16.12.10

FEVRIER 1928

1. Pluie. Grand goûter au Colombier, en l’honneur de Paul Filleul, au moment ou j’entre au vestiaire Madame Saurel en sort, elle est suivie d’un monsieur à moustache que je prends pour son mari et auquel je sers la main, ce n’était qu’un larbin, qui venait prendre mon manteau, mes filles se tordent de rire.

2. Marcelle et Edith déjeunent à la Grâce et font une visite au Veuillin.

3. Pluie.

4. Bizy me conduit à Tâches. Les naissances d’agneaux aux Petites Granges ne sont pas brillantes. Au Paturail Masle, les poulains se sont sauvés, sans que Dreux s’en soit aperçu.

5. Pluie. Cécile et Yvonne arrivent à six heures du matin par le Lyon-Nantes. Marguerite et Félix déjeunent avec nous, et le soir Bridge chez ma sœur avec les Reynier, Saurel et Delecluze.

6. Goûter-Bridge à la maison, invités G. Tiersonnier et Paul Filleul, la Grâce, Talabot, de Maumigny, Comte, Bouquillard, de Pardieu, de Noblet, Guillemain d’Echon, de Bourcier, et les joueurs habituels. Quatre tables.

7. Bridge chez Marguerite Pinet.

8. Par un temps très printanier et un beau soleil, nous partons en deux voitures, mes filles, mes trois petites filles, Augustin et moi, pour Cosnes d’Allier assister au mariage d’Antoine Clayeux. Les Riant ont bien fait les choses, rien ne cloche, le cortège est superbe, il est précédé des deux petites Jourdier qui se donnent la main, la mariée est ravissante, sa robe a une traine de trois mètres faite de magnifique dentelles, me dit-on. Le service d’honneur est fait par quatre jeunes filles tout de bleu habillées. Yvonne a le dernier des Davaux de Chambord comme garçon d’honneur. C’est le Chanoine de La Chaise, revêtu de son camail rouge, qui donne la bénédiction nuptiale, il a l’air d’un cardinal. Le curé de Thionne dit la messe. Chants et violons se font entendre. Le lunch servit par Cagnat de Moulins réunit trois cent personnes, les vieilles gens dont je fais partie occupent la salle à manger du château, les mariés et d’autres jeunes sont dans une autre pièce, une énorme tente offre asile à tout ce qui reste d’invités, qui déjeunent debout. Les appareils de photographie croquent en passant les nombreux groupes qui se promènent tête nue dans le parc tellement le temps est doux. L’exposition de très nombreux cadeaux attire beaucoup de monde au premier étage. Cent quatre autos étaient rangées sous les arbres. Somme toute, réunion des plus selects parmi laquelle le Duc de Guise était représenté par le Comte de Montlaur qui avait daigné honorer de sa présence cette jolie fête.

9. Excellent goûter chez Madame de Boursier ; quatre tables de Bridge. Cécile et Yvonne retournent à Rennes.

10. Pluie. Goûter excellent à la Belouze, beaucoup de monde, huit tables de jeux. Comme Marcelle est enrhumée, nous emmenons à sa place Monsieur de Noblet, gendre Pardieu.

11. Pluie. D’un commun accord avec mes enfants, nous décidons de mettre en vente la Grange Quarteau, c’est un domaine qui ne peut pas s’affermer très cher, mais qui grâce à sa situation doit pouvoir se vendre avantageusement, car il est à cheval sur une grande route, à quatre kilomètres de Nevers et entouré de maisons. Nous chargeons le notaire Gallicher de réaliser cette vente. Foire à Nevers, peu d’entrain dans les transactions.

12. Pluie.

13. Pluie. Je garde la chambre étant enrhumé.

15. Grosse crue de la Loire. Mes enfants vont déjeuner chez Félix et goûter au Chazeau, sans moi.

16. Nous vendons avantageusement la Grange Quarteau à M. Gros qui n’est cependant pas juif. Ce domaine qui rapporte peu et coûte cher d’entretien pourra se détailler facilement à cause de sa proximité de Nevers et des petites propriétés qui l’entourent. Mes locataires, avec l’équipage Gozard, tuent trois sangliers aux Epinières et m’apportent un beau cuissot.

17. Goûter à la maison, cinq tables de Bridge occupées par les Marcy, Villaines, Mollins, Pozzis, Faverges, du Verne, Pinet, Barrau, Leddet, etc.

18. Les Edmond Clayeux viennent de Moulins passer la journée avec nous.

Dédette est larmoyante et a la fièvre. La nuit elle devient toute rouge. C’est la rougeole dit le Docteur Comte.

19. Je me traine jusque chez les d’Anglejean, mon rhume me coupe les jambes, je vieillis vite quoiqu’en disent mes filles. Hervé qui est en vacances de jours gras et en superbe état va au Clos avec son père, voir jouer une comédie.

Bridge chez les Toytot, trois tables.

20. Marcelle, Hervé et moi allons à Tâches, je trouve ma métayère Mangote en mauvais train, et Mazan avec un abcès à l’anus que le Docteur vient d’ouvrir.

Dédette va mieux.

Bridge Delecluze.

21. Mardi Gras. Grand goûter à la Baratte. Hervé retourne à Riom et Dédette va mieux.

22. Il gèle à trois degrés et c’est sous un brouillard opaque que l’on va recevoir les cendres.

23. Trois degré. Froid. Augustin me conduit à la foire de Saint-Pierre où les cours ne sont pas brillants. Je vends quelques génisses et je ramène des châtrons qui ne sont pas demandés, seuls les bœufs partent facilement.

Nous refusons un goûter à Poiseux à cause du carême.

Augustin part pour Bulhon, où il a des ennuis avec ses métayers et ses domestiques.

Le mercredi des cendres, Béatrice de La Brosse met au monde une seconde fille à Vauban.

24. A neuf heures du soir, Dédette pique quarante degrés de fièvre sans aucune raison dit le Docteur. Les nuits sont bonnes.

25. Bridge à la maison, deux tables. Les Charles Tiersonnier déjeunent avec nous.

Marcelle accompagnée du Colonel d’Assigny va voir jouer Gringoire par la troupe Guillemain, Boursier, Suzanne du Verne, etc. Il parait que c’était bien. Je me dispense d’y aller me sentant encore tout patraque, décidément je vieillis vite.

26. Le Comte de Bouillé meurt en son château de Villars abreuvé d’amertume, sa maison qui était la première du pays du vivant de ses parents, en est devenue la dernière, depuis plusieurs années, grâce à la tenue honteuse de ses enfants et la complicité très coupable de leur mère. Quant à lui, s’il était sourd, il n’était pas aveugle et il aurait pu chasser de son salon les garçons de ferme qui y venaient faire danser ses filles au grand scandale de tous les gens du pays.

Marcelle me dépose à Tâches en allant à Saint-Parize où elle réunit les jeunes filles de la commune et celles de Mars et de Magny au nombre de trente-cinq pour entendre une conférence de Mademoiselle Yvonne Bouille qui obtient un plein succès.

29. Pierre de Barrau prend une année aujourd’hui.

Des cambrioleurs tentent sans succès de pénétrer dans la maison de notre voisine Zanote qui est à Arcachon avec son fils malade. La porte résista à la pesée du levier.

Goûter qui n’est pas de Carême et quatre tables de Bridge chez Madame Leddet.

Après dîner nous allons, Edith et moi, faire une partie chez le Colonel d’Assigny qui a invité les Guillaume du Verne à manger un succulent poisson.

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