30.10.10

OCTOBRE 1927

1. Mes filles déjeunent au Colombier où le journal Action Française est étalé sur la table du salon, Geneviève brave le courroux du Saint Père. Yvonne reste pour me tenir compagnie, et aussi pour m’accompagner à la chasse, cette chère petite est un vrai disciple de Saint Hubert.

Pommes de terre, j’en récolte 800,0 dans la Varenne et 400,0 dans le jardin, ma provision est assurée à moins qu’elles ne pourrissent ce qui est fréquent par cette année plus qu’humide.

2. Nous assistons à Decize aux Vespres chantées pour le bienheureux Gabriel Desprez de Roche, très beau sermon du Père Miel, chants superbes, trois évêques. Après la cérémonie religieuse, goûter à Brain où sont réunis une grande partie des parents du glorieux martyr, Noury, Pinet, Toytot, Tiersonnier, etc. Retour peu agréable, nos phares ne marchent pas, nous n’avons pour nous éclairer qu’une lanterne de bicyclette. Enfin grâce à Saint Christophe nous rentrons sans encombre.

3. Berthe et Marcelle font des visites aux curés de Mars, Langeron et Livry pour y fonder la ligue et prennent date pour des conférences en novembre. Pendant ce temps, déguisé en plâtrier, je blanchis la maison de mon garde et je peins portes et fenêtres.

4. Les Maurice Robert viennent très gentiment faire un Bridge de cinq à sept. Henri est à Angers où il est allé faire le lit du Tone qui rentre ce mois ci à l’école, où il le reconduira dans quelques jours.

5. Avec Marcelle nous poussons jusqu’au Rond de Bord pour y trouver la Vènerie Grincour, personne au rendez-vous, les sangliers sont, croit-on, aux Epinières, l’auto de M. Crotat m’y transporte et là l’équipage arrive, il est mieux homogène, les chiens ont pris du sang et de l’œil, ils sont plus frais que le patron, qui n’en peut mais, il est vrai que Mathilde est toujours jeune et sémillante. On foule pendant deux heures dans Feuilloux et le Crt Moine, pour n’y lancer qu’un renard.

6. Bridge à la Grâce avec les Buy et les Phulpin.

7. Geneviève Tiersonnier déjeune avec nous, avec elle nous voulions avoir les Lépinière et Guillaume du Verne qui n’ont pas pu venir de même que Gaspard de Soultrait mon contemporain. On enterre aujourd’hui Madame de Champeaux, mère de Bernard.

8. Foire de Nevers, c’est la débâcle, particulièrement pour les bovins. Déjeunons chez Marguerite avec Antoinette Jourdier et Guillaume, ce dernier rentre chez Renault après un congé de trois mois. Laissons notre batterie d’accus chez Rivaillon. On me dit que Favier fermier au Mou a acheté le domaine du Coudray quatre-vingt hectares environ pour la modeste somme de sept cent mille francs. Jusqu’à cette année il nous payait sept cent francs de fermage, il faisait certainement de meilleurs affaires que son propriétaire. Quand la maison de la rue de l’Oratoire sera à vendre il s’en rendra probablement acquéreur car il lui faudra bien un logement en ville. Il est vrai que jusqu’à présent contrairement à beaucoup de ses semblables il est d’une grande simplicité.

9. Fête de Jeanne d’Arc à Saint-Pierre, nous allons aux Vespres, je n’ai jamais vu autant de monde, nous entendons un magistral sermon de l’archevêque de Rouen Monseigneur de La Villerabel. Quatre évêques et un nombreux clergé honorent cette réunion de leur présence. Le doyen me fait mettre dans le banc d’œuvre. Dans la foule je trouve Madeleine de Pazzis, venue de Bruxelles, je ne dirai pas tout exprès.

10. Déjeuner succulent à Fri-cottage avec les Charles du Verne, d’Anchald, Ganay. Visite à Fontallier et à Buy. Henry est à Paris avec Tone, afin de faire voir le salon de l’auto à ce dernier.

