1 A 7 h du soir, j’entends frapper. C’est Marie Thérèse Guillemain qui étant venu voir les Minard pensait mettre son vélo dans l’autobus et rentrer à Nevers comme cela. Malheureusement, il ne marche pas le lundi, alors elle est venue nous demander à dîner et nous l’avons gardée à coucher. Très agréablement, nous avons gibernéavec elle.
2 Marie Thérèse et Marcelle partent de bonne heure pour la ville. L’une offre à déjeuner à l’autre. J’achète un bon veau à Le Sueur pour Calot pour 7 100 F.
3 A 7 h du soir, nous voyons arriver Augustin débarquant de la gare de Mars. Parti de Bulhon, hier avec Hervé à bicyclette, ils prennent à Maringues un car qui les conduit à Vichy, où ils remontent à cheval, direction St Géraud de Vaux où ils déjeunent. Ils goutent et couchent aux Gouttes, partent le lendemain à 2 heures pour Moulins où ils prennent le train, Augustin pour Mars et Hervé pour Nevers où il va retrouver sa femme. Il paraît qu’Edmond souffre assez sérieusement de névralgies.
4 Cheveux coupés par Mr Thierry. Marcelle accompagnée des Le Sueur, part à Chevenon au mariage Martimprey du Part. Le temps est un peu froid, mais superbe. Naturellement, Antoine arrive un peu avant 11 h, deux minutes avant Monseigneur, qui bénit l’union et fait un très beau discours. Nombreuse assistance dont toute la famille Bardin côtoyant les Damas, Montrichard, Nadaillac, Gindre etc. Lunch au château mi partie assis et debout dans 4 pièces. Fermiers et tenanciers es 2 familles déjeunaient dans l’orangerie. Un traiteur de Bourges était venu faire la cuisine. Guillaume du Verne avait rempli la camionnette d’Aïn Kala qui amène son vin à découvert de nombreux invités endimanchés, cela ressemblait à une mascarade de Mardi gras. Quant aux habitants du Colombier, ils étaient venus dans un autobus de ville d’eau. Gérard de Martinprey était là avec sa fiancée. A 6 h Hervé nous arrive à bicyclette et à 6 h ½ Simone et Hubert par le car. Il est superbe, grand pour son âge me dit-on et l’air malin, sa mère énorme, mais très en beauté. Hervé a deux furoncles sur la figure qui ne l’empêchent pas de dîner.
5 Le Colonel de Lécluse meurt à Nevers à l’âge de 85 ans, on l’enterre le 8 à Pazy près Corbigny. Mrg Chatelux meurt à Lyon où il s’était retiré près de Fourvière et on l’enterre aujourd’hui dans la cathédrale de Nevers. L’assistance est très grande. Hervé grimpé en haut de mon échelle double à 6 mètres 50 de haut pour couper une grosse branche d’orme, tombe en même temps que la branche sans rien se casser heureusement, seule l’échelle est en deux morceaux. Robet demandé ne trouve qu’un coup peu grave au ventre et ordonne un repos étendu pendant deux ou trois jours. Je profite du passage du docteur pour faire prendre ma tension qui est normale 17 et le cœur est bon, mais je dois continuer la digitaline et l’iodalose.
6 Augustin va à Nevers, il donne de l’eau bénite au Colonel de Lécluse, passe chez le notaire et le pharmacien.
7 Dimanche. Je conduis Simone à la messe avec mon âne. Hervé va bien. Antoine de Sansal déjeune avec nous. Maigre menu, notre boucher n’a pas la moindre viande. On se rabat sur un morceau de salé. Il fait un vent du Nord glacial. Nous nous régalons avec des chocolats envoyés de la Mse de Sévigné par G de Rouville.
8 Augustin va à Nevers voir le notaire et déjeuner chez les Sansal. Marcelle montre à Hervé nos limites de bois y compris le Ravin. Ils rencontrent Couturier qui était venu pour chasser le sanglier et qui a tué un renard.
