Millay où elle doit fonder la Ligue, elle y fait une remarquable conférence en parlant d’abondance, devant une centaine de femmes, sous la présidence de Marie-Thérèse Anginieur qui leur offre à déjeuner, Madame Pierre de Laplanche honorait la réunion de sa présence.
25. Philippe Moine après m’avoir remplacé cinq lames de ressort cassées gauche avant, me conduit à la Barre où mon vieil ami Trompette m’a convié à déjeuner, il est au régime et mange plus de légumes que de gigot, mais il a encore sept personnes à la cuisine, ce temps de vie chère ne l’effraye pas. Je reviens par Buy où je ne trouve que Madame Chanier, ses enfants goûtent à Saint Loges, c’est un moyen de penser un peu moins à la mort de la tante Boucaumont qui s’est éteinte hier dans son 95ème printemps.
26. Mouche de Montrichard meurt à Lyon, où elle vivait comme disait sont père, à l’ombre de son couvent, c’est à cette même ombre qu’elle est enterrée.
Félix passe la journée avec nous, il apporte à Marcelle un superbe bouquet d’œillets produit de son jardin.
Les Villeneuve retournant des Fougis à Villette font un Bridge en passant avec les M.M. de Buy qui arrivent en même temps qu’eux. Naturellement c’est Henri qui perd.
27. Un quart d’heure de pluie. Déjeuner à Nevers avec Marguerite des Ecots et les du Verne chez ma sœur.
La moissonneuse de Libault me lève en un jour et demi la récolte des Petites Granges, qui comme d’habitude est pauvre. Dans ces terres là on devrait se contenter de semer du seigle, et encore là où l’on fume.
28. Pluie. Foire plutôt en hausse pour les jeunes bovins, cela tient à ce que maintenant et depuis peu l’exportation est permise. Petits cochons très chers.
29. 29. Pluie. Cela devient terrible pour faire la moisson, et aussi pour terminer les foins, qui sont fort en retard dans certains domaines comme à la Chassaigne. G. de Montrichard dit que c’est plus avantageux car on coupe foins et regains en même temps. Visite de condoléances à la Chasseigne, la comtesse n’a pas une mine bien brillante en revanche je trouve Armand en superbe état.
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