12. Mariage de Suzanne Magnard avec le Baron Pierre de Rouville, très jolie cortège dans le parc de Fondevaux par un soleil radieux. La mariée est très à son avantage grâce aux artifices colorants les joues et les lèvres. Robes et dentelles superbes. Le chanoine Bond prononce un fort beau discours me dit-on car avec soixante-dix ou quatre-vingt personnes je n’ai pas pu pénétrer dans la chapelle, trop petite pour contenir toute l’assistance. Lunch assis dans toutes les pièces du rez de chaussée, le Clos-tour de Varzy et le Champagne coulaient à flots, et j’ai vu de petites jeunes filles qui sifflaient une coupe aussi vite qu’un jeune homme dans une figure de cotillon. Au retour nous passons par Fourchambault pour y prendre une femme de chambre, Marie-Louise Creach, dix-huit ans.

13. Foire primée de chevaux à Saint-Pierre-le-Moûtier, la qualité est médiocre et les affaires assez lentes. J’en ramène deux poulains mâles sans que personne ne me les ait demandés. Là comme ailleurs il y a du relâchement. Je trouve à Tâches MM de Pardieu et de Goy qui déjeunent avec nous ainsi que notre bon curé qui a la joie après midi de tuer sur la pelouze que son bon chien Cartouche a fait sortir d’un massif. A quatre heures les gens de Buy viennent faire un Bridge.

14. Comme distraction je peins les portes de la Garderie par un temps superbe. En huit jours le puits a baissé de deux mètres.

15. Les Faverges, Paule et Alice déjeunent avec nous, et avec Henri nous tuons six lapins dans l’après midi.

16. Geneviève et Antoine Clayeux nous font une petite visite en rentrant de Paris en auto. Ma nièce a acheté au salon une Citroën B14 pour vingt quatre mille francs ; son garagiste lui reprend sa vieille Renault pour onze mille francs.

18. Les Maurice Robert déjeunent avec nous ainsi que ma sœur. A trois heures les Tiersonnier et Chavanne arrivent pour faire un Bridge. Avant cela Maurice me conduit à Sornay où j’achète un jeune bélier Southdow à Gouzin qui a monté une bergerie très pure.

19. Déjeunons à Dornes avec les habitants de la Grâce et les Chavanne.

22. Très aimablement, Marguerite Pinet nous fait déjeuner avec les Toytot, nous dégustons un gigot sauce béarnaise qui comme le reste du repas est très à point. Concours d’automne, les fleurs sont moins belles que les années précédentes et les Charolais moins nombreux, les chevaux en revanche le sont davantage et je vois que l’on continue à primer en tête ceux qui sont le plus gros, ce n’est pas mon avis j’aime mieux le sang que la viande. Pluie à torrents au retour si bien qu’en arrivant j’étais dans un bain de siège. Nous perdons notre femme de chambre qui convenait cependant, mais elle s’ennuyait trop.

23. Notre excellent curé qui ne pense qu’au bien des âmes nous fait commencer une mission qui doit durer trois semaines, le prédicateur qu’il a fait venir pour la prêcher parle bien, mais un peu longuement à mon sens qui est celui d’un mauvais chrétien. A la grande messe il y avait pas mal de monde, à la réunion du soir qui était à six heures, onze hommes seulement.

25. Visite au Veuillin où nous trouvons Marie-Thérèse encore bien triste et dolente. Dîner à Nevers chez les Pardieu et après représentation de la Drac au Ciné-Parc.

26. Temps idéal, les Buy dînent avec nous et Bridgent jusqu’à onze heures, Henri en perd le sommeil, lui qui se couchait habituellement à neuf heures.

27. Foire de Saint-Pierre, c’est la débâcle sur les bovins qui perdent de huit cent francs à mille francs sur les cours d’il y a trois mois, j’avais trois veaux mâles dont je n’ai trouvé qu’un prix dérisoire. Cochons gras six francs quatre-vingt à sept francs, les nourrains huit francs le kilo. Thé Bridge chez Madame Le Sueur, avec les Thonier, les Buy, les Jean Olivier et le jeune ménage de La Vayssière. Madame est belle femme mais n’a pas l’air de causer beaucoup.

28. Modeste Bridge à la Grâce avec les Maurice Lunyt, ils ont une fille Paule qui est ravissante. Au retour, nous assistons à six heures et demie à l’exercice de la mission.

29. Les Guillaume du Verne déjeunent avec nous et ensuite chasse aux bassets (huit lapins, un lièvre).

30. Les Buy en nous apportant une épaule d’un chevreuil dont ils ont tué la paire dans leurs bois des Vertus que Maurice a acheté aux Donjon de Saint-Martin en même temps que Biere, restent faire un Bridge.

31. Taille de cheveux.

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