9 Mardi gras. Beau soleil. Glace le matin. Poule au riz.
10 Je vais recevoir les Cendres. Augustin va à Nevers à bicyclette pour se faire arracher une dent chez Magdinier.
11 Hervé va à Nevers, où il achète une remorque pour sa bicyclette chez Morizot pour mille francs. Visite des Antoine Robert et de Marie Thérèse. Suzanne Le Sueur vient goûter. Téléphone de Cécile qui nous dit que le 7 le bombardement Anglo américain sur Rennes a été terrible. Près de 300 morts dans le quartier de la gare.
12 Augustin nous quitte, il a hâte de retourner à Bulhon, une lettre de Miette lui annonçant deux mauvaises nouvelles. Le jardinier est malade et une de leurs vaches Bretonnes a dû être abattue. Dédette après avoir subi une petite opération dans une clinique est en convalescence chez les Léotard. Marcelle et Hervé vont faire une visite à Gy au père Barillet qui est assez fatigué.
13 Marcelle va à Nevers assister à une messe de quarantaine pour Geneviève de Maumigny., déjeuner chez les Mollins et trouver à 2 h ½ madame Clech 42 rue de l’Oratoire pour lui louer le 1er étage de notre maison, Marie Antoinette du Verne ayant retenu le rez-de-chaussée pour ses œuvres.
14 Dimanche. Je conduis Simone à la messe que je ne peux pas lire, on m’a pris les lunettes que je laisse habituellement dans le banc de fabrique pour cet usage.
15 Marcelle et Hervé vont visiter nos bois de St Ouen, où les coupes de 40 et 41 ne sont pas encore terminées et dans celle de cette année il n’y a que deux vieux ouvriers. Ils reviennent par chez les du Part qui attendent les jeunes mariés demain. Il fait nuit depuis une heure quand ils rentrent pour dîner. Je me fâche contre ma chère fille qui adore les promenades après le coucher du soleil. Lettre de Roger qui tue des quantités de sangliers et qui se plaint de la grande sécheresse. Il attend sans enthousiasme son 5 éme petit fils. Bien des gens me demandent des nouvelles de Cécile après le bombardement de Rennes.
16 J’oublie mon rosaire, Marcelle aussi.
17 Hervé va se faire couper les cheveux à Magny. Il en revient avec une coupe nouvelle mode, comme un pelé. Nous lui rions au nez en nous moquant de lui. Visite du ménage Chleq, qui vient nous demander à louer le 1er étage de notre maison de Nevers, rendez-vous est pris pour le 24 pour examiner sur place les réparations qu’ils demandent.
18 Aux Champs blonds, Chassagnon paye la corde de cimiot à Camille Moquera 120 F et la vend prise au bois 300 F (2 stères 33). Richard et Michel la mènent à Nevers pour 350, ce qui fait 650 F plus l’octroi. (mention marginale : bois) A 6 h du soir, une dépêche nous annonce la mort du Général du Part.
19 St Joseph. Je m’approche de la Sainte Table. Il y a peu de monde à la messe, qui du reste est célébrée avec une grande simplicité et sans enfant de chœur. Visite de Paulette qui parle avec volubilité. Toujours la fâcheuse sécheresse. Tournée du contrôleur dans les greniers poulaillers et clapiers pour vérifier les déclarations de chacun.
20 Marcelle emmène Hervé visiter les domaines d’Azy. Chez Renaud tout va bien, il a 16 veaux. Chez Bringault, il y a 8 vaches qui sont vides, mais on leur offre à goûter et on leur donne une belle miche de pain blanc et de la farine à rapporter. J’ai la visite de Jean Guillemain. Anne de Rouville nous arrive pour dîner et passer 48 h. Le chien Farino n’étant en rien bon pour signaler le passage des intrus, je le noie dans l’étang. Lettre de Dédette qui tient compagnie à Madame de Léotard qui n’a aucune nouvelle de son mari emmené il y a une dizaine de jours par la Gestapo avec son chef, le colonel de La Roque dans une destination inconnue d’elle. Hervé a reçu d’Aix une proposition pour entrer dans la D.C.A. Il ne sait que répondre.
21 Dimanche. Je conduis Simone à la messe. Ma Normande met son premier veau au monde. Il est énorme. Je suis tout triste, tant de choses contribuent à assombrir l’avenir, cette horrible guerre qui ne veut pas finir, le brave Maréchal critiqué par bien des gens, le désaccord entre amis, les uns sont pour les Anglo américains, les autres contre, les communistes qui relèvent la tête, les difficultés que j’ai à faire ma déclaration d’impôts sur le revenu pour remplir les nouveaux imprimés auxquels je ne comprends rien, la sècheresse qui règne depuis le 14 février, plus de foin sur les lassies, pas d’herbe dans les prés, les avoines ne peuvent pas naître, que vont devenir mes petits fils, pas de nouvelles de Valence, hésitation d’Hervé pour savoir s’il va répondre à l’offre qui lui est faite d’entrer dans la DCA dans l’état de sa femme qui attend prochainement un second enfant ce qui ne l’empêche pas d’aller à pied goûter à Villard manoir. Hervé va à St Ouen relever sur la matrice cadastrale les numéros de nos bois, car nous payons pour 5 hectares qui ne nous appartiennent plus, pour réclamer au contrôleur.
23 Montrichard a la complaisance de nous conduire à Nevers Simone Hervé et moi. Nous déjeunons chez Madame de Sansal. Le contrôleur des contributions veut bien me recevoir et préparer avec moi ma déclaration d’impôt sur le revenu à laquelle je ne comprends rien et j’ai vu qu’il n’y comprenait pas beaucoup plus que moi. Passé chez Adenot pour assurer deux juments poulinières pour la mise bas, coût 2 900 F. Visite à Madame de Pardieu qui est peinte comme un vieux tableau et à la toujours aimable Jeanne de Mollins qui avait chez elle Germaine de Savigny, qui m’a dit que son frère Henri prisonnier en Allemagne était assez gravement malade. J’essaie un complet chez le tailleur Bourcicot. En rentrant à Tâches je trouve les petites sœurs des pauvres avec cocher et cheval qui viennent nous demander à dîner et à coucher. Il n’y a plus d’eau dans la Loire.
24 Marcelle et Hervé partent de bonne heure, passent par Le Mou où ils sont retenus par le fermier Garnet qui leur offre un bon déjeuner. A Nevers, ils retrouvent rue de l’Oratoire Mme Chleq et Marie Antoinette pour s’entendre au sujet de la location. Il tombe 25 gouttes de pluie dans la soirée.
25 Mon jardinier achète pour 750 F un petit cochon à Calot. Il n’a rien pour le nourrir, ce sont mes faibles réserves qui vont y passer. Lettre d’Augustin qui a toute la guigne possible, il a été obligé d’abattre une vache qui n’a pas pu mettre bas, il en achète une autre qui fait veau en arrivant et qui est prise d’une pneumonie infectieuse dont elle va probablement crever. Hervé va à Nevers et commence à ranger dans la maison différentes choses dans la lingerie qui va faire le garde meubles.
26 Légère pluie. Michel met ses vaches au pré, c’est un mois trop tôt. Avec Hervé qui est beaucoup plus fort que moi, nous faisons ma déclaration d’impôt sur le revenu. C’est un casse tête dont j’aurais eu de la peine à sortir tout seul. Hervé apprend qu’il est nommé aux chantiers de la jeunesse à Pontgibaud. Gérard Clayeux est arrivé la nuit dernière aux Fougis, la série des garçons continue.
27 Pluie. Dimanche. Nous attaquons un excellent jambon préparé par Marcelle. Les Hervé lui font honneur car l’un et l’autre sont de gros appétits.
28 Avant de me coucher, j’avance ma pendule d’une heure. Hervé s’embarque à 12 h 40 à St Pierre , direction Riom et Châtelguyon pour voir ses futurs chefs, c’est ainsi que l’on nomme ceux qui commandent dans les chantiers de jeunesse et gagner ensuite Bulhon. Marcelle passe sa journée à Nevers pour ranger dans la maison. Mesdames de Mollins et Mabire viennent bien aimablement changer la poussière de place. Quant à moi, je bêche un des 4 carrés du rond.
29 Nous dînons sans lumière.
30 Les Massias et Suzanne Le Sueur viennent goûter.
31 M. Mauban me fait une visite pendant que sa femme accompagnée de 3 dames de Nevers fait une conférence aux ligueuses de St Parize et leur apprend à faire des escalopes de veau, sans viande mais avec du fromage caillé. Une cinquantaine de femmes assistaient à cette réunion qui avait été organisée par ma fille dans la salle de l’école libre.